La Cour de cassation a décidé aujourd’hui l’abandon de la qualification « terroriste » dans le dossier de Tarnac. Dans cette affaire qui remonte à 2008, Julien Coupat et sept de ses camarades sont soupçonnés d’avoir saboté les lignes TVG.
Il a fallu neuf ans à la justice pour reconnaître enfin que Julien Coupat, son épouse Yildune Lévy ainsi que six de leurs camarades ne sont pas des terroristes comme voulait le faire croire le parquet général.
La Cour de cassation considère en effet que les actes de sabotages « étaient sans danger pour les usagers des trains ». Autrement dit, « il n’existe pas de charges suffisantes permettant de retenir que les infractions… auraient été commises en relation avec une entreprise terroriste individuelle ou collective ayant pour but de troubler gravement l’ordre public par l’intimidation ou la terreur. »
Finalement, huit personnes sont renvoyées devant le tribunal correctionnel. Quatre pour « association de malfaiteurs » en relation avec les sabotages. Et quatre autres pour avoir refusé soit de donner leur ADN soit pour falsification de documents administratifs.
Reste à démontrer l’implication des uns et des autres dans l’affaire des sabotages ce que neuf ans d’enquête n’ont pas permis de démontrer.
Un PV de police suspect
L’affaire remonte à 2008. Dans la nuit du 7 au 8 novembre, quatre crochets métalliques sont accrochés aux caténaires des lignes TGV provoquant la paralysie du trafic en ce début du long week-end du 11 novembre. Trois jours plus tard, une dizaine de jeunes sont interpellés en Corrèze, à Tarnac, au cours d’une opération de police à grand spectacle. La police évoque « un groupe appartenant à la mouvance ultragauche ». Et présence Julien Coupat comme étant leur « chef charismatique ». Ils sont jetés en prison. L’enquête est confiée au parquet antiterroriste de Paris.
Mais l’enquête s’enlise. La mise en cause de Julien Coupat et de celle qui deviendra son épouse, Yildune Lévy, ne repose que sur un seul document, le fameux PV de filature coté D 104. Car Julien et Yildune sont sous surveillance policière depuis… le 16 avril 2008. Dans la nuit du 7 au 8 novembre, justement, ils sont pris en filature par une vingtaine de policiers dont six de la sous-direction anti-terroriste (SDAT) les autres de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI). C’est sur la foi de ce seul PV que les suspects vont être mis en examen et écroués.
Leurs amis ne comprennent pas pourquoi ils sont mêlés à cette affaire.
Un montage ?
Ce document est truffé d’invraisemblances. Par exemple, les policiers affirment que personne n’est sorti de la Mercedes (celle de Julien Coupat) durant la surveillance nocturne. Or, aux gendarmes qui enquêtent sur le sabotage, les mêmes policiers affirment avoir vu un individu sur la voie qui ne peut être que Julien Coupat. Ils prétendent que le crochet était placé « à l’aplomb d’un pont ». Or les gendarmes le trouveront 300 m plus loin. Les policiers prétendent qu’ils ont prévenu la police ferroviaire à 5 h 10. Or les enregistrements téléphoniques de cette nuit-là ont mystérieusement disparu.
Pas de photo des suspects, pas d’ADN, pas d’éléments matériels susceptibles de confondre le couple. Mais au contraire un épais brouillard sur le récit de cette nuit de surveillance. Au point que les avocats du couple Coupat, Jérémie Assous et Thierry Lévy n’hésitent pas à parler de « montage » de la part de la police.
Marcel GAY