Le cinéaste fait son retour avec « DogMan », un thriller sombre qui a du mordant, et où l’acteur américain Caleb Landry Jones est impressionnant en psychopathe travesti.
Conformément à la règle habituelle, aucun animal n’a été maltraité dans le nouveau film de Luc Besson, « DogMan » (sortie le 27 septembre), ce n’est pas le cas de certains personnages humains, victimes d’une meute de chiens obéissant au doigt et à l’œil de leur maître. Car comme dans le long-métrage de Matteo Garrone (le cinéaste de « Gomorra ») au titre presque semblable (« Dogman »), des cabots ont un rôle capital dans cette réalisation du cinéaste de « Subway », « Léon », « Nikita », « Le Grand Bleu », « Le Cinquième Elément »…
Discret ces dernières années, après les accusations d’agression sexuelle de la comédienne Sand Van Roy, Luc Besson fait son retour avec ce « DogMan », qui a été présenté aux Festivals de Venise et de Deauville. Considérant l’affaire désormais « close », la justice l’ayant dit-il « déclaré par quatre fois non coupable », c’est en famille que Luc Besson était apparu en Normandie, entouré de son épouse et productrice Virginie Besson-Silla, de leurs enfants, de son ami le musicien Eric Serra, et de l’acteur principal de son film, Caleb Landry Jones (« Get out », « 3 Billboards », « Antiviral »…) qui avait reçu le Prix d’interprétation à Cannes pour « Nitram ».
Une chienne de vie
Le comédien américain est à nouveau spectaculaire dans la peau de ce « DogMan », un ancien enfant martyr devenu un psychopathe handicapé et transformiste, préférant définitivement la compagnie des chiens à celle des humains. C’est en robe rose, perruque blonde, visage ensanglanté, et en fauteuil roulant, qu’apparait Douglas, un être qui semble forcément un peu monstrueux. Arrêté par la police, c’est à une jeune psy patiente et attentive (Jojo T. Gibbs) qu’il raconte sa chienne de vie.
Malgré un physique inquiétant, son récit, jusqu’aux événements qui l’ont mené en prison, veut faire comprendre que ce n’est pas lui le monstre. Enfant mal aimé, son père violent l’avait mis au chenil, enfermé avec les chiens, qui sont devenus ses amis, ses compagnons, sa communauté, sa meute. Adulte, il se déguise pour devenir un/e autre que ce qu’il n’est, trouvant sa place dans un cabaret de travestis, où il chante Edith Piaf, Marlène Dietrich ou Marilyn Monroe… La performance de Caleb Landry Jones fait penser à celle de Joaquin Phoenix en « Joker », « DogMan » est un personnage hors-norme, un vengeur ultra-maquillé, un justicier costumé, un sociopathe qui lit Shakespeare à ses chiens, assurément les meilleurs amis de cet homme torturé.
Si l’expédition d’un gang de toutous cambrioleurs est un gag digne d’une comédie Disney, on s’attend chez Besson à une succession de poursuites et bagarres, mais en fait le déchainement de violence n’arrive qu’à la fin de ce thriller sombre qui a du mordant. Le cinéaste lâche les chiens mais, on l’a compris, la sauvagerie est ici l’œuvre des humains, et la bestialité engendrée par nos contemporains. Comme pour confirmer la citation de Lamartine en ouverture du film : « Partout où il y a un malheureux, dieu envoie un chien ».
Patrick TARDIT
« DogMan », un film de Luc Besson, avec Caleb Landry Jones (sortie le 27 septembre).