Léni Jodaitis, Université Libre de Bruxelles
Voici le coronavirus et une photo de sa couronne. Minuscule responsable des si grands bouleversements des derniers mois.
Cette image est le résultat du traitement informatique effectué sur des centaines de milliers de clichés de la couronne du virus, vu sous tous les angles, grâce à une technique appelée « cryo-électromicroscopie ». Celle-ci permet d’obtenir des informations de l’ordre de la taille d’un atome. Son secret réside dans le fait que le microscope peut prendre beaucoup d’images à des températures très froides (-196 °C), où les molécules qui composent la matière ralentissent jusqu’à devenir presque immobiles. On photographie à l’aide des électrons des objets d’un millionième de millimètre, à l’inverse des photos classiques où l’on utilise les photons (la lumière) pour observer des éléments visibles à l’œil nu. Obtenir un tel détail sur la morphologie et la structure du virus est important pour la communauté scientifique.
Plus spécifiquement, ce que l’on peut voir sur cette image est une partie de la couronne du virus, un ensemble de protéines nommées spike. En fonction du virus, la forme et la composition de sa surface varie. C’est l’une des raisons pour lesquelles la recherche de nouveaux vaccins est un travail difficile. Les trois couleurs visibles sur l’image montrent que la couronne est constituée de trois protéines identiques entremêlées. Il est possible de connaître la position de chaque atome qui compose ces spikes, ce qui permet de comprendre les mécanismes d’infection des virus. C’est pourquoi en plus d’être une prouesse technologique, la connaissance de cette structure aide la recherche de nouveaux vaccins ou de voies de traitements des maladies virales.
Cette photo est un symbole d’espoir, dire au virus « je te vois ! »
Pouvoir observer le virus d’aussi près et obtenir autant d’information donne plus d’outils pour lutter contre les maladies virales. Cette photo est une manière d’apercevoir le visage de cet ennemi invisible. À partir d’une telle image, les scientifiques du monde entier peuvent agir pour trouver ensemble des solutions aux probables futures pandémies. Cette découverte est donc un symbole d’espoir pour tous, car elle montre que les avancées technologiques nous donnent les outils pour pouvoir lutter contre les virus.
Léni Jodaitis, Doctorant et Assistant en sciences chimiques spécialisation biochimie, Université Libre de Bruxelles
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.