Le tribunal correctionnel de Paris rend aujourd’hui sa décision dans l’affaire des assistants parlementaires du RN. Marine Le Pen risque une peine d’inéligibilité. Sera-t-elle condamnée à ce qu’elle appelle « une mort politique »?

Ce lundi 31 mars, Marine Le Pen connaîtra enfin le verdict du tribunal correctionnel de Paris dans l’affaire des assistants parlementaires du Rassemblement national (ancien Front national) au Parlement européen. Cette décision pourrait avoir des conséquences majeures sur son avenir politique, notamment sur sa capacité à se présenter à l’élection présidentielle de 2027.
Une accusation de détournement systématique
L’affaire, qui couvre la période 2004-2016, concerne ce que les procureurs ont qualifié de « système inédit » mis en place par le parti d’extrême droite. Selon l’accusation, le RN aurait utilisé les enveloppes de 21 000 euros mensuels destinées à rémunérer des assistants parlementaires européens pour employer des personnes travaillant en réalité pour le parti, dans le but de « soulager ses finances ».
Lors des réquisitions à l’automne dernier, le parquet a dépeint un « système organisé » de « contrats artificiels » permettant au parti de « faire des économies ». Pour les procureurs, Marine Le Pen a été « à la manœuvre » de ce détournement de fonds publics.
Les différents choix du tribunal
Le tribunal pourrait ne pas suivre les réquisitions du parquet et prononcer une relaxe, bien que cette issue soit peu probable selon de nombreux observateurs. Autre possibilité plus réaliste : une condamnation sans la peine d’inéligibilité demandée par l’accusation, ce qui permettrait à la députée du Pas-de-Calais de se présenter sans entrave aux prochaines élections.
Enfin, si le tribunal suit les réquisitions et condamne Marine Le Pen à une peine d’inéligibilité, mais sans en ordonner l’exécution provisoire, la leader d’extrême droite bénéficierait d’un sursis. En faisant appel, elle verrait sa peine suspendue jusqu’au jugement définitif, lui permettant ainsi de participer à la présidentielle de 2027.
Le coup de bambou
Le scénario le plus défavorable pour Marine Le Pen serait que le tribunal ordonne l’exécution provisoire de la peine d’inéligibilité. Dans ce cas, même un appel ne suspendrait pas cette mesure, l’empêchant de se présenter à toute élection pendant la durée fixée. Elle conserverait son mandat de députée actuel, mais ne pourrait pas se représenter en cas de législatives anticipées ni briguer la présidence en 2027 – ce qu’elle a qualifié de « peine de mort politique ».
Des incertitudes demeurent toutefois : la durée de l’inéligibilité pourrait être réduite par rapport aux cinq ans requis, et un procès en appel avant 2027 pourrait changer la donne.
Des réquisitions sévères
Pour rappel, le parquet a requis contre Marine Le Pen cinq ans de prison dont deux ans ferme aménageables, cinq ans d’inéligibilité et 300 000 euros d’amende. Ces réquisitions concernent également les 24 autres prévenus dans cette affaire.
Depuis le début de la procédure, Marine Le Pen se déclare innocente et affirme être victime d’une machination politique orchestrée par le Parlement européen.
L’édito de Jules Torres : «Marine Le Pen inéligible : un coup d’État des juges ?» pic.twitter.com/2K9qcWw5ZD
— CNEWS (@CNEWS) March 30, 2025
Rendre Marine Le Pen inéligible reviendrait à priver les Français de leur candidate favorite à la présidentielle.
Le procès en cours est clairement politisé. Il y a volonté de « se taper le RN ». #CàVous pic.twitter.com/wYAu2bgpAi
— Laurent Jacobelli Ⓜ️ (@ljacobelli) March 28, 2025
Présidentielle 2027. Sondage pour le JDD Marine Le Pen serait en tête au 1er tour avec 37 % alors que demain elle pourrait être déclarée inéligible.
Qu’on soit pour ou contre MLP un constat s’impose : Le pouvoir des juges a remplacé la démocratie comme récemment en Roumanie.— François Couilbault (@FCOUILBAULT1) March 30, 2025