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Les 100 jours de Trump : L’impasse diplomatique en Ukraine

Le colonel Douglas McGregor analyse l’échec de la promesse de paix et remet en question la stratégie américaine globale.

Ukraine une guerre Russie-USA par procuration (UnlimPhotos)
Ukraine une guerre Russie-USA par procuration (UnlimPhotos)

Dans une interview approfondie, le colonel à la retraite Douglas McGregor offre une analyse critique des premiers mois de la présidence Trump concernant la guerre en Ukraine. Alors que la promesse de résoudre le conflit en 100 jours s’évapore, McGregor souligne les contradictions fondamentales de la politique étrangère américaine et l’absence d’une véritable stratégie cohérente.

L’illusion du médiateur impartial

Selon McGregor, l’idée même que les États-Unis puissent jouer le rôle de médiateur impartial dans le conflit ukrainien est « absurde ». « Sans nous, il n’y aurait pas eu de guerre du tout, » affirme-t-il, rappelant l’implication directe des États-Unis depuis le renversement du gouvernement ukrainien et leur rôle central dans la planification militaire, comme l’a confirmé un récent article du New York Times.

McGregor estime que la Russie a simplement été « polie » avec Trump, le « laissant tourner en rond » sans réelle attente qu’il puisse résoudre le conflit. « Il n’a jamais été une voix forte pour mettre fin à la guerre, jamais une voix forte pour la paix, » déclare McGregor à propos de Trump, critiquant les « déclarations scandaleuses » du président américain affirmant qu’il pourrait tout régler en un jour.

Des divisions internes et l’absence de stratégie

L’administration Trump souffre de divisions internes profondes entre néoconservateurs et partisans de « l’Amérique d’abord ». McGregor souligne la nomination problématique de Ratcliff à la CIA et s’interroge sur le contrôle réel que Trump exerce sur les agences de renseignement et le département d’État, qu’il qualifie de « relique du début du 20e siècle ».

« Le président Trump est dispersé et sans stratégie, » affirme McGregor, qui déplore un fonctionnement politique impulsif: « Trump se réveille et dit ‘Je veux m’en prendre à ces Chinois.’ D’accord, tout le monde à bord et c’est parti. »

Une critique historique de la politique étrangère américaine

McGregor élargit sa critique à l’ensemble de la politique étrangère américaine depuis la fin de la Guerre froide, caractérisée selon lui par « un effort pour maintenir notre hégémonie politique, militaire et économique » plutôt que par une véritable stratégie. Il compare cette approche aux erreurs commises pendant les Première et Seconde Guerres mondiales, où les États-Unis manquaient d’objectifs clairs au-delà de la destruction de l’adversaire.

« Nous n’avions pas de stratégie en tant que telle pendant la Seconde Guerre mondiale, » affirme-t-il, citant l’absence de réflexion sur les conséquences géopolitiques des actions militaires.

Une nouvelle approche pour l’Amérique

McGregor propose une alternative centrée sur la « défense hémisphérique » et le commerce international. « Notre intérêt est de faire des affaires avec tout le monde, » affirme-t-il, critiquant la tendance américaine à « traiter les pays comme des ennemis permanents » lorsqu’ils ne s’alignent pas sur toutes les positions américaines.

Il plaide pour une réduction « considérable » de la présence américaine à l’étranger, citant les questionnements de Trump lors de son premier mandat: « Pourquoi après 70 ans sommes-nous encore en Corée? Pourquoi après 70 ans sommes-nous encore en Europe? »

L’impasse ukrainienne

Concernant spécifiquement l’Ukraine, McGregor estime que la guerre pourrait se terminer avec les forces russes établies sur la ligne du fleuve Dniepr, qui constitue « une position défensive naturelle ». Il souligne l’importance pour la Russie de s’assurer « qu’il n’y ait pas de force ukrainienne ou étrangère du côté est de la ligne du fleuve ».

Face à cette situation, McGregor regrette l’abandon de l’équilibre entre dissuasion et apaisement qui caractérisait la politique américaine pendant la Guerre froide. « Maintenant, l’apaisement signifie que vous devez reconnaître que les Russes ont des préoccupations légitimes en matière de sécurité, » observe-t-il, déplorant que « la raison a disparu » du débat public sur ces questions.

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