Selon trois économistes, le premier tour de scrutin en France, le 15 mars 2020, aurait provoqué « des milliers de morts ! »
Trois chercheurs en économie du CNRS de l’université de Clermont-Auvergne viennent de publier une étude explosive (ci-dessous) dans la revue scientifique allemande IZA (Institute of Labor Economics soit en français : l’Institut d’Economie du Travail) sur le premier tour des élections municipales en France. Simone Bertoli, Lucas Guichard et Francesca Marchetta y démontrent que l’organisation du scrutin en pleine évolution de l’épidémie de Covid-19 est directement à l’origine de plusieurs milliers de morts. Combien ? L’étude ne donne pas de chiffres mais le magazine Marianne qui cite l’un des trois auteurs, révèle que « si les Français s’étaient déplacés en 2020 comme ils l’avaient fait en 2014, près de 5.000 morts supplémentaires auraient été comptabilisés (le travail porte sur un territoire totalisant 62% de la population et sur lequel on dénombre 24.000 décès).
Abstention sans précédent
Les chercheurs rappellent le contexte : « Le président Emmanuel Macron a fait un discours le 12 mars, décrivant l’épidémie comme « la plus grande crise sanitaire du siècle » pour le pays, mais annonçant également le maintien des élections. Ce choix a été confirmé par le Premier ministre Edouard Philippe le 14 mars, lorsqu’il a demandé à la population de rester à la maison sauf pour « acheter de la nourriture, faire un peu d’exercice physique ou voter ». Ces déclarations, certes contradictoires, ont brouillé l’efficacité du message délivré par les autorités sur la distanciation sociale et ont entraîné un niveau d’abstention sans précédent dans l’histoire (55,4 %, contre 36,5 % au premier tour des élections de 2014) ».
Pour les trois économistes signataires de l’étude, « l’introduction de mesures de distanciation sociale pour les électeurs et le personnel des bureaux de vote suggère que la décision politique controversée de ne pas reporter les élections aurait pu contribuer de manière significative à accélérer la propagation de l’épidémie. »
Ils rappellent que des élus et des scrutateurs sont décès quelques semaines après le vote, comme la presse l’a relevé. Ils notent aussi qu’« un taux de participation plus élevé est associé à un nombre de décès significativement plus élevé pour la population âgée dans les cinq semaines suivant les élections… Si le taux de participation historiquement bas de 2020 avait été au niveau de 2014, le nombre de décès aurait été supérieur de 21,8 % à celui qui a été enregistré ».
Prudence
Cette étude va sans doute relancer la polémique à deux semaines du second tour, le 28 juin 2020. En tout cas, les trois économistes mettent en garde : « les gouvernements européens [qui] devraient être prudents quant au maintien des élections locales ou nationales dans les prochains mois au cas où les épidémies de COVID-19 reprendraient de l’ampleur. »