Avec « Pour un instant d’éternité », le romancier nous embarque dans un récit captivant, un jeu de piste érudit dans le Paris d’avant 1900.
Crénom, quel bouquin que « Pour un instant d’éternité » ! Son auteur, Gilles Legardinier, a signé des fables modernes devenues best-sellers, de ces livres qui font du bien à celles et ceux qui les lisent, « Demain j’arrête ! », « Complètement cramé ! », « J’ai encore menti ! »… Ce nouveau roman nous embarque à la fois dans le passé, dans l’histoire de Paris et de France, et nous perd avec plaisir dans un dédale de mystères. C’est un récit captivant, érudit et accrocheur, avec force énigmes et aventures, tel un « Da Paris Code » qui devrait envoyer bien des curieux dans les rues et monuments de la capitale.
Le personnage principal de « Pour un instant d’éternité » se prénomme Vincent, nul ne connaît son nom de famille, c’est un être aussi discret que surprenant, qui apparaît comme par magie, il est d’ailleurs un peu magicien lui-même. Horloger, serrurier, bricoleur de génie, Vincent est en fait un spécialiste des passages secrets, cachettes, tours de passe-passe et autres escamotages. Avec sa bande, son frère, la belle Gabrielle, et quelques autres, ils ont leur repaire à Montmartre, où l’imposant Sacré-Cœur est toujours en chantier.
Nous sommes en 1889, une époque de bouleversements et de nouveautés ; le monde entier vient à Paris visiter la fameuse et tapageuse Exposition universelle, vitrine de la nouvelle civilisation, et son attraction majeure, son « phare », la scintillante Tour métallique construite par M. Eiffel. Dans ce monde qui change, bouleversée par une révolution technologique, la capitale est transformée, « réaménagée » ; et ces grands travaux menacent des trésors cachés, souterrains, que « des archéologues du sacré » tentent de sauver de la destruction, de sauvegarder de cette « vague d’industrialisation des âmes ».
Dans les entrailles de la capitale
Alors que Vincent et les siens sont agressés, menacés, il est contacté par une société secrète qui lui demande son aide, afin de protéger quelques merveilles des dégâts du modernisme. Gilles Legardinier embarque alors Vincent et ses lecteurs dans une formidable chasse au trésor, un ludique jeu de piste dans l’histoire parisienne, les entrailles de la capitale, dans des lieux secrets, des passages dérobés… On y croise un maître des illusions, Robert-Houdin, un monstre de foire quasimodesque, le fantôme de l’alchimiste Nicolas Flamel, une armée de cochers, des automates mécaniques, de joyeux saltimbanques… Dans cette lutte entre les puissances du bien et du mal, il y a de la magie, de l’occultisme, de l’inquiétant et d’incroyables découvertes.
Avec ce livre, Gilles Legardinier rend hommage à cette littérature qui lui a donné envie de lire, et probablement d’écrire, « celle des conteurs », les Dumas, Verne, Hugo, Dickens, Kipling… « Celle d’auteurs racontant de vraies histoires, qui nous font rêver sans oublier de nous parler de ce que nous sommes et de ce que nous éprouvons », écrit-il. De ces histoires qui offrent un vrai plaisir de lecture, du temps suspendu, et donc des instants d’éternité.
Patrick TARDIT
« Pour un instant d’éternité », par Gilles Legardinier (Editions Flammarion/21,90€).