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Le télétravail des frontaliers luxembourgeois limité

Un déséquilibre flagrant dans l’accès au travail à distance pour les 230.000 frontaliers du Grand-Duché.

télétravail (Photo Jeremy Barande Flickr)
télétravail (Photo Jeremy Barande Flickr)

Selon une récente analyse de la Fondation Idea (ci-dessous), une disparité significative existe dans la pratique du télétravail au Luxembourg. Tandis que 20% des salariés résidents luxembourgeois peuvent travailler depuis leur domicile plusieurs fois par semaine, seuls 3% des travailleurs frontaliers bénéficient de cette même flexibilité.
Cette inégalité est d’autant plus frappante que la part des emplois potentiellement réalisables en télétravail s’avère similaire entre ces deux populations : 58% pour les 273.000 employés résidant au Luxembourg contre 52% pour les frontaliers français, belges et allemands.

Des obstacles administratifs et fiscaux

Daniela De Sousa Tomé, analyste à la Fondation Idea, identifie plusieurs « freins administratifs et fiscaux » qui entravent l’expansion du télétravail parmi les quelque 230.000 frontaliers employés au Grand-Duché.
Parmi ces obstacles figurent notamment la limite des 34 jours de télétravail autorisés sans déclencher d’imposition dans le pays de résidence, ainsi que l’obligation de prester au moins 50% du temps de travail (112 jours) au Luxembourg pour rester affilié à la Sécurité sociale nationale.
La charge administrative liée au suivi du télétravail des frontaliers constitue également un facteur dissuasif pour les entreprises, qui préfèrent souvent éviter cette contrainte supplémentaire.

Des disparités selon les pays frontaliers

Cette situation affecte différemment les frontaliers selon leur pays d’origine. D’après les données d’Idea, le télétravail régulier ne concerne actuellement que 4% des frontaliers allemands, 3% des Français et seulement 2% des Belges.

Un potentiel inexploité

La Fondation estime que « sans ces entraves, 7 fois plus de frontaliers pourraient télétravailler plusieurs fois par semaine », portant leur nombre de 6.800 à environ 45.000. Une telle évolution aurait des répercussions positives considérables sur la congestion routière, l’encombrement des transports en commun et l’équilibre vie professionnelle-vie privée des travailleurs concernés.

Le modèle franco-suisse comme alternative

Pour surmonter ces obstacles, Idea suggère de s’inspirer du modèle mis en place entre la France et la Suisse depuis l’été 2023. Cet accord fixe à 40% le seuil de télétravail annuel avant déclenchement d’une imposition dans l’État de résidence, tout en prévoyant une compensation financière de 40% des salaires bruts liés au télétravail.
Une proposition similaire a été soumise par Paris au ministre des Finances luxembourgeois en avril 2024, mais demeure pour l’instant sans réponse.
La crainte d’une perte de recettes fiscales pour le Luxembourg constitue vraisemblablement un frein majeur à l’évolution de la situation, les télétravailleurs figurant souvent parmi les catégories professionnelles les mieux rémunérées.

IDEA.LU-teletravail-transfrontalier

Frontaliers Grand Est et le télétravail

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