La plateforme des ONG françaises pour la Palestine dénombre 48 femmes détenues par les autorités israéliennes et dénonce leurs conditions de détention.
Début mars 2019, l’association de défense des droits des prisonniers palestiniens Addameer* dénombre 48 femmes détenues par les autorités israéliennes. Ces 50 dernières années, près de 10 000 femmes palestiniennes ont été arrêtées et/ou détenues sous ce régime de détention militaire. Outre subir des discriminations liées à leur genre, ces détenues sont régulièrement l’objet de punitions collectives, et en particulier depuis décembre 2018.
Conditions de détention difficiles et contraires au droit international
Fin 2018, après avoir manifesté pendant trois mois contre la réactivation de caméras de surveillance dans la cour de la prison, dans les cuisines collectives, les salles de prière et les buanderies, les femmes palestiniennes détenues dans la prison de Hasharon ont toutes été transférées dans la prison de Damon. Une punition collective interdite par la IVème Convention de Genève (article 33), complétant d’autres sanctions subies à Hasharon (coupures d’eau, amendes, confiscations, restrictions de nourriture etc.).
Ces deux prisons sont situées en territoire israélien, en violation du droit humanitaire également (article 76 de la IVème Convention de Genève). Damon, où les 48 femmes se trouvent actuellement (parmi elles 7 blessées, 26 malades et une détenue administrative – emprisonnée sans inculpation ni jugement, pour une durée indéterminée), est une vieille prison datant du mandat britannique. Elle devait être détruite tant son état est détérioré ; les cellules sont humides, sales, causant la présence d’insectes, les salles d’eau se trouvent en extérieur, il n’y a ni bibliothèque ni salle de classe, privant les détenues d’accès à l’éducation ou à la formation.
Punitions et violences
En outre, les femmes palestiniennes détenues sont classées « prisonnières de sécurité » et sont ainsi enfermées avec des prisonnières israéliennes inculpées de crimes graves. Elles peuvent de ce fait être victimes d’abus physiques et verbaux, d’humiliations de leur part et sont discriminées sur leur temps d’activités récréatives, sur la fréquence des mises à l’isolement, sur l’accès aux médias etc.
Les cellules sont surpeuplées, les visites familiales sont limitées à une fois par mois, lorsque les familles ne se voient pas refusées l’accès à la prison pour « raisons de sécurité ». Quand les détenues tentent de protester, elles reçoivent des punitions collectives telles que des amendes, on leur confisque leurs équipements téléphoniques, on restreint l’argent qu’elles peuvent recevoir pour payer la cantine, on retient leurs courriers etc.
Ajoutons à cela des négligences médicales et des violences sexuelles institutionnalisées et absence de garanties de procès équitables, selon les ONG françaises pour la Palestine dont France-Palestine.
* association de soutien aux prisonniers et des droits de l’homme
Ahed Tamimi et Khalida Jarrar : des prisonnières palestiniennes emblématiques
L’arrestation brutale de la jeune Ahed Tamimi (ainsi que de sa mère et sa cousine) en décembre 2017, à 16 ans, a marqué l’opinion publique à un niveau international. Après 3 mois de détention préventive, elle a été condamnée à 8 mois de prison (notamment pour avoir giflé un soldat). Une peine disproportionnée visant à dissuader la jeune activiste médiatique qui manifeste toutes les semaines dans son village pour les droits des Palestinien·ne·s.
Moins médiatisée, la députée et défenseure des droits Khalida Jarrar a été emprisonnée à plusieurs reprises en raison de ses activités politiques et associatives (elle agit pour les droits des femmes, les droits des prisonniers et est membre du FPLP, parti de gauche palestinien considéré comme terroriste par Israël). Après avoir purgé une peine de 14 mois en 2015-2016, elle a de nouveau été arrêtée à nouveau en juillet 2017 et a été libérée le 28 février 2019 après 20 mois de détention administrative.