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« La Mélancolie », mélo en solitaire

Evoquant la vie conjugale, la solitude d’une femme, et un deuil impossible, le film du cinéaste japonais Takuya Kato s’écoule délicatement avec une lenteur implacable.

Après la mort de son amant, Watako (jouée par Mugi Kadowaki) est désormais seule avec ses souvenirs.

Tout à son rituel du matin dans son appartement, une jeune femme échange tout juste une phrase avec un homme invisible à l’écran. En fait, Watako (Mugi Kadowaki) l’héroïne de « Mélancolie », film du cinéaste japonais Takuya Kato (sortie le 14/08), va prendre un train où elle retrouvera son amant. Ensemble, ils sont l’un pour l’autre dans un de ces séjours en amoureux qu’ils s’octroient de temps en temps ; cette fois c’est dans un camping de luxe.

Au retour de cette échappée sentimentale, alors qu’ils prennent leur chemin chacun de leur côté, une séparation hebdomadaire, le bel amant est victime d’un accident de la circulation, presque sous les yeux de Watako, impuissante témoin du drame, incapable de réagir ni d’intervenir. C’est alors qu’elle fait ses courses au supermarché, le lendemain, que l’appel téléphonique d’une amie lui confirme la mort de l’être aimé.

Désormais seule avec ses souvenirs, estimant inconvenant d’aller à ses obsèques, Watako porte un secret trop lourd, un deuil caché, tu, et donc impossible à partager, surtout pas avec son mari. Faisant avec les autres comme si de rien n’était, il ne lui reste de cette histoire d’amour qu’une bague qu’elle égare, réserve encore une chambre à l’hôtel de leurs rendez-vous adultères, elle va alors se laisser prendre par une profonde mélancolie en solitaire.

Empêchée par la moralité japonaise

Alors qu’elle se recueille devant la tombe de son amant, Watako rencontre le père de celui-ci, pas dupe, puis sera convoquée par la jeune veuve pour un improbable entretien en tête-à-tête. Son mari, lui, semble d’abord faire de son mieux, se dépatouillant avec la garde alternée de son fils, une mère envahissante, et cette épouse au spleen silencieux. Empêchée par la moralité japonaise, qui impose discrétion, retenue et humilité, Watako finira par faire des aveux à son soupçonneux époux.

S’écoulant d’une lenteur effectivement mélancolique, le film de Takuya Kato est un mélo qui évoque le quotidien de la vie conjugale, la solitude d’une femme, la culpabilité, le deuil, la difficulté d’exprimer ses sentiments et de faire des choix de vie. Le couple marié mais brisé constatant notamment qu’on est souvent meilleurs amants que conjoints.

Patrick TARDIT

« Mélancolie », un film de Takuya Kato (sortie le 14/08).

De ses escapades secrètes avec son bel amant, il ne lui reste de cette histoire d’amour qu’une bague qu’elle égare.
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