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Polémique Nancy-Metz à propos du CHR de Metz-Thionville

La fac de médecine de Nancy fait-elle barrage à « l’universitarisation » du CHR comme l’affirment les élus messins ? Une question écrite au ministre de la Santé, une motion du Conseil Métropolitain et un mail aux élus, pour comprendre les enjeux.

Soins à l’hôpital (photo PxHere)

Le sénateur de la Moselle, Jean-Louis Masson, relance le débat sur « l’universitarisation » du CHR de Metz-Thionville en déposant, le 4 avril 2022, une question écrite au ministre de la Santé.
Le sénateur explique que : « 30 des 32 centres hospitaliers régionaux (CHR) existant en France ont été progressivement érigés en centres hospitaliers universitaires (CHU), lesquels bénéficient de moyens en équipements et en personnel permettant une très haute spécialisation des soins. Les deux CHR restants, ceux d’Orléans et de Metz-Thionville, étaient considérés, depuis près d’une décennie comme devant à leur tour, bénéficier du statut de CHU… Or, le processus de transformation en CHU a été engagé pour Orléans, mais pas pour Metz-Thionville. »
D’où un sentiment d’injustice pour tous les habitants de la Lorraine du nord puisque, faute d’équipements nécessaires, les cas graves sont transférés vers Nancy ou Strasbourg.

Une convention hospitalo-universitaire avec Nancy

L’affaire n’est pas nouvelle. Depuis des années, les élus mosellans plaident pour que le CHR de la Lorraine du nord soit « universitarisé » grâce à une coopération au sein de l’université de Lorraine qui coiffe à la fois le nord et le sud, les villes de Metz et de Nancy, un peu sur le modèle de ce qui se pratique entre les villes de Nîmes et de Montpellier. Plusieurs lettres et pétitions ont été adressées aux autorités sanitaires. En vain.
Le 28 février 2022, le Conseil Métropolitain de Metz, que préside François Grosdidier, a « émis le vœu d’une mise en œuvre de  »l’universitarisation » du CHR de Metz-Thionville pour lutter contre la désertification médicale ».

« Le respect des engagements »

Le président (et rapporteur) François Grosdidier rappelle que depuis 1971, Metz milite pour  »l’universitarisation » de son hôpital qui obtiendra en 1976 le label de Centre Hospitalier Régional (CHR) en fusionnant avec celui de Thionville (…) « Le dossier de  »l’universitarisation » a connu une avancée décisive le 19 novembre 2019, précise-t-il. En effet, s’appuyant sur le modèle opté à Nîmes-Montpellier, une convention hospitalo-universitaire a été signée avec l’Université de Lorraine. Ceci devait se traduire par la création de postes hospitalo-universitaires (HU) de différents grades au CHR. Malheureusement, depuis cette date, la mise en œuvre de ces engagements est restée lettre morte. Une série de réunions multipartites a été annulée et reportée sine die (…) Les élus de l’Eurométropole ne peuvent pas tolérer cet immobilisme plus longtemps et souhaitent ainsi, à travers ce vœu, montrer leur unité et leur détermination à voir les termes de la convention adoptés et transcrits dans la réalité. »

Pourquoi ça coince ?

Le sénateur Masson, dans sa question écrite au ministre, précise que, suite à un courrier collectif des élus mosellans, « des contacts ont été pris avec le conseiller ‘’enseignement supérieur’’ du cabinet du ministre. Il semble que, contrairement aux autres facultés de médecine, le doyen nancéien n’ait pas demandé les postes hospitalo-universitaires et les postes territoriaux indispensables pour permettre au CHR de Metz-Thionville d’évoluer au niveau qualitatif ».
Une « omission délibérée » écrit le sénateur qui demande s’il « est acceptable qu’un doyen de faculté situé dans une ville bloque la mise à niveau équipements hospitaliers d’une autre ville desservant plus de la moitié des habitants de la Lorraine ? »

Pas de postes HU pour le CHR de Metz-Thionville

Ce que confirme un mail du Dr Khalifé Khalife, 1er adjoint au maire de Metz et vice-président du Conseil départemental de la Moselle, à ses collègues : « Nous avons eu, François Grosdidier, maire de Metz et moi-même, un long entretien avec M. Sébastien Delescluse, conseiller « enseignement supérieur » du ministre de la Santé à propos de  »l’universitarisation » du CHR de Metz-Thionville… Malheureusement et à notre grande surprise, nous avons appris que le doyen de la faculté de médecine de Nancy n’a pas demandé, contrairement à ses collègues de France, des postes HU pour le CHR, en particulier des postes territoriaux sur lesquels on comptait. Cette omission, rajoutée à l’inertie nancéienne vis-à-vis du PASSLASS confirme si besoin était la mauvaise volonté de cette faculté et de son dirigeant… La période électorale passée, nous poursuivront avec votre soutien et celui de l’ARS ce travail pour redonner à la Moselle l’outil indispensable pour améliorer l’offre médicale sur le territoire lorraine nord. »
La querelle Nancy-Metz est relancée…

Le CHR de Metz-Thionville en chiffres

Le CHR Metz-Thionville est un établissement bi-sites distants de 30 km, Metz et Thionville, comprenant au total 8 établissements. Hôpital de Mercy (Metz), hôpital Bel-Air (Thionville), hôpital Femme Mère Enfant, hôpital d’Hayange (Hayange), hôpital Félix Maréchal (Metz) et deux maisons de retraite à Metz (Saint-Jean et Le Parc).
Avec près de 2085 lits, plus de 5500 agents, le CHR Metz-Thionville est reconnu comme le plus important sur son territoire de santé (600 000 personnes) couvrant un champ d’activités complet. Il est également une structure de recours qui répond au mieux aux besoins de la population : pôle mère-enfant, psychiatrie et pédo-psychiatrie, spécialités médicales, chirurgie, service des urgences, service des brûlés, soins palliatifs, gériatrie.

CHRU de Nancy

  • 1 577 lits et 184 places
  • 9 740 professionnels
  • Personnel médical (hors étudiants) : 1 490 (ETP) dont environ 430 internes par semestre (ETP)
  • 813 M€ de budget annuel
  • 36 M€ investis en 2018
  • 5 923 professionnels formés au sein des écoles et instituts de formation du CHRU

L’Université de Lorraine

  • 13 355 étudiants en santé dont 2 007 en PACES
  • 3 facultés concernées : médecine, pharmacie et odontologie
  • 10 laboratoires de recherche au sein du pôle scientifique Biologie, Médecine, Santé (BMS) et plus de 180 enseignants-chercheurs qui y travaillent
  • 1 Hôpital virtuel de Lorraine à Nancy – HVL Implanté au cœur du Campus santé de Brabois, sur une surface de 3000 m², l’HVL compte 6 plateformes de simulation, ce qui en fait une structure d’apprentissage dédiée à la formation initiale et continue des professionnels de santé publics et privés ; un lieu d’innovation et de recherche ; un lieu où s’applique la recommandation de la Haute Autorité de Santé : “Jamais la première fois sur le patient”
  • 1 Centre Pierre Janet à Metz – CPJ. Le CPJ est un service de l’Université de Lorraine unique en France, dédié aux évolutions et aux innovations dans le domaine de la psychothérapie. Il se compose de 3 Pôles travaillant en synergie : la Recherche, la Formation et la Consultation. Depuis 2016, 237 étudiants se sont formés au CPJ profitant des 10 formations au programme. Avec ses 5 cabinets de consultation et ses 23 psychothérapeutes, le Pôle Consultation du CPJ a pris en charge 3 200 patients depuis son ouverture en mai 2017.

 

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