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Gaza : Nous sommes tous complices!

Encore une nuit d’apocalypse sur Gaza. Des tours entières pulvérisées, des familles ensevelies sous les décombres, des enfants arrachés à leurs tentes par le souffle des bombes. Gaza est rayée de la carte sous nos yeux. Et nous laissons faire.

Gaza brûle (Euronews)
Gaza brûle (Euronews)

Dans le vacarme des frappes israéliennes, la ville s’efface peu à peu de la carte. Gaza n’est plus une cité assiégée : c’est un champ de ruines où l’on tente, malgré tout, de survivre.

Fuir, mais où ?

Depuis plus d’une semaine, Israël a intimé aux 500 000 habitants de Gaza City de fuir, promettant une offensive terrestre « imminente ». Mais fuir où ? Les routes sont bombardées, les abris surpeuplés, les zones dites « sécurisées » frappées à leur tour.
Dans la nuit du 15 au 16 septembre, les avions israéliens ont ciblé des symboles encore debout : la tour Al-Ghafri, la tour Al-Jundi Al-Majhoul, la tour Al-Kawthar. Des immeubles effondrés, des cris sous les décombres, des nuages de fumée visibles à des kilomètres. Israël affirme que ces tours abritaient le Hamas. Mais les cadavres extraits des gravats sont ceux de civils, de femmes, d’enfants, de vieillards.
Le ministère de la Santé de Gaza dénombre au moins 34 morts et 316 blessés en 24 heures. Des chiffres déjà insoutenables, mais probablement bien en deçà de la réalité. Car les secours, eux aussi, sont bombardés.

Gaza, un cimetière à ciel ouvert

Les images qui filtrent de Gaza parlent d’elles-mêmes : des tentes éventrées par les missiles, des corps calcinés sur Al-Jalaa Street, des enfants souffrant de malnutrition à l’hôpital Nasser de Khan Younis.
Plus de 6 000 personnes ont fui Gaza City en une seule journée, s’ajoutant aux dizaines de milliers déjà déplacées. L’ONU alerte : 640 000 habitants risquent de mourir de faim d’ici à la fin du mois. Les égouts débordent, les déchets s’accumulent, l’eau potable manque. Gaza n’est plus vivable. « Une ville vieille de 5 775 ans est anéantie par un colonisateur âgé d’à-peine 77 ans » constate un observateur sur le réseau social X.

L’indifférence organisée

Pendant que les bombes s’abattent, que Tsahal avance ses chars pour détruire non plus les immeubles et ses habitants, mais la culture et l’âme de la Palestine, la diplomatie tourne en rond. À Washington, Marco Rubio réaffirme le soutien « total » des États-Unis à Israël. À Tel Aviv, on manifeste pour les otages, mais on ferme les yeux sur les massacres et les horreurs infligés par l’État hébreu.
Certes, la France s’apprête à reconnaître officiellement l’État de Palestine, le 22 septembre prochain. Un geste fort, symbolique, nécessaire. Mais pendant ce temps, à Gaza, les symboles meurent sous les gravats. Il n’y aura bientôt plus rien à reconnaître, qu’un génocide.
Même l’aide humanitaire devient un combat : seize navires de la « Flotte de la Persévérance » quittent la Tunisie pour briser le blocus. Ils seront interceptés. Comme toujours.

Sommes-nous complices ?

Oui. Car la complicité ne se mesure pas seulement aux bombes que l’on lâche, mais aussi aux silences que l’on garde, aux impuissances que l’on accepte, aux justifications que l’on répète.
Chaque enfant affamé à Gaza, chaque corps tiré des décombres, chaque camp de déplacés frappé de nuit est un miroir tendu à notre hypocrisie. Nous nous disons choqués, indignés, bouleversés. Mais nous nous contentons de regarder, puis de détourner le regard.
Gaza n’est pas seulement détruite par les bombes israéliennes. Gaza est détruite par notre indifférence. Et tant que nous accepterons cette logique de massacre, nous serons, tous, complices.
Chaque nuit, Gaza s’effondre un peu plus. Chaque jour, les bilans s’alourdissent. Depuis octobre 2023, plus de 64 000 Palestiniens ont été tués, soit plus de 10 % de la population. Des chiffres qui, ailleurs, auraient provoqué des cris d’alarme. Ici, ils se diluent dans le bruit des justifications.
Tous les pays qui livrent des armes à Israël sont complices de ce génocide du 21ᵉ siècle. Personne ne pourra dire « on ne savait pas » !

 

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