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La crise politique va nous coûter très cher

Le gouvernement français fait face à une série de défis économiques majeurs après la suspension de la réforme des retraites pour éviter une motion de censure du Parti socialiste. Cette manœuvre politique révèle, selon l’économiste Marc Touati, un gouvernement en état de panique qui sacrifie les réformes structurelles pour sa survie politique.

Marc Touati

Une motion de censure qui plane toujours

Bien que le gouvernement ait obtenu le soutien du PS en suspendant la réforme des retraites, la menace demeure. Avec seulement 265 voix en faveur du gouvernement contre les 289 nécessaires pour faire tomber une motion de censure, le déficit de 24 voix laisse planer l’incertitude. Une brèche suffisante pour que des rebelles du PS, de la coalition Liot ou des LR puissent faire basculer la situation.

Le coût direct et indirect de l’inaction

L’abandon de la réforme aura un coût direct estimé à 800 millions d’euros en 2026 et 1,5 milliard en 2027. Mais le véritable danger réside dans le coût indirect : cette décision érode la crédibilité budgétaire de la France aux yeux des investisseurs internationaux.

Des impôts en hausse pour tous

Contrairement aux promesses, les augmentations d’impôts annoncées concerneront tous les Français, non seulement les plus riches. Le projet de budget prévoit 14 milliards d’euros de nouvelles impositions, dont :

  • Un gel du barème de l’impôt sur le revenu et de la CSG, poussant de nouveaux contribuables à payer
  • Un remplacement de l’abattement de 10 % pour les retraités par un forfait de 2 000 €
  • La suppression de 23 niches fiscales affectant la scolarité, l’énergie solaire et les biocarburants
  • Des taxes sur les petits colis et les produits à fumer

La spirale de la croissance décroissante

Ces mesures fiscales risquent de freiner l’activité économique, réduisant ainsi l’assiette fiscale et générant finalement moins de recettes. Un principe économique fondamental : augmenter les impôts dans un pays déjà fortement taxé tue l’investissement et l’emploi.

Les dépenses publiques qui explosent

Pendant ce temps, les dépenses publiques continuent d’augmenter. Malgré des promesses de réduction, l’État annonce seulement 3 000 suppressions de postes de fonctionnaires sur 6,1 millions – une goutte d’eau. Les dépenses publiques augmenteront de 2 % en valeur en 2025, soit 0,5 % hors inflation.

En 15 ans, les dépenses publiques ont progressé de 680 % alors que le PIB n’a augmenté que de 550 %.

La charge de la dette : 1 000 milliards en 15 ans

Les frais d’intérêt sur la dette publique atteindront bientôt 100 milliards d’euros annuels. Depuis 15 ans, cette charge a coûté près de 1 000 milliards d’euros à la France, tandis que le déficit de Sécurité sociale s’élève à 22 milliards.

Un système de retraites au bord du gouffre

Le système de retraites par répartition s’effondre progressivement. Si le ratio actifs/retraités était de trois pour un dans les années 70, il est passé à 2,1 actuellement et devrait baisser à 1,3. Dans la fonction publique, le ratio dépasse déjà un retraité pour un actif.

Les bonnes nouvelles masquent une réalité sombre

Ironiquement, les marchés financiers semblent rassurés par l’absence de motion de censure : le CAC 40 flambe, les taux d’intérêt baissent, l’euro s’apprécie. Cependant, l’or continue de battre des records, ce qui montre que les investisseurs demeurent préoccupés par les risques géopolitiques et la stabilité économique.

Un appel à des changements profonds

La France se trouve dans un cercle vicieux : moins de croissance, plus de chômage, moins de naissances, plus de déficit public. Les démographes alertent d’ailleurs : le taux de natalité est maintenant passé sous le taux de mortalité en France.

Sans réformes structurelles ambitieuses et une responsabilisation des citoyens, le pays pourrait faire face à des difficultés graves. Il est temps, selon Marc Touati, de repenser complètement le modèle français.

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