Lorsqu’il s’adressera aux Français, mardi soir à la télévision, Emmanuel Macron devra bien choisir ses mots s’il ne veut pas plonger la France dans le chaos.
Cette fin d’année 2019 est essentiellement marquée, en France, par les grèves et les manifestations contre la réforme des retraites. Un vrai bordel pour tous ceux qui doivent travailler loin de leur domicile comme pour ceux qui souhaitent prendre quelques jours de vacances pour la Noël.
On espérait une trêve pour les fêtes. Mais les annonces du Premier ministre, le 11 décembre, sur le système universel à points et l’âge d’équilibre à 64 ans, ont contribué à jeter de l’huile sur le brasier. Même les syndicats dits réformistes comme la CFDT Ou l’UNSA ont aussitôt rejoint les rangs des opposants les plus déterminés, le 17 décembre, dans les cortèges.
L’entêtement de l’exécutif sur une réforme mal ficelée, mal expliquée et sans doute très injuste contrairement à ce qui est annoncé, exaspère tout le monde. Même les danseurs de l’Opéra de Paris sont en grève ! C’est dire. Le collectif SOS Retraites « qui regroupe 16 professions de la santé, du droit, du transport aérien et du chiffre » dénonce « le dogmatisme du gouvernement et le simulacre de concertation. »
Bref, le projet de réforme des retraites fait l’unanimité contre lui.
Grévistes à bout, policiers épuisés
A quoi ressemblera le début de l’année 2020 ? Probablement à la fin de l’année 2019. Les petits arrangements d’arrière-boutique avec les policiers et les militaires, les pompiers ou les pilotes, n’ont pas permis de désamorcer la crise.
Et pourtant le temps presse. Car une nouvelle journée de grèves et de manifestations est programmée par l’intersyndicale pour le 9 janvier 2020. Une journée de tous les dangers pour le pouvoir car tout peut déraper à chaque instant. Les grévistes sont à bout. Les forces de l’ordre épuisées. Les Français excédés.
C’est dans ce contexte que, mardi soir, Emmanuel Macron adressera ses vœux aux Français. Parlera-t-il de la réforme des retraites ? Forcément. Ne pas évoquer le sujet serait perçu comme une provocation inacceptable.
Mais pour dire quoi ?
Soit le président a bien pris la mesure de la gravité de la situation et il fera des concessions de taille. Genre, suppression de l’âge d’équilibre à 64 ans cher à son Premier ministre. Plus aléatoire, il peut décider de sacrifier son Premier ministre et de reprendre le projet de réforme des retraites sur de nouvelles bases. Mais ce genre de décision ne s’annonce pas le soir de la Saint-Sylvestre.
Soit il n’a pas bien compris ce qui se passe dans le pays et, en homme politique têtu, Emmanuel Macron va faire de la phrase pour expliquer que c’est lui qui a raison, que la réforme des retraites est une bonne réforme, une mesure de justice sociale à laquelle il ne faut rien changer et blablabla… Il prendrait alors un très gros risque politique.
Mardi, le président de la République va devoir faire preuve de beaucoup de mesure et de justesse dans son propos lorsqu’il présentera ses vœux aux Français. Faute quoi il aggraverait la situation au risque de plonger le pays dans le chaos.
Allez, bonne année Monsieur le Président!