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« Greenhouse », noir c’est noir

Thriller coréen, le film de Lee Sol-hui est une implacable tragédie, où une aide-soignante pourtant dévouée déclenche des drames malgré elle.

Un thriller d’intérieur qui ne peut mener qu’à la tragédie.

Premier long-métrage tourné par la jeune réalisatrice Lee Sol-hui, « Greenhouse » (sortie le 29 mai) vient se rajouter à la longue liste des thrillers contemporains produit par le cinéma coréen. Un thriller d’intérieur, puisqu’il se déroule en grande partie dans la maison d’un couple de personnes âgées, où il ne se passe a priori pas grand-chose. Lui est aveugle et elle souffre de la maladie d’Alzheimer ; délirante, elle est persuadée que tout le monde veut la tuer, en particulier l’aide-soignante Moon-Jung (jouée par Kim Seo-hyung) qui pourtant est aux petits soins pour le vieux couple.

Attentionnée, dévouée, Moon-Jung s’occupe de tout, préparer les repas, briquer la maison, faire les courses, la toilette de madame… et même emmener monsieur conduire sur un parking malgré sa cécité. Quant à sa vie à elle, est en lambeaux : son fils est enfermé (prison ou maison de correction), sa mère est placée dans un sinistre mouroir, et elle habite dans un logis de fortune recouvert d’une bâche sombre, dans un terrain vague, où compatissante elle héberge un temps une jeune fille fragile, paumée, maltraitée, rencontrée lors d’une thérapie de groupe. Tout cela pourrait justifier que, chaque jour, elle se donne des gifles.

Un acharnement de la destinée

Son seul et faible espoir dans ce morne quotidien, c’est d’arriver à louer un appartement où son fils viendrait la rejoindre une fois libre. « Mon fils a vraiment besoin de moi », estime Moon-Jung, qui se rattache à ce rêve. C’est justement pour ce fils qu’après un accident domestique, elle enchaîne les mauvaises décisions, aspirée dans une spirale infernale dont rien de bien ni de bon ne peut sortir. Pourtant portée par une volonté de bien faire, d’agir au mieux, elle va malgré elle entraîner plusieurs morts brutales, dont celles de sa mère et de son fils.

La réalisatrice appuie sur la corde sensible, forcément émouvante, de la dépendance, de la maladie, surtout lorsque le vieux monsieur apprend lui aussi qu’il est touché par Alzheimer, qu’il ne reconnait plus son épouse, et pour cause. Mais noir c’est noir, il y a quelque chose d’implacable dans « Greenhouse », une vie brûlée, un acharnement de la destinée, qui ne peut mener qu’à la tragédie. Et il y a effectivement de quoi se coller des baffes.

Patrick TARDIT

« Greenhouse », un film de Lee Sol-hui (sortie le 29 mai).

Aide-soignante aux petits soins pour un vieux couple, Moon-Jung (jouée par Kim Seo-hyung) va enchaîner les mauvais décisions après un accident domestique.
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