L’élection est-elle pliée, comme l’annoncent les sondages et les observateurs de la vie politique depuis des mois ? Pas encore. Il reste 17 jours avant le premier tour et un mois avant le second.
Finalement, cette campagne électorale pour la présidentielle de 2022 aura été littéralement écrasée par la guerre en Ukraine et le rôle de médiateur que s’est donné le président-candidat dans cette funeste affaire. Les douze candidats en lice dans la course à l’Élysée sont quasiment inaudibles, leur voix étant couverte par le bruit des bombes à 2.000 kilomètres de là, et la crainte d’une pénurie de gaz, de pétrole et de matières premières russes. Mais, quoi qu’il en soit, on votera les 10 et 24 avril 2022 pour élire un nouveau président (e).
Macron en baisse, Le Pen en hausse
Si l’on en croit les sondages (mais faut-il les croire ?), le président-candidat fait la course en tête depuis le début. Il est donné à 30% des intentions de vote, voire plus, au premier tour. Et il serait réélu dans tous les cas de figure au second tour avec un score plus ou moins flatteur selon le candidat (e) arrivé en seconde position.
Derrière lui, le peloton est très étiré. Marine Le Pen (RN) arrive en deuxième position, entre 17 et 20% des intentions de vote selon les époques et selon les sondages. Elle devrait donc disputer le second tour, comme en 2017, avec le président sortant.
Un sondage Opinion Way pour Les Echos publié mercredi 23 mars lui fait gagner 3 points en une semaine et 5 points en six semaines. Elle distance donc Valérie Pécresse, à 11% et Eric Zemmour à 9% dans cette consultation Opinion Way. En troisième position, Jean-Luc Mélenchon progresse sensiblement et se classe en troisième position, avec 14% des intentions de vote. Mais le sondeur note une baisse du président-candidat qui perd 2 points à 28% désormais.
Derrière ce peloton plus ou moins bien regroupé, Yannick Jadot est à 6% et les autres font des scores insignifiants.
Les dommages collatéraux
A priori, si les sondages ne se trompent pas, nous aurons au second tour un duel Macron/Le Pen comme en 2017. Pourtant, la situation est plus compliquée.
D’abord parce que la guerre russo-ukrainienne impacte fortement notre pouvoir d’achat. Le prix exorbitant du carburant, du gaz, de la farine, des voitures, des engrais, etc. inquiète les Français, quel que soit leur niveau de vie. Le pouvoir d’achat des ménages se réduit sans cesse. Et la crainte d’une crise majeure n’est pas à exclure dans les semaines qui viennent. Le président Macron l’a même annoncé en ces termes : « Le pire est à venir ».
Ensuite, parce que le quinquennat qui vient de s’écouler a fracturé encore plus la société française. L’affaire des Gilets jaunes et la manière forte de mater les manifestations a laissé des traces indélébiles qui ne sont pas favorables au président-candidat Macron.
L’affaire McKinsey
Il y eut ensuite la gestion calamiteuse de la crise sanitaire par cabinets privés interposés, comme McKinsey. Un scandale où l’on a vu les lobbies (notamment américains) prendre le pas sur les décideurs et les fonctionnaires des grandes administrations.
Ajoutons quelques phrases assassines à l’endroit des non vaccinés, genre « Je vais les emmerder » et l’on a une idée plus juste de l’arrogance de Macron.
Dans ce contexte, on voit mal Emmanuel Macron à 28 ou 30% au premier tour. Sauf, évidemment, si les Français sont tellement désabusés après deux années d’épreuves, qu’ils n’iront même pas voter. Le risque d’une abstention record est une nouvelle fois l’un des enjeux de ce scrutin.