Christian Eckert, ancien secrétaire d’État au Budget, approuve la politique du gouvernement sur la dépendance. Car, dit-il, il existe des réponses rapides et consensuelles sans créer de nouvelles recettes.
Par Christian Eckert
Peu habitué de dire du bien de ce Gouvernement, je vais m’y risquer pour une fois : le Gouvernement a raison de préparer une politique globale et cohérente sur la dépendance.
D’autres s’y sont risqués, mais ont souvent accouché de textes finalement modestes, rattrapés par l’absence de marges budgétaires ou d’autres contraintes fortes, notamment le besoin de renforcer les dépenses liées à la sécurité face au terrorisme.
Choix cornélien
Le sujet du vieillissement présente bien des aspects. Les familles se retrouvent face au choix cornélien entre le défi du maintien à domicile ou l’hébergement collectif souvent contraint. Elles pourraient être mises à contribution sur l’héritage ou bénéficier d’une prise en charge intégrale sans contrepartie. Elles pourraient être contraintes, en fonction de la capacité contributive de chacun, individuellement ou familialement, de participer aux dépenses… Autant de questions qui trouveront hors des clivages traditionnels, des réponses forgées à la lumière d’expériences personnelles de proches concernés.
Je m’en tiendrai donc à ce que je connais le moins mal : l’aspect financier. On débattra bien sûr comme toujours sur les montants à mobiliser, mais les analystes recensent des besoins qui avoisinent 10 milliards d’euros supplémentaires à horizon 2030. Pour autant, l’urgence devient palpable. Notre société ne peut continuer à laisser les siens finir leur vie dans des conditions trop souvent inhumaines.
Programme d’investissement
Pourquoi alors tergiverser et ne pas tout de suite prévoir d’utiliser les moyens qui seront disponibles à horizon 2024 : même si nos concitoyens l’ignorent le plus souvent, la fameuse dette de la Sécurité Sociale aura été effacée à cette date, voire avant.
La Caisse d’Amortissement de la Dette Sociale (la CADES) où elle a été logée, pourra disparaître et les recettes qui l’alimentaient deviendront disponibles.
Aujourd’hui, la CADES est alimentée par le produit de la CRDS (0.5% des revenus soit environ 9 milliards), par une fraction de CSG (0.6% soit autour de 7 milliards) et un versement annuel du Fonds de Réserve des Retraites (2.1 milliards d’Euros). Soit environ 18 milliards par an !
La prudence commande de ne jamais dépenser l’argent que l’on n’a pas encore. Mais les disponibilités que laissera la fin de la CADES sont largement supérieures aux besoins recensés.
Un visage humain
Il est donc possible et même souhaitable d’engager sans plus tarder des programmes d’investissement et de formation dans le secteur de la dépendance. Si nécessaire, on pourrait rallonger quelque peu la durée de vie de la CADES pour disposer démarrer immédiatement ce chantier. Pourquoi entretenir le flou sur cette possibilité et de parler d’augmenter la durée de cotisation pour obtenir le droit à la retraite sous prétexte de financer la dépendance ?
Le Gouvernement pourrait, pour une fois, faire l’unanimité sur un dossier et montrer un visage humain qu’on ne lui attribue plus guère.