Avec un sacré casting, Noémie Lvovsky a tourné « un film où ça chante et où ça danse », une fable burlesque et fantaisiste qui fait illusion. Enchanteur.
Son film était « à peine terminé » lorsque Noémie Lvovsky et une bonne partie de son équipe étaient montés sur la scène du Festival de Deauville, avant la toute première projection publique de « La Grande Magie » (sortie le 8 février). Cette avant-première avait alors apporté un vent de joie et de bonne humeur, ce joyeux et plaisant film musical ayant enchanté les festivaliers. Adaptation de « La Grande Magia », pièce de théâtre d’Eduardo de Filippo, c’est un vrai film de troupe qu’a tourné l’actrice-réalisatrice (« Les Sentiments », « Camille redouble »…), qui s’est entourée d’un sacré casting, Denis Podalydès, Sergi Lopez, Judith Chemla, François Morel, Damien Bonnard, Rebecca Marder (en grâcieuse demoiselle au cœur fragile), Laurent Stocker, Catherine Hiegel… et bien d’autres encore, pour la plupart comédiens venus du théâtre.
C’est dans un hôtel au bord de la mer, en Bretagne, dans les années 20, que « La Grande Magie » va produire ses effets. Une clientèle bourgeoise est là en villégiature alors qu’arrive une troupe de saltimbanques en roulottes ; le soir même, ils donnent un spectacle dans les jardins de l’Hôtel Métropole. Clou de la soirée : un grand tour de magie. Une vacancière accepte de participer à l’attraction, entre dans un cercueil, qui est fermé. A l’ouverture le cercueil est vide, disparue, rient d’anormal alors, c’est le but même du tour. Mais ça se gâte lorsque le soi-disant magicien (Sergi Lopez), illusionniste baratineur, est dans l’impossibilité de faire revenir l’épouse (Judith Chemla). Et pour cause : celle-ci a pris volontairement la poudre d’escampette, pour fuir son mari jaloux (Denis Podalydès), qui ne fait confiance à personne, surtout pas aux femmes en général et à la sienne en particulier. L’évasion parfaite.
Mélange de théâtre, musique, music-hall…
« Votre femme est dans la boîte », assure le bonimenteur au mari, fâché, dépité, désespéré, malheureux, mais qui, dupe ou pas dupe de l’énorme mensonge de l’illusionniste, n’ose pas ouvrir la précieuse boîte. Un artifice qui dure quatre ans, jusqu’au retour de l’épouse auto-émancipée, comme s’il ne s’était écoulé qu’un instant. « Abracadabra », et le tour est joué ! Fable burlesque, avec des images accélérées comme au temps du noir-et-blanc, « La Grande Magie » nous fait traverser la frontière fragile entre réalité et fiction, évoque le réconfort de s’abandonner à l’imaginaire, le besoin de contes à dormir debout pour vivre et survivre.
Mêlant avec bonheur théâtre, musique, music-hall… le film de Noémie Lvovsky n’est pas vraiment une comédie musicale mais « un film où ça chante et où ça danse », des airs composés par Feu ! Chatterton et Arnaud Rebotini. L’occasion notamment pour Judith Chemla d’utiliser ses qualités de chanteuse. Parsemée de quelques drames, cette farce en trois actes, fantaisiste et réjouissante, est un vrai tour de magie. Enchanteur.
Patrick TARDIT
« La Grande Magie », un film de Noémie Lvovsky, avec Denis Podalydès, Sergi Lopez, Judith Chemla, François Morel, Damien Bonnard, Rebecca Marder, Laurent Stocker, Catherine Hiegel… (sortie le 8 février).