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Médicaments hors de prix : l’UFC-Que Choisir tire la sonnette d’alarme

Dans un récent rapport, l’UFC-Que Choisir dénonce les dérives du marché pharmaceutique, où des prix exorbitants, une opacité tarifaire et des monopoles prolongés menacent l’accès équitable aux soins et la viabilité du système de santé français.

chez une patiente soignée pour un cancer du sein. Phil and Pam/Flickr
Injection de chimiothérapie à l’hôpital chez une patiente soignée pour un cancer du sein (photo d’illustration).
Phil and Pam/Flickr

Keytruda® : un symbole des dérives pharmaceutiques

Au cœur de cette crise, un exemple criant : le Keytruda®, un anticancéreux dont le coût faramineux pèse lourdement sur les finances publiques. Avec un coût pouvant atteindre 70 000 € par patient et par an, le Keytruda® (pembrolizumab), médicament phare contre plusieurs cancers, illustre les excès du système.
En 2024, son remboursement par l’Assurance maladie a englouti plus de 2 milliards d’euros, soit 5,2 % des dépenses totales de médicaments remboursables en France. Protégé par un brevet jusqu’en 2031, ce blockbuster profite d’un monopole qui maintient des prix astronomiques, bien au-delà de ce que des analyses indépendantes estiment juste : entre 52 et 885 € par flacon, contre plus de 2 000 € actuellement.
« Nous exigeons une transparence totale sur les prix des médicaments », martèle Marie-Amandine Stevenin, présidente de l’UFC-Que Choisir. Car l’opacité règne : les remises négociées entre l’État et les laboratoires restent confidentielles, au nom du secret des affaires. Une situation jugée « inacceptable » alors que l’argent public est en jeu.

Une innovation confisquée par la finance

Derrière ces tarifs prohibitifs, l’UFC Que Choisir pointe une financiarisation galopante de l’innovation pharmaceutique. Les prix ne reflètent pas tant l’efficacité réelle des traitements que la capacité maximale des systèmes de santé à payer. Fusions-acquisitions à coups de milliards, prolongations de brevets et spéculations financières gonflent les coûts, souvent au détriment des patients. Pis, une grande partie de la recherche fondamentale, comme pour le Zolgensma® (traitement contre l’amyotrophie spinale, vendu près de 2 millions d’euros par injection), repose sur des financements publics ou associatifs, comme le CNRS ou l’AFM Téléthon. Les citoyens paient ainsi doublement : pour la recherche, puis pour des prix exorbitants.

Un système de santé sous tension

Les conséquences de ces pratiques sont dramatiques. Chaque euro dépensé pour ces médicaments hors de prix manque ailleurs, dans les hôpitaux, pour le personnel ou les équipements. En 2023, les dépenses de médicaments remboursables ont atteint 36,5 milliards d’euros. Pour absorber ces coûts, l’État comprime les budgets des génériques et biosimilaires, provoquant délocalisations et pénuries. Fin 2024, près de 400 médicaments essentiels, pour l’hypertension, l’épilepsie ou certains cancers, étaient en rupture de stock en France, mettant des vies en danger.

Des solutions pour une réforme urgente

Face à cette situation, l’UFC Que Choisir appelle à une refonte profonde du système pharmaceutique et propose des mesures concrètes :

  • Transparence totale sur les prix, les essais cliniques et les brevets.
  • Négociations européennes pour renforcer le pouvoir de négociation face aux laboratoires.
  • Évaluation indépendante de la valeur thérapeutique des médicaments.
  • Licence d’office pour casser les monopoles en cas de prix abusifs.
  • Relocalisation de la production des médicaments essentiels pour sécuriser l’approvisionnement.

« L’accès aux soins doit rester un droit universel, pas un marché au service des profits privés », conclut l’association. Une bataille pour la justice sociale et la soutenabilité du système de santé qui ne fait que commencer.

Etude Keytruda_UFC QueChoisir_Septembre2025

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