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Retraites : le 49-3, une énorme faute politique

C’est exactement ce qu’il ne fallait pas faire. Annoncer le recours au 49-3 au débotté, un samedi en fin d’après-midi, à l’issue d’un conseil des ministres consacré au coronavirus, est une ânerie majeure que la Macronie va payer au prix fort. Dans les urnes. Et dans la rue.

colère-49-3
colère-49-3 sur les réseaux sociaux

Une connerie. Une de plus de ce gouvernement qui choisit de prendre les députés par surprise pour faire passer son projet de réforme des retraites. Certes, tout le monde savait qu’Édouard Philippe aurait recours tôt ou tard  au 49-3, cette arme lourde destinée à supprimer tout débat et tout vote à l’Assemblée sur un projet de loi. Mais pas comme ça. Pas à la sauvette. Pas un samedi en fin d’après-midi après un conseil des ministres exceptionnel que l’on croyait consacré exclusivement à la lutte contre l’épidémie de coronavirus. Comme si le gouvernement avait honte de son projet de réforme dont tout le monde s’accorde à dire qu’il est mal pensé, mal ficelé, incomplet, qu’il représente plus une régression sociale qu’une œuvre de justice pour l’avenir.

Une lettre édifiante

Même le Premier ministre est convaincu de la vacuité de son texte si l’on en croit la lettre qu’il a adressée aux syndicats pour justifier l’utilisation du 49-3 et que publie en exclusivité le JDD. On lit : » Le texte sur lequel j’engage la responsabilité de mon gouvernement n’est en effet pas le texte initial. Il a fortement évolué, grâce au travail parlementaire et grâce aux deux derniers mois de concertation entre le Gouvernement et les partenaires sociaux. » Tiens, tiens! On comprend mieux les réticences des députés.
Le Premier ministre poursuit : « C’est donc un texte complété, enrichi, amélioré, sur lequel j’engage la responsabilité du gouvernement ». Du vrai foutage de gueule. Car le financement de cette réforme n’est toujours pas réglé. Il se discute au sein de la « Conférence de financement » dont le Premier ministre précise :  » Si, comme je le souhaite, la conférence trouve un accord sur ces sujets, le gouvernement le reprendra dans la loi. A défaut, je l’ai dit, je prendrai mes responsabilités, aussi bien en matière de retour à l’équilibre qu’en matière de pénibilité. Les Français ne comprendraient pas qu’il en aille autrement. » Traduction : cette conférence, c’était pour gagner du temps. L’âge de départ à la retraite sera de 64 ans! Basta.

Fièvre sociale

L’annonce du recours au 49-3 a provoqué un tollé dans l’opposition, de droite comme de gauche. Deux motions de censure ont été déposées. Sans risque pour le gouvernement. Mais elle a aussi provoqué la colère des syndicats et de tous ceux qui, depuis des mois, manifestent contre ce projet de réforme. Un millier de personnes s’est spontanément rassemblé devant le Palais Bourbon, samedi soir. Ils étaient nombreux aussi à manifester devant les préfectures des villes de province.
Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, a annoncé la reprise des manifestations dès la semaine prochaine. Il a été rejoint par Yves Veyrier, pour Force Ouvrière. Il y a fort à parier que nous allons assister à une poussée de fièvre sociale, qui n’a rien à voir avec le coronavirus chinois, puisque de nombreuses professions vont aller dans la rue : des avocats aux enseignants, des experts-comptables aux musiciens de l’Opéra. Le printemps sera chaud.
La Macronie n’en sera pas quitte pour autant. Le parti présidentiel doit s’attendre à subir une lourde défaite dans les urnes des 15 et 22 mars. On savait déjà que les candidats soutenus par le parti présidentiel n’osaient pas s’afficher avec le logo de LREM, tant le parti de Macron est impopulaire. On sait aujourd’hui qu’ils vont se faire laminer aux municipales.
Le recours au 49-3 dans des conditions aussi lamentables que celles auxquelles ont assiste marque le début de la fin d’un mouvement politique qui n’a que trop duré. Mais l’agonie risque d’être longue. Et douloureuse.

 

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