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Gaza : Le plan Trump semé d’embûches

Le 29 septembre 2025, l’administration américaine a dévoilé un plan en vingt points pour résoudre la crise à Gaza. Entre espoirs de reconstruction et obstacles diplomatiques, ce projet soulève autant d’attentes que de questions.

Un plan ambitieux en vingt points

Présenté conjointement par Donald Trump et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, ce nouveau plan marque un tournant dans l’approche américaine du conflit. Au cœur de la proposition : un cessez-le-feu conditionnel accompagné d’un mécanisme d’échange d’otages israéliens contre des prisonniers palestiniens, avec une libération prévue dans un délai de 72 heures selon certaines versions.
Le plan exige le désarmement du Hamas et son retrait de toute fonction gouvernementale à Gaza. Une administration transitoire technocratique, composée d’experts palestiniens et internationaux sous surveillance internationale, prendrait le relais, excluant explicitement le Hamas de toute participation.

Reconstruction et garanties territoriales

L’initiative prévoit une reconstruction massive de Gaza, avec des investissements dans les infrastructures et l’économie. L’objectif affiché : transformer le territoire en une zone « dé-radicalisée, sans menace pour ses voisins ».
Point crucial pour apaiser les tensions régionales, le plan stipule qu’Israël ne doit ni annexer Gaza ni l’occuper de façon permanente. Aucun déplacement forcé de la population n’est prévu, marquant ainsi une rupture avec des propositions antérieures.

Un revirement notable

Cette approche contraste fortement avec celle défendue par Trump en février 2025, lorsqu’il avait suggéré que les États-Unis prennent le contrôle administratif de Gaza et proposé d’en faire une « Riviera du Moyen-Orient », avec une possible réinstallation d’une partie de la population palestinienne vers d’autres pays. Ces idées avaient suscité l’indignation des capitales arabes, notamment en Égypte et en Jordanie.

Des atouts diplomatiques réels

Le plan présente plusieurs avantages qui pourraient faciliter son acceptation internationale. La volonté affichée de compromis, l’implication d’une supervision internationale et les garanties contre l’annexion répondent à des préoccupations largement partagées par la communauté internationale. L’engagement sur la reconstruction pourrait améliorer considérablement les conditions humanitaires si les promesses sont tenues.

Des faiblesses structurelles

Malgré ces aspects encourageants, le projet se heurte à des obstacles majeurs. Hamas n’a pas officiellement accepté le plan, rendant hypothétique toute mise en œuvre du désarmement ou du retrait. Sans leur adhésion, le projet risque de rester lettre morte.
Les détails opérationnels demeurent flous : qui financera la reconstruction ? Comment éviter les détournements de fonds ? Quel sera le calendrier précis de l’administration transitoire ? Ces zones d’ombre alimentent le scepticisme.
Les questions juridiques soulèvent également des inquiétudes. Selon les modalités d’application, certains aspects du plan pourraient entrer en conflit avec le droit international, notamment concernant le désarmement forcé ou la surveillance externe.

Des réactions arabes mitigées

Les capitales arabes affichent une prudence diplomatique. Si certains dirigeants se disent prêts à « construire sur cette base », ils insistent sur des modifications substantielles, particulièrement concernant le droit inaliénable des Palestiniens à demeurer à Gaza. Les propositions antérieures de déplacement de population continuent de nourrir la méfiance.

Un soutien américano-israélien face à l’urgence

Le plan bénéficie du soutien d’Israël et des États-Unis, mais son succès dépendra de sa capacité à rallier les autres acteurs régionaux. L’urgence humanitaire à Gaza ajoute une pression temporelle : plus le plan tarde à se concrétiser, plus son impact potentiel s’amenuise.
Entre coordination logistique dans une zone dévastée, restauration de la confiance de la population palestinienne et gestion de multiples acteurs aux intérêts divergents, les défis pratiques restent colossaux. Le temps dira si cette initiative diplomatique parviendra à dépasser le stade des déclarations d’intention.

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