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« Silvio et les autres », la farce berlusconienne

Avec excès et fulgurance, Paolo Sorrentino évoque le « triste et pathétique » politicien italien.

Cheveux, talonnettes, allure... l'acteur Toni Servillo a pris toute la panoplie de Berlusconi.
Cheveux, talonnettes, allure… l’acteur Toni Servillo a pris toute la panoplie de Berlusconi.

Une villa en Sardaigne plombée par la chaleur et le soleil, un mouton entre dans le salon, reste à fixer la télé avant de tomber raide, terrassé par la clim. C’est une scène comme seul le cinéaste Paolo Sorrentino peut les imaginer. Une scène qui ouvre son film « Silvio et les autres » (« Loro », sortie le 31 octobre). Silvio, c’est bien sûr Berlusconi, et les autres peut-être tous ces moutons qui ont regardé ses vulgaires chaînes de télé jusqu’à en tomber raide.

L’acteur Toni Servillo, qui s’était déjà glissé dans la peau du politicien Giulio Andreotti pour « Il Divo » (Prix du Jury à Cannes), enfile cette fois la panoplie du Cavaliere, la coiffure, les talonnettes, l’allure… C’est à peine une caricature du plus grand vendeur de rêve d’Italie, un bouffon, l’incarnation d’une certaine italianité. Le long film (2H30) de Sorrentino est une expression de la farce berlusconienne, avec tous ses attributs, cynisme, affairisme, combines, sexe, drogue…

Des séquences étincelantes de fêtes bling-bling

Le cinéaste italien montre un vieil homme qui, à 70 ans, « vit comme un riche retraité », et dont l’épouse, lassée par l’écart de trop avec une bimbo mineure, demande enfin le divorce dans une scène de ménage qui tient du règlement de comptes. L’ancien premier ministre, qui veut diriger le pays comme ses entreprises, pense quand même revenir au pouvoir, surtout s’il suffit pour cela de « convaincre » une poignée de députés.

Pendant ce temps, un jeune arriviste (joué par Riccardo Scamarcio) voit les choses en grand, et s’imagine faire autre chose que truquer un vulgaire marché de cantines scolaires grâce à des filles et de la coke. Pour l’approcher « lui », Silvio, il organise une grande fête dans une villa juste en face de la demeure berlusconienne, comptant bien attirer son attention grâce à une armée de bombes italiennes, belles filles qui dansent dans des tenues mini.

Comme dans « La Grande Bellezza » (Oscar du meilleur film étranger) ou la série « The Young Pope » (avec Jude Law en pape), Paolo Sorrentino tourne des séquences étincelantes, des fulgurances, des fêtes bling-bling, un cinéma excessif à la démesure de son « triste et pathétique » personnage. Jusqu’à ce que la terre d’Italie ne tremble et qu’une image christique ne montre la ruine du pays, une statue sortie des décombres de l’Aquila et déposée au sol par un hélicoptère.

Patrick TARDIT

« Silvio et les autres », un film de Paolo Sorrentino avec Toni Servillo (sortie le 31 octobre).

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