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58% des Français soutiennent les militaires auteurs d’une tribune libre

Alors que le chef d’état-major des armées, le général Lecointre annonce des sanctions contre les 18 militaires d’active signataires d’une tribune publiée par Valeurs Actuelles, un sondage Harris Interactive pour LCI révèle qu’une majorité de Français soutient les auteurs de cette lettre ouverte.

érémy Barande / Ecole polytechnique Université Paris-Saclay / CC BY-SA 2.0
Visite du Général d’armée François Lecointre, chef d’État-Major des armées (CEMA) à l’Ecole polytechnique à l’occasion du Forum 2017 de la DGA (Jérémy Barande / Ecole polytechnique Université Paris-Saclay / CC BY-SA 2.0

C’est une grenade dégoupillée que 25 généraux en retraite et de nombreux militaires de tous grades ont lancé dans la presse. Une grenade à fragmentation qui fait quelques dégâts dans la classe politique. L’affaire remonte au 14 avril 2021 lorsque ces militaires qui se définissent comme des lanceurs d’alerte, écrivent une lettre ouverte dans leur journal « Place d’armes ». Le brûlot, repris quelques jours plus tard par le magazine de droite Valeurs Actuelles, provoque un véritable tollé. D’autant que Marine Le Pen trouve là une aubaine en apportant son soutien aux militaires.

Pour les militaires, « l’heure est grave »

Mais que disent-ils ces  » lanceurs d’alerte »? Ils intitulent leur propos « Lettre ouverte a nos gouvernants ». Ils écrivent : « L’heure est grave, la France est en péril, plusieurs dangers mortels la menacent. Nous qui, même à la retraite, restons des soldats de France, ne pouvons, dans les circonstances actuelles, demeurer indifférents au sort de notre beau pays. »
Ils évoquent le « délitement » de la France face à l’islamisme et aux hordes de banlieues… « Les périls montent, la violence s’accroît de jour en jour. Qui aurait prédit il y a dix ans qu’un professeur serait un jour décapité à la sortie de son collège ? ». Ils ajoutent : « l’heure est grave… sachez que nous sommes disposés à soutenir les politiques qui prendront en considération la sauvegarde de la nation (…)
On le voit, il n’est plus temps de tergiverser sinon, demain la guerre civile mettra un terme à ce chaos croissant, et les morts, dont vous porterez la responsabilité, se compteront par milliers. »

Des sanctions dont la retraite d’office

Jean Castex condamne « avec la plus grande fermeté » cette initiative « contraire à nos principes républicains ». Les hommes et femmes politiques de droite comme de gauche s’offusquent de cette intrusion des militaires dans le champ de la politique à un an de l’élection présidentielle. Certains y voient même une allusion au putsch d’Alger du 21 avril 1961 lorsque quelques généraux ont fomenté une tentative de coup d’État.
La tribune des militaires de 2021 a provoqué une onde de choc sur les réseaux sociaux et sur les plateaux de télévision. Au point que le chef d’état-major des armés, le général François Lecointre a décidé de prendre des sanctions. D’abord, les 18 militaires d’active seront jugés par un conseil supérieur militaire. Ensuite, les généraux en deuxième section, c’est à dire proches de la retraite, risquent d’être mis en retraite d’office. Les autres ne risquent rien du tout. Ils peuvent s’exprimer librement mais ne devraient pas mettre leur grade en avant.

L’État inquiétant de la France

C’est dans ce contexte très tendu que la chaine de télévision LCI a commandé un sondage sur cette affaire à Harris Interactive. Les résultats sont inquiétants pour « les gouvernants ». En effet, 58% des Français « soutiennent les auteurs de la lettre ouverte ». Pire : 86% estiment que dans certaines villes ou dans certains quartiers les lois de la République ne s’appliquent plus, 73% que la société française se délite et 45% sont d’accord avec les militaires pour dire que la France pourrait connaître bientôt une guerre civile. Quant aux sanctions visant les militaires, 64% des personnes interrogées les désapprouvent.
En d’autres termes, la tribune des militaires met au grand jour le malaise profond que vit notre pays après plus d’un an de confinement et de couvre-feu, de difficultés économiques pour une partie de la population, d’insécurité réelle que vivent de plus en plus de Français, de troubles, de violences, de perte de repères qui, dans 13 mois, pourraient s’exprimer dans les urnes.

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