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Va-t-on se les geler en hiver ?

Point-de-vue– La sobriété énergétique prônée par nos dirigeants ne suffira pas. Les ruptures de livraison de gaz et de pétrole russe ajoutées aux pannes de la moitié de nos réacteurs nucléaires risquent d’avoir des répercussions sur notre chauffage cet hiver. Et les autres hivers…

Bernard Aubin,
Bernard Aubin,

Par Bernard Aubin

« Il y a urgence à agir, le combat ne s’arrêtera pas à l’hiver 2022-2023 », déclarait le Ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, avant de sonner la « mobilisation générale » de tout le pays. Objectif : atteindre dans deux ans « 10 % de réduction de consommation énergétique par rapport à 2019 ».

Le gouvernement prétexte qu’il s’agit d’une « première marche » pour atteindre la trajectoire de 40 % préconisée pour 2050 par les experts du climat. Mais que cache vraiment cet alibi ? Nos dirigeants se seraient-ils brusquement rendu compte de la nécessité de protéger notre planète alors que, jusqu’à présent, ils rechignaient à dépasser le cap des bonnes intentions ?

Non, la vérité est ailleurs et, l’on ne sait dans quel but, elle apparaît de plus en plus voilée. Concernant les approvisionnements en gaz, il n’aura échappé à personne que les sanctions économiques prescrites contre la Russie privent l’Union Européenne de l’une de ses principales sources d’approvisionnement.

Dégâts collatéraux

Mais pour ce qui touche à l’électricité, c’est apparemment plus compliqué. Plus de la moitié des réacteurs français sont actuellement à l’arrêt « pour des problèmes de corrosion ». Question : pourquoi les procédures de maintenance n’ont-elles pas permis d’anticiper ce genre de problème ? Silence… Un rapport parlementaire serait plus que souhaitable !

Autre point qui impacte également cette énergie : l’approvisionnement en combustible. Les dégâts collatéraux des sanctions dressées contre la Russie ne se limitent pas aux fournitures de gaz. Selon le site d’information « infodujour.fr », « environ la moitié de l’uranium naturel importé par l’Union européenne en 2020 a été acheté en Russie, ainsi qu’au Kazakhstan et en Ouzbékistan, deux pays de l’ex-Union soviétique ».

Entre réacteurs paralysés par la corrosion et risques de manque de combustibles, l’addition risque d’être salée. D’autant plus qu’en France comme ailleurs, TOUT dépend de l’électricité. Tout type de chauffage, tout d’abord, sauf pour les possesseurs de cheminées ou autres poêles autonomes.

Mais aussi tout ce qui a trait à la vie de tous les jours : eau courante, magasins, trains, banques, hôpitaux, industries, réseaux téléphoniques et l’indispensable Internet qui s’est invité au centre de nos vies. Sans électricité, tout peut s’arrêter.

Nous n’en sommes pas là, heureusement. Mais la situation semble toutefois plus grave que celle annoncée par le Gouvernement. Et sans doute serons-nous le moment venu à des sacrifices plus importants que l’extinction de l’éclairage public une partie de la nuit ou le décalage de la mise en route de nos cumulus.

Le fait de demander à la SNCF d’élaborer des plans de transports dégradés en période de tension sur l’approvisionnement révèle la véritable dimension du problème.

On risque bien d’avoir des surprises lors des premiers frimas. EDF nous promet que certains réacteurs seront réparés d’ici là. Croisons les doigts !

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