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« Seize Printemps » et la vie devant elle

Le premier film joué et réalisé par Suzanne Lindon est une jolie chronique d’adolescence, chic et stylée, mais hors du temps.

Le titre pourrait faire croire qu’il évoque la jeunesse d’aujourd’hui, mais il ne raconte que l’histoire d’une jeune fille en particulier.

Suzanne Lindon avait quinze ans lorsqu’elle a écrit le scénario de son premier film, « Seize Printemps » (sortie le 16 juin), dix-neuf lorsqu’elle l’a joué et réalisé, et à peine vingt lorsqu’il a reçu le label Cannes 2020. Cette très jeune cinéaste, fille de Sandrine Kiberlain et Vincent Lindon, interprète le rôle principal, une jeune demoiselle qui a encore une affiche de « Bambi » dans sa chambre, boit encore du diabolo-grenadine, et a une vie tranquille entre ses parents plutôt cools, sa sœur, le copain de sa sœur, les copines du lycée, et un tout petit peu les garçons, pas le genre à traîner dans les boums.

C’est une grande fille un peu timide, un peu gauche, qui traîne son grand sac fourre-tout, porte jean et chemisier blanc, et a quelque chose de Charlotte Gainsbourg gamine, en moins « effrontée ». Dans son quartier, celui du Théâtre de l’Atelier, à Paris, elle repère un beau gosse au scooter rouge en panne ; elle le recherche, se rapproche, le rencontre, c’est un comédien (incarné par Arnaud Valois, vu dans « 120 battements par minute »), plus âgé, il a 35 ans, dont elle va tomber amoureuse, forcément. « J’m’ennuie », lui confie l’adolescente, 16 ans, qui s’ennuie au lycée, s’ennuie avec les gens de son âge, s’ennuie dans sa vie. Pas mieux pour lui, qui s’ennuie aussi, dans sa vie, sur scène, ou aux répétitions où le metteur-en-scène lui demande de faire un arbre.

« Seize Printemps » est une chronique d’adolescence avec ce qu’il faut de fraîcheur, d’innocence, de charme, et de mélancolie. Avec de jolies séquences chorégraphiées (façon Pina Bausch), des chansons de Christophe (« Senorita », « Les Marionnettes », « La dolce vita), une bande originale signée Vincent Delerm, c’est un objet chic et stylé, tourné « avec le soutien de la Maison Chanel », mais complètement et volontairement hors du temps. Le titre pourrait faire croire qu’il évoque la jeunesse d’aujourd’hui, lorsqu’on a seize ans en France ; mais il ne raconte guère que l’histoire d’une jeune fille en particulier, « une jeune fille qui n’a pas de problème », Parisienne, du côté de Montmartre.

Aussi mémorables soient-ils les tubes de Christophe sont quand même d’un autre âge, et feront plaisir aux « vieux » spectateurs qui iront voir cette œuvre de jeunesse dans les salles art-et-essai. Suzanne Lindon a désormais « Seize Printemps » passés, et toute la vie devant elle.

Patrick TARDIT

« Seize Printemps », un film réalisé par Suzanne Lindon (sortie le 16 juin).

Dans son film, Suzanne Lindon incarne une adolescente qui s’amourache d’un comédien rencontré dans son quartier (incarné par Arnaud Valois).
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