La Première ministre dévoilera officiellement la réforme des retraites ce mardi 10 janvier. Le texte sera présenté en Conseil des ministres le 23 janvier avant un examen à l’Assemblée début février. Turbulences sociales en vue.
C’est la mesure phare du second quinquennat d’Emmanuel Macron. Autant dire que le sujet est politiquement sensible. Le projet de réforme du système des retraites, annoncée pendant la campagne électorale, a mis du temps à être finalisé. Il sera finalement dévoilé ce mardi 10 janvier par la Première ministre, Elisabeth Borne. Mais on ne sait toujours pas si le texte sera ou non présenté au Parlement sous forme de projet de loi de financement rectificative de la Sécurité sociale (PLFRSS). L’avantage, pour le gouvernement, serait de faire passer le texte en force, sans débat, grâce à l’article 49-3 de la Constitution. Ce ne serait peut-être pas très glorieux, mais la réforme tant décriée serait enfin adoptée. Avec le risque d’une forte mobilisation dans la rue.
« Une réforme juste… »
Car il n’est pas sûr du tout que le projet de loi obtienne la majorité au Parlement. Certes, le nouveau patron des Républicains, Eric Ciotti a annoncé dans le JDD qu’il soutiendrait la réforme. « Toute personne raisonnable comprend que le système actuel ne peut subsister sans être réformé, dit-il (…). Je souhaite pouvoir voter une réforme juste qui sauve notre système de retraite par répartition ».
Mais tous les députés LR ne sont pas forcément en phase avec Eric Ciotti. Quant aux autres groupes de l’Assemblée, ils sont opposés à cette réforme qui pousserait l’âge légal de la retraite de 62 à 64 ou 65 ans !
Les syndicats vent debout contre ce projet
Les principales mesures connues de ce projet visent à porter l’âge légal de départ en retraite de 62 ans (aujourd’hui) à 64, voire 65 ans d’ici à 2031 (à raison d’un décalage de 4 mois chaque année) ; à relever les pensions de retraite à 85% du SMIC pour une carrière complète. Des mesures spéciales pour les travailleurs de force, avec la création d’un fonds de prévention de l’usure professionnelle.
Mais c’est bien le recul de l’âge légal de départ à la retraite qui passe mal. Tous les syndicats, y compris la CFDT plutôt favorable à une réforme des retraites, sont opposés à ce texte. Ils ne cachent pas qu’ils appelleront à des mouvements de grèves et de manifestations dans les rues si la réforme est adoptée telle qu’elle est présentée.
Retraite par répartition
Les Français sont très attachés au principe des retraites par répartition. Avec cette réforme, l’exécutif cherche à réduire le coût du système de retraite qui représente une dépense de 332 milliards d’euros chaque année, soit 14,5% du PIB, selon le Conseil d’Orientation des retraites.
Pour l’instant, la réforme ne prévoit pas de toucher aux régimes spéciaux. Il existe en France 37 régimes de retraite dont 15 régimes spéciaux. Autrement dit, sur 16,9 millions de retraités, ils sont 4,2 millions à bénéficier de régimes particuliers (agriculteurs, policiers, militaires, etc.).
Dès son premier quinquennat, Emmanuel Macron voulait mettre fin à ces particularismes pour mettre en place un système universel de retraite par points où chaque euro cotisé donnerait les mêmes droits à tous, quelle que soit la profession exercée. Pourtant, face à une énorme levée de boucliers, ce projet a capoté. L’exécutif préfère mettre en place « la clause du grand-père » : dès 2025, l’accès aux régimes spéciaux sera impossible pour les nouvelles embauches.
La semaine qui s’ouvre risque d’être très agitée.