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Le nouveau visage de Marianne

C’est une France plus bariolée, plus populaire, plus fractionnée aussi qui est sortie des urnes du second tour des législatives. Une France inquiète qui sera sans doute très difficile à gouverner.

Rachel Kéké, une emme de ménage à l'assemblée nationale (capture CNews)
Rachel Kéké, une femme de ménage à l’Assemblée nationale (capture CNews)

Les Français ont voté. Même si moins d’un sur deux a glissé un bulletin dans l’urne, dimanche, les résultats s’imposent à tous. Les chiffres du ministère de l’Intérieur de ce lundi donnent 244 sièges aux partis présidentiels regroupés sous l’étiquette Ensemble, 127 à la Nouvelle Union, populaire, écologiste et sociale (NUPES), 89 au Rassemblement national, 61 aux Républicains et quelques sièges aux divers gauche et diverses droites. Trois grands blocs politiques apparus déjà lors de la présidentielle.

Un camouflet pour Macron

À l’évidence, ces résultats traduisent un rejet assez net de la politique menée pendant cinq ans par Emmanuel Macron qui a dirigé le pays en véritable despote. Il a court-circuité les corps intermédiaires, il a ignoré le rôle des syndicats et des élus de terrain. Macron paie aussi son comportement désinvolte durant la crise des Gilets jaunes. À ces Français qui criaient leur misère sur les ronds-points, il a répondu par des grenades lacrymogènes. Les électeurs s’en sont souvenus et lui ont infligé un vrai camouflet.

Extrême gauche/Extrême droite

Car il va bien falloir gouverner, désormais, avec cette assemblée reconfigurée, marquée par une extrême gauche très puissante et une extrême droite très forte, qui pourraient bien se retrouver sur des thèmes communs. Le projet de loi sur les retraites, par exemple. On sait bien que la retraite à 65 ans proposée par Macron ne convient ni à la Nupes ni au RN. Il y a fort à parier que ce projet phare du président de la République passe à la trappe.
Autre point d’accord entre les extrêmes : la lutte contre l’inflation. Les deux partis veulent donner du pouvoir d’achat aux Français et notamment aux classes les plus défavorisées. Ils feront donc obstruction à tout projet de loi qui ne va pas dans ce sens et feront le forcing pour limiter la hausse des prix du gaz, du carburant et des produits de première nécessité.
Certes, les Républicains et leurs 61 sièges pourront devenir une force d’appoint pour le parti présidentiel. Mais les députés LR sont et resteront dans l’opposition au président de la république.

Remaniement du gouvernement

On le voit, la France va être difficile à gouverner dans les mois qui viennent et on n’est pas à l’abri d’un mouvement social d’envergure, comme une lame de fond, compte tenu de l’augmentation incontrôlée du prix des carburants, du gaz et de l’électricité qui impacte fortement les ménages.
En attendant, le président Macron doit régler un problème plus urgent : le remaniement du gouvernement. En effet, comme il est de coutume, la Première ministre va remettre sa démission et celle du gouvernement au président de la République. Il procèdera alors à un renouvellement plus ou moins profond du gouvernement. On ignore si Elisabeth Borne conservera ou non Matignon. Mais on sait en revanche que plusieurs ministres ne seront pas reconduits : Amélie de Montchalin, Brigitte Bourguignon et Justine Bénin, respectivement ministres de la Transition écologique, de la Santé et de la Mer.
D’autres ministres devraient être nommés (Logement, Transports, Ruralité). Un nouveau casse-tête pour le président qui doit respecter des équilibres politiques et territoriaux.
A l’évidence, le second quinquennat commence dans la douleur. Espérons qu’il ne va pas se poursuivre dans le chaos.

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