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Un brin de Michel Bouquet

Disparu en avril, l’acteur se confie dans un documentaire crépusculaire, « Juste avant la nuit », et fait une apparition dans « Cérémonie secrète ».

« Une vie d’acteur, c’est une vie en trompe l’œil, c’est une vie très difficile », confie Michel Bouquet, au crépuscule.

Il a joué si souvent « Le roi se meurt » qu’un jour le roi a fini par mourir. C’était le 13 avril, Michel Bouquet avait 96 ans. On peut retrouver aujourd’hui un peu de l’immense comédien avec « Juste avant la nuit » et « Cérémonie secrète » (sorties le 1er juin). Un brin de Bouquet d’abord avec « Juste avant la nuit », un documentaire de Jean-Pierre Larcher, qui avait déjà filmé ce « monstre sacré » des planches dans « Le temps des vertiges » et « Voyage d’hiver ». « Qu’il est amer de devenir un homme », constate l’acteur dans ce film-testament, où il a prononcé ses dernières paroles.

Assis dans le fauteuil d’un hôtel au bord de la mer, de sa voix parfois presque chuchotée, monsieur Bouquet parle, du métier (« Une vie d’acteur, c’est une vie en trompe l’œil, c’est une vie très difficile »), des auteurs (« Plus ils étaient grands et plus ils étaient silencieux »), du théâtre (« Il faut aimer le travail »), des textes, de ses débuts dans « Caligula » d’Albert Camus, de Ionesco, Strindberg, Pinter, et les autres. « Il est devenu leur porte parole, le porte conscience d’un cinéma et du théâtre de l’absurde », écrit Jean-Pierre Larcher. On apprécie de retrouver sa voix, son « étrange singularité », mais on aurait préféré un simple entretien, dépouillé, un entretien sans effets (des images spatiales, un rhinocéros qui traverse un village en ruine, pour évoquer la pièce de Ionesco…).

Un vieil homme très pâle, fatigué

Lui qui sait que le choix d’être acteur « prive d’une vie normale » ne fait qu’une apparition dans le film de Tatiana Becquet Genel, « Cérémonie secrète », inspiré du film de Joseph Losey. Sa « participation » consiste en un tout petit rôle, celui d’un ancien procureur, un vieil homme très pâle, fatigué, « le plus vieux » des amis de la maîtresse de maison d’une grande demeure entourée d’un parc. Un château qui pourrait être de conte de fées, mais qui est plutôt le lieu d’un drame.

Mère et fille y sont fâchées, la bourgeoise rétrograde, méprisante envers les pauvres, dédaigne sa jeune châtelaine devenue avocate. Celle-ci a pris la défense d’une demoiselle, meurtrière d’un homme sur une plage, une pauvresse qui rêvait de la vie de château et se suicide en prison. L’avocate avait bien plus que de l’empathie pour sa cliente, objet de ses fantasmes. Le film hésite ainsi entre une esthétique de films érotiques des années 70, un récit à l’ambiance nocturne et musique angoissante, et un discours sur la lutte des classes bien peu convaincant.

Patrick TARDIT

« Juste avant la nuit », un documentaire de Jean-Pierre Larcher, et « Cérémonie secrète », un film de Tatiana Becquet Genel (sorties le 1er juin).

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