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Nice : le ministre de l’Intérieur porte plainte

Bernard Cazeneuve porte plainte en diffamation contre la responsable du Centre de supervision urbain (CSU) de Nice qui affirme dans le JDD avoir subi des pressions pour modifier son rapport.

thumb_2995_paysage_big.JPG Nice
Le Centre de supervision urbain de Nice (Ville de Nice)

La polémique continue. Ministère de l’Intérieur contre ville de Nice. Police nationale contre police municipale sur la responsabilité de l’attentat du 14 Juillet, à Nice, qui a fait 84 morts et des centaines de blessés.
Une polémique qui ne devrait pas exister puisque toute la scène du drame a été filmée par les caméras de vidéosurveillance. La ville de Nice disposant de plus de 1.200 caméras dont 140 sur la Promenade des Anglais et six qui ont enregistré la scène funeste.
Le problème porte sur le dispositif même de sécurité puisque la police municipale avait déployé 42 agents et la police nationale 39, selon l’Intérieur. Christian Estrosi (Les Républicains) l’homme fort de Nice et président de la région PACA, accuse le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve de « mensonge d’Etat » sur les effectifs de la police nationale, ce soir-là.
La polémique s’est envenimée le 20 juillet, lorsque la sous-direction anti-terroriste de la police judiciaire (SDAT) a officiellement demandé l’effacement des images enregistrées le 14 juillet pour « éviter des fuites ». Refus de la ville de Nice (voir notre article du 22 juillet). Son avocat, Me Blanchetier explique : « Si jamais ces images étaient indisponibles, les victimes se verraient privées d’un moyen de preuve d’un éventuel manquement » des autorités en matière de sécurité. La justice doit trancher.

« Harcelée pendant une heure »

Les choses auraient pu en rester là si la responsable du Centre de supervision urbain (CSU) de Nice, Sandra Bertin, policière municipale et secrétaire générale du Syndicat autonome de la fonction publique territoriale (SAFPT) n’avait fait quelques confidences au Journal du Dimanche.
C’est elle qui était au CSU le soir du drame. Elle a donc vu ce qui se passait en direct, sur les écrans. Elle affirme que l’endroit par lequel le camion de 19 tonnes a pénétré sur la Promenade des Anglais était gardé par une seule voiture de la police municipale et non par une voiture de la police nationale. Contrairement aux affirmations du ministre qui, dans la foulée, a demandé une enquête à l’inspection générale de la police (IGPN).
La chef du CSU répond aux questions du JDD à propos de la demande d’effacement des enregistrements. Sandra Bertin explique que « le lendemain des attentats, le cabinet du ministre de l’Intérieur a envoyé un commissaire au CSU qui m’a harcelée pendant une heure » avant la mettre en relation téléphonique avec la place Beauvau.
Au téléphone, cette personne lui aurait demandé un compte rendu en précisant « les points de présence de la police municipale…et de bien préciser que l’on voyait aussi la police nationale ». Or, dit-elle « la police nationale était peut-être là mais elle ne m’est pas apparue sur les vidéos. J’ai répondu que je n’écrirais que ce que j’avais vu. »
Pour faire bonne mesure, l’interlocuteur de la place Beauvau aurait demandé à Sandra Bertin de lui adresser son rapport « en version modifiable pour ne pas tout retaper. » La chef du CSU, très en colère, a d’abord renvoyer « l’émissaire du ministère » et adressé son rapport en PDF non modifiable et en version modifiable.

Contre-vérités

Cette interview a fait du bruit place Beauvau. Au point de Bernard Cazeneuve a décidé de porter plainte pour diffamation. En effet, aucun commissaire n’a été envoyé, dit-il, au CSU puisque l’enquête est effectuée sous l’autorité du procureur de Paris. De fait, François Molins a déclaré à l’AFP que « pour les besoins de l’enquête, deux brigadiers chefs ont été dépêchés à Nice ». Information confirmée par le garde des Sceaux, Jean-Jacques Urvoas en précisant dans un communiqué que l’enquête sur l’attentat de Nice « relève exclusivement de l’autorité judiciaire. »
Le ministère de l’Intérieur souhaite que Sandra Bertin soit auditionnée par les enquêteurs afin qu’elle donne les identités et les fonctions des personnes qu’elle met en cause, les mails qu’elle évoque et leur contenu. »
Dimanche en fin d’après-midi, au cours d’une conférence de presse, Sandra Bertin a maintenu ses accusations, précié que plusieurs personnes pouvaient témoigner et s’apprêtait à déposer un « signalement » auprès du procureur de la République de Nice.
Entre Nice et la place Beauvau, le bras de fer continue.

M.G.

 

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