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Terrasses parisiennes (suite)

Petite polémique après la publication de notre article sur les ‘’terrasses éphémères’’ de la capitale. Les riverains de la brasserie La Placette, rue de Montenotte ont attrapé quelques boutons.

La brasserie La Placette, rue Montenotte, Paris, 17ème (DR)
La brasserie La Placette, rue Montenotte, Paris, 17ème (DR)

L’article que nous avons consacré aux terrasses parisiennes, le 29 juillet 2020, notamment au bar-brasserie La Placette, rue Montenotte (17ème) a suscité quelques réactions épidermiques de la part de certains riverains. Notamment de M. Philippe Saint Girons qui agit, dit-il, au nom « du collectif contre la Placette qui regroupe une soixantaine de riverains. » Il précise : « Ce collectif a été créé pour mettre un terme aux importantes nuisances sonores liées à une exploitation intensive de la contre terrasse jusqu’à 2 h du matin tous les jours et toute l’année, principalement comme un bar à ciel ouvert. »

Terrasses éphémères

Petit rappel. Dans l’article incriminé nous expliquions que la Ville de Paris avait autorisé les quelque 7.600 bars et brasseries de la capitale à étendre leurs terrasses sur le domaine public, de manière provisoire et gratuite, pour compenser les pertes d’exploitation dues au Covid-19. On les appelle ‘’les terrasses éphémères’’. En contre-parie, l’exploitant s’engage à respecter une charte de bonne conduite. Et notamment de fermer boutique à 22 heures.
Si la plupart des bistrotiers ont bien respecté les consignes, quelques-uns ont un peu débordé, ajoutant quelques tables de plus ici et là fermant un peu plus tard que prévu… Mais la mairie a fermé les yeux car des dizaines de milliers d’emplois sont en jeu.
A une exception près, disions-nous dans notre article : la brasserie La Placette, rue de Montenotte, dans le 17ème. Cet établissement géré par les époux Mangel depuis 2016 faisant l’objet d’un véritable harcèlement de la part des services de police. Plus de vingt procès-verbaux dans la semaine suivant la réouverture de l’établissement et jusqu’à cinq PV par jour souvent à l’heure où les clients déjeunent ou dînent… Motif : « terrasse ouverte non autorisée » ou « installation de tables et chaises constituant terrasse ».

Régularisation refusée

Or l’exploitant a effectué normalement sa déclaration de terrasse éphémère et respecte rigoureusement la charte de bonne conduite. Mais l’affaire est plus ancienne. Dès leur arrivée (2016), les époux Mangel ont transformé leur terrasse ouverte en terrasse fermée… sans attendre les autorisations municipales. Trois ans plus tard (2019) la régularisation sera refusée. Début janvier 2020, nouveau refus de régularisation de la terrasse fermée et de la contre-terrasse.
D’où les différents recours devant les juridictions compétentes.
Leur avocat Me Philippe Meilhac nous expliquait que ses « clients ont fait beaucoup d’efforts pour se mettre aux normes… Ils ont notamment retiré le store fixé au sol pour protéger la contre-terrasse et le dispositif électrique et respectent les engagements pris dans le cadre du dispositif provisoire prévu par la Ville de Paris… » . Il précisait aussi que « la contre-terrasse est retirée tous les soirs à 22 heures, il n’y a pas de nuisance sonore ».

« La plus grande terrasse Covid »

C’est à la suite de ces informations qu’un collectif de riverains du 13, rue de Montenotte, 18 et 27 de l’avenue Mac Mahon, emmenés par Philippe Saint Girons sont montés au créneau. « Avant tout, je rappelle que l’activité en terrasse doit être une annexe à l’activité principale et non l’activité principale, ce qui est le cas pour le bar la Placette depuis son ouverture » nous écrit Philippe Saint Girons. « Par ailleurs, je précise que l’établissement est petit et ne dispose pas de l’espace en cuisine suffisant pour avoir une réelle activité de brasserie. Il s’agit donc d’un bar avec une immense terrasse depuis juin 2017. »
Le contentieux entre les gérants de la brasserie et certains riverains ne date pas d’hier. « En raison d’absence d’écoute du gérant nous avons dû enclencher une procédure contre la mairie et la Préfecture de Police pour mettre un terme aux nombreuses irrégularités de cet établissement à l’origine des nuisances sonores, poursuit Philippe Saint Girons. Concernant la terrasse éphémère, je rappelle que le bar la Placette fait maintenant commerce sur toute la petite place où il dispose plus de 75 places en contre terrasses. Il s’agit sûrement d’une des plus grandes terrasses COVID de Paris. Entre 19 h et 23 h La capacité de nuisances est donc réelle. Sans compter les risques sanitaires liés à une telle concentration de clients. »
Le porte-parole du collectif ajoute : « Cet établissement s’est donc auto octroyé une terrasse et contre terrasse très importante alors que l’établissement n’a pas plus de 17 tables à l’intérieur… On est donc très loin de l’esprit de la tolérance qui est de compenser les pertes dues à la distanciation, soit un maximum de 9 tables pour la Placette, et non d’octroyer gratuitement un tel avantage concurrentiel. »
Pour Maître Meilhac, « il est regrettable qu’alors que l’exploitant a fait beaucoup de concessions et que les installations querellées ne causent pas (ou plus) de nuisances et préservent un espace suffisant pour la circulation des piétons, certains croient devoir encore « jeter de l’huile sur le feu » pour des raisons qui restent obscures… »

Nous laissons évidemment aux différentes juridictions saisies de ce dossier le soin de trancher ce litige.

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