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Les auxiliaires de vie en première ligne

La crise sanitaire actuelle montre à quel point le travail des auxiliaires de vie auprès des personnes fragiles est essentiel. Mal payées, mal considérées, elles lancent une pétition et réclament justice.

Soafara Emile et Véronique Scida, dirigeante de Louvéa Nancy, souhaitent plus de reconnaissance pour les auxiliaires de vie.

On les appelle des auxiliaires de vie. Comme si leur travail n’était qu’accessoire. Or, ces 226.000 femmes (97%) et hommes sont en première ligne, chaque jour, pour aider les personnes âgées, fragiles, dépendantes. Elles sont donc les plus exposées au coronavirus. Et pourtant, elles n’ont pas droit aux dotations de masques de protection, au gel hydroalcoolique et, surtout, à la reconnaissance, comme le personnel soignant. Quant à leur rémunération, elle est tout simplement indécente !
Une enquête (ci-dessous) intitulée « comment la crise sanitaire liée au Covid-19 bouleverse-t-elle le métier d’auxiliaire de vie ? » menée par la société Alenvi et le collectif « L’humain d’abord » montre à quel point « il est temps de revaloriser le métier d’auxiliaire et de ne plus continuer comme avant. » Cette enquête effectuée auprès de 1.100 auxiliaires nous apprend que « plus de la moitié » ne se sent pas concernée par les applaudissements du personnel médical, tous les soirs, à 20 heures. Voilà pourquoi elles ont décidé de sortir de l’ombre pour exprimer  leur mécontentement et faire à changer les choses.

Les propositions

Au cours d’une visioconférence de presse organisée par Alenvi, ce mercredi 29 avril 2020, et relayée par les Conseils départementaux, dont celui de Meurthe-et-Moselle, plusieurs auxiliaires de vie ont témoigné des difficultés qu’elles rencontrent dans l’exercice de leur métier. Soafara, par exemple, auxiliaire à la société Louvéa à Nancy-Custines, se dit choquée de n’avoir pas pu obtenir du matériel de protection.
« Trois pharmacies ont refusé de me vendre des masques, dit-elle, parce que nous ne sommes pas reconnues comme personnel soignant. Or, nous faisons un travail humanitaire et j’aime mon métier. »
Même point de vue d’Isabel (Auxiliaire à Alliance Vie) : « Au début de l’épidémie, nous avons eu des soucis pour avoir du matériel de sécurité. Maintenant, nous avons des masques mais nous manquons de gants. »
Depuis quelques semaines, 43 auxiliaires et 24 dirigeants de plusieurs structures d’aide à domicile, privées et associatives de toute la France, ont décidé de travailler ensemble pour faire 4 propositions concrètes afin de revaloriser tout de suite le métier d’auxiliaire de vie.

1. Inscription dans les répertoires nationaux des professionnels de santé;
2. Rémunération de 1500€ nets/ mois pour les auxiliaires à temps plein;
3. Un métier = une seule branche, une seule convention collective, un seul OPCO (opérateur de compétence);
4. Toutes les sociétés commerciales du secteur ESUS (Entreprise Solidaire d’Utilité Sociale) ou société à mission.

De l’argent public

« Je suis d’accord à 200% avec les revendications des auxiliaires de vie » assure Véronique Scida, dirigeante depuis 2005 du service d’aide et d’accompagnement à domicile Louvéa, à Custines (54) membre d’un réseau coopératif présent sur tout l’Hexagone. Elle gère une équipe de 35 auxiliaires de vie (parmi laquelle deux hommes) pour 230 bénéficiaires répartis sur la Métropole du Grand Nancy et le Val-de-Lorraine.
 » Je suis d’accord pour que les auxiliaires de vie aient un vrai statut d’auxiliaires de santé car, trop souvent, elles sont considérées comme des boniches par les médecins ou les infirmières. D’accord aussi pour revalorisation de leur salaire. Mais nous sommes dépendants des financements accordés aux bénéficiaires via les allocations personnalisées à l’autonomie (APA) du Conseil départemental, allocations provenant de la Caisse nationale de solidarité et d’autonomie (CNSA) créée après la canicule de 2003. Certaines caisses de retraites financent aussi des heures de ménage. Mais 95% de nos prestations sont financées par le l’argent public. »

Économie sociale et solidaire

Véronique Scida souhaiterait donc avoir les moyens de mieux payer ses salariées. Elle milite aussi pour un regroupement des branches, c’est à dire un statut unique pour toutes les professions d’aide à domicile qu’elles dépendent d’une association, d’une structure commerciale ou privée. « Les structure commerciales devraient intégrer l’économie sociale et solidaire (ESUS ou Sociétés de Mission) » dit-elle.
Il est vrai que le « marché » de l’aide à domicile est particulièrement important. Pour la seule Meurthe-et-Moselle, 8.800 personnes touchent l’APA domicile du Département, il y a 3.000 allocations de prestation de compensation handicap (PCH). Il faut préciser qu’il y a dans le département 22% de personnes de 75 ans et plus qui ont bénéficié de 1.840.000 heures de prestations pour APA et 550.000 heures au titre de la PCH (chiffres de 2015).
Avec le vieillissement de la population, ce « marché » de l’économie sociale et solidaire est en pleine expansion. Nos sociétés ont et auront de plus en plus besoin de faire appel à ces femmes et à ses hommes dont on ne dira jamais assez à quel point leur rôle est précieux et indispensable. Il est temps de leur rendre justice.

 L’impact du Covid-19 sur le métier d’auxiliaire de vie

aides à domicile (change.org)
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