Politique fiction. Le match Sarkozy/Hollande peut-il être rejoué en 2017 ? L’affaire Fillon rend désormais ce scénario possible.
Le Pénélope Gate rebat les cartes pour l’élection présidentielle, à droite comme à gauche. Si Fillon était mis en examen, avant le mois d’avril 2017, il ne pourrait plus se présenter. C’est lui-même qui se l’est imposé. On se souvient de son discours de Sablé-sur-Sarthe le 28 août 2016 : « Il ne sert à rien de parler d’autorité quand on n’est pas soi-même irréprochable… Imagine-t-on le général de Gaulle mis en examen (…) ? Avoir une haute idée de la politique signifie que ceux qui briguent la confiance des Français doivent en être digne. Ceux qui ne respectent pas les lois de la République ne devraient pas pouvoir se présenter devant les électeurs… Je suis candidat à l’élection présidentielle parce que je ne veux pas que mon pays soit livré aux démagogues qui ne peuvent que le conduire au désastre ».
Des paroles qui, aujourd’hui, prennent une saveur toute particulière. Cela ressemble à la fable de l’arroseur-arrosé. Mercredi 25 janvier 2017, Le Canard Enchaîné lâche une bombe à fragmentation dans la campagne électorale. Pénélope Fillon aurait perçu près de 500.000 € bruts comme attachée parlementaire de son époux. Mais aussi 100.000 € bruts de la Revue des Deux Mondes. L’ennui c’est que ces emplois sont présumés fictifs.
Séisme à droite
Le Parquet National Financier se saisit de l’affaire et ouvre une enquête préliminaire pour « détournement de fonds publics » et « abus de bien sociaux et recel ». Tout est dans le « recel ». Car si d’aventure les faits devaient être prescrits, le « recel » lui, est un délit continu. Dans la foulée, les policiers procèdent à des auditions et des perquisitions. Pour un candidat « irréprochable » c’est pas l’idéal.
François Fillon tente de désamorcer la bombe. Invité de TF1, il reconnaît avoir aussi rémunéré aussi ses enfants avocats. L’ennui, c’est que ses enfants étaient encore étudiants.
Mais il y a mieux. La presse du 29 janvier, Médiapart et le JDD notamment, révèlent que François Fillon « a perçu sept chèques à son nom tirés sur le compte HSBC de l’URS (l’Union républicaine du Sénat) », Autrement dit, il aurait « bénéficié de fonds publics détournés au Sénat…il s’est mis dans la poche une partie des crédits théoriquement réservés à la rémunération d’assistants, grâce à un système de commissions occultes. »
Dans ces conditions, on voit mal François Fillon aller jusqu’au bout. Qu’il soit mis en examen ou pas. Le séisme provoqué à droite, à deux mois de la présidentielle, risque de coûter cher au parti Les Républicains. Le seul qui pourrait avoir à la fois l’audace de rebondir sur ce tas de boue, c’est encore Nicolas Sarkozy. Un grand habitué des « affaires ».
Hollande, le retour ?
Reste la gauche. On a vu, le 22 janvier 2017 à l’occasion du premier tour de la Primaire, que les bidouillages lui étaient familier lorsqu’il s’est agi de compter le nombre de votants. Les chiffres ont tellement évolué qu’ils ne sont plus crédibles. Comme n’est plus crédible, quel qu’il soit, le vainqueur de cette consultation, ce 29 janvier.
Les haines recuites et les rancœurs cumulées entre Manuel Valls et Benoît Hamon sont telles que l’on ne voit pas les partisans de l’un soutenir le programme de l’autre.
Tous deux disqualifiés. Le parti socialiste discrédité. Mais qui pour affronter, le cas échéant, Nicolas Sarkozy ? Le locataire de l’Elysée reste en embuscade. Depuis son renoncement à participer à la primaire, le 1er décembre 2016, François Hollande est resté à l’écart des chamailleries politiciennes. Il apparaît donc comme un recours possible, en cas de défaillance de tous les autres.
Eh, oui, le match retour Sarkozy/Hollande n’est donc pas, en théorie, totalement impossible. A moins que François Hollande se déclare ouvertement en faveur de son ancien ministre de l’Economie, Emmanuel Macron. Si l’on reste dans le registre de la politique-fiction, on peut alors imaginer un duel, au deuxième tour, entre Macron et Marine Le Pen.
A moins que ce ne soit Jean-Luc Mélenchon contre Le Pen.
Le jeux reste ouvert.
Emilien Lacombe