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Municipales à Metz : après la gauche, la droite ?

Le sénateur François Grosdidier (LR) est annoncé par les sondeurs comme étant le successeur certain de Dominique Gros (PS) à la mairie de Metz. Les jeux seraient-ils déjà faits ? Pas si vite…

Mairie de metz
Hôtel de Ville de Metz (Flickr)

Metz, ville-jardin de 116.500 habitants, est au cœur d’une agglo de 44 communes comptant 222.000 habitants. S’il est vrai que Metz-Métropole est présidée par un élu de droite, Jean-Luc Bohl (UDI), maire de Montigny-lès-Metz et premier vice-président du Conseil régional du Grand Est, la ville de Metz, elle, est dirigée depuis douze ans par un socialiste, Dominique Gros, qui ne se représente pas.
D’où les appétits des uns et des autres. Douze listes sont sur la ligne de départ. Mais quatre seulement semblent se détacher dans cette compétition électorale si l’on en croit un récent sondage IFOP-Fiducial pour le Républicain Lorrain et Mirabelle TV.

Trublion de la politique

Ce sondage place le candidat de droite, François Grosdidier, 59 ans, sénateur Les Républicains, largement en tête des intentions de vote (29%) le 15 mars prochain. Ancien maire de Woippy pendant plus de 16 ans, ancien député UMP, ancien conseiller départemental, François Grosdidier est un trublion de la vie politique. On se souvient de quelques polémiques qu’il a suscitées. Mais c’est surtout dans le domaine judiciaire que François Grosdidier s’est distingué. Condamné en 2015 dans une sombre affaire de détournement de fonds publics pour avoir utilisé illégalement un véhicule de fonction de la mairie, puis pour complicité de prise illégale d’intérêts lors du vote de subventions, il a été mis en examen, en février 2019, pour prise illégale d’intérêts et détournement de fonds publics dans une affaire d’utilisation abusive de sa réserve parlementaire. Enfin, en novembre 2019, l’association Anticor a déposé une plainte avec constitution de partie civile dans une autre affaire de détournement de fonds publics après que la Chambre des comptes a épinglé la gestion de la commune de Woippy. Mais l’ancien maire de Woippy est évidemment présumé innocent.

Boule puante

Son poursuivant s’appelle Xavier Bouvet. Ce jeune homme de 35 ans est un nouveau venu en politique. Nous lui avons consacré un article en septembre dernier. Crédité de 20% des suffrages, Xavier Bouvet a réussi à agréger sur sa liste Unis pour Metz les partis de gauche et Europe Ecologie Les Verts. Le réputé médecin urgentiste Raphaël Pitti l’a rejoint. Xavier Bouvet a aussi obtenu l’onction du maire sortant dont il fut le collaborateur à la mairie avant de prendre la direction de l’agence Inspire-Metz présidée par… Dominique Gros. Il quittera l’Agence le 30 août 2019 à la faveur d’une rupture conventionnelle lui donnant droit à une petite indemnité (2500 € bruts) et au chômage. Grâce à quoi Xavier Bouvet a créé une petite société via le dispositif ACRE (aide à la création d’entreprise).
L’ancien avocat messin Daniel Delrez voit dans cette « rupture conventionnelle » une prise illégale d’intérêts. Il a déposé plainte. Contre Bouvet mais aussi contre Dominique Gros. Le parquet a ouvert une enquête préliminaire.
Une boule puante dans cette campagne où les coups bas ne font que commencer.

Une gifle

En troisième position, Françoise Grolet (18%) tête de liste du Rassemblement national. C’est un peu moins qu’aux élections européennes de 2019 où le RN avait obtenu 20,08%. Ce qui veut dire que le parti de Marine Le Pen dispose d’un socle solide sur Metz qui peut jouer les trouble-fête au second tour. Soit en se maintenant dans le cadre d’une triangulaire ou même d’une quadrangulaire, soit en appelant à voter pour l’un ou l’autre des candidats histoire de semer la zizanie.
En quatrième position, Richard Lioger. Le député de la République en Marche était donné favori de cette compétition il y a encore un an. Aux européennes, le parti macronistes était arrivé en tête à Metz avec 24,75% des suffrages. Mais les Gilets jaunes et les opposants à la réforme des retraites sont passés par là. Les macronistes sont massivement rejetés par les Français. Lioger en fait les frais et ne totalise que 11% des intentions de vote. Une gifle.

Second tour

Les huit autres candidats sont cantonnés à faire de la figuration, toujours selon ce même sondage. Thomas Scuderi (PS local) 6%, Jean-Hugues Nyalendo (La France Insoumise) 4%, Béatrice Agamennone (Divers Centre) 3%, Jérémy Aldrin (Agir) 3%, Emmanuel Lebeau (Divers Droite) 2%, Christiane Pallez (Divers Gauche) 2%, Mario Rinaldi (Lutte Ouvrière) 1%, Christian Bemer (Divers Droite) 1%.
Si ce sondage dit vrai, tout va donc se jouer au second tour. François Grosdidier est donné vainqueur avec 36% des intentions de vote dans l’hypothèse d’une quadrangulaire Grosdidier/Bouvet/Grolet/Lioger. Il est crédité d’un score de 41% en cas de triangulaire Grosdidier/Bouvet/Grolet.
Mais il s’agit là de déductions purement arithmétiques à partir d’une image figée du corps électoral. Car le report des voix de Richard Lioger et de tous les petits candidats représente plus de 20% des suffrages. Et nul, à cette heure, ne peut préjuger de leur report sur l’un ou l’autre des candidats. Il reste quatre semaines de campagne. Et s’il est vrai que François Grosdidier fait la course en tête, son challenger n’a pas dit son dernier mot.

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