Au terme d’un discours d’une heure d’horloge, le Premier ministre a détaillé la stratégie du gouvernement pour envisager le déconfinement.
(par Bernard Aubin)
Le pays vit confiné depuis le 17 mars. Jamais dans l’histoire de notre pays nous avons connu cette situation mais de toute évidence il ne peut l’être éternellement.
Depuis le 14 avril, le nombre de patients hospitalisés diminue. La décrue est lente mais régulière. Un confinement au-delà du nécessaire aurait des conséquences gravissimes. Il nous faut donc procéder à un déconfinement aussi attendu que redouté.
Nous allons devoir vivre avec le virus qui va continuer à circuler parmi nous. On peut espérer une disparition spontanée du virus, un traitement, un vaccin mais tout cela n’est pas pour tout de suite.
Notre système hospitalier a tenu au prix d’une fatigue des soignants et d’une surconsommation des stocks. Le risque d’une seconde vague est un risque sérieux. Nous devons reprendre progressivement : c’est le deuxième axe de notre stratégie.
La circulation hétérogène du virus crée des différences entre territoires dont il est nécessaire de tenir compte. Le maire et le préfet auront la possibilité d’aménager la stratégie nationale. Des rencontres d’adaptation auront lieu la semaine prochaine.
Au 11 mai :
Protéger, tester, isoler seront les 3 axes de la stratégie du gouvernement.
1. Protéger
Le respect des gestes barrières et de la distanciation sociale s’accompagneront dans certaines situations du port du masque. Les scientifiques ont évolué. Aujourd’hui, ils nous disent qu’il est préférable de porter un masque que de ne pas en porter. Il rentre plus de masques dans le pays que le gouvernement en commande. Nous soutiendrons les collectivités territoriales qui en commandent à partir d’aujourd’hui (participation à hauteur de 50% du prix de référence). Nous devons être complémentaires. Une plateforme de e-commerce sera mise en œuvre par La Poste. Les pharmacies, les grandes surfaces… seront invitées à en vendre.
2. Tester
Les positions des scientifiques ont là aussi évolué. Nous réaliserons 700 000 tests par semaine dès le 11 mai (fondé sur une estimation de 3000 cas découverts/jour). Finalité : améliorer le dépistage. Ces tests seront pris en charge à 100 % par l’assurance maladie.
3- Isoler
Pour les cas positifs, nous identifierions les « cas-contact » qui seront invités à se confiner. Dans chaque département, des brigades seront constituées pour les identifier et faire respecter les mesures d’isolement. L’isolement est une mesure de précaution collective, pas une sanction. Nous nous reposerons largement sur le civisme de chacun.
Les préfets et collectivité devront développer le plan d’accompagnement des personnes isolées. Celles-ci pourront être confinées chez-elles ou à l’hôtel.
Appel au civisme
Le projet « stop covid » (traçage) permettra d’identifier les parcours des personnes croisées par un porteur de virus (relire ICI les dangers de cette application). Tant que les ingénieurs n’ont pas finalisé l’application, il est trop tôt pour mener un débat qui aura lieu en temps utile.
Si les indicateurs ne sont pas bons au 11 mai, nous ne déconfinerons pas comme prévu. Les incertitudes doivent inviter les français au civisme. Fin mai, nous statuerons sur la réouverture des cafés et des restaurants.
Le cadre du déconfinement se fondera sur la situation des départements.
A partir du 11 mai
Ecoles : réouverture progressive des maternelles et classes élémentaires, à partir du 18 mai, collèges… Lycées : décision fin mai. Pas plus de 15 élèves par classe, gestes barrières, hygiènes… Les enseignants seront pourvus de masques. Pour les maternelles, pas de masques sauf cas spécifiques. Pour les collégiens, masques obligatoires.
Crèches : accueil par groupes de 10 enfants maximum. Les groupes ne devront pas se croiser. Des priorités d’accès devraient faire l’objet de réflexions.
Travail : nous devons privilégier au maximum le télétravail chaque fois que possible. Pour les autres : des horaires décalés doivent être étudiés. Des fiches métiers et guides devront être élaborés pour le 11 mai. Les partenaires sociaux seront associés à leur conception. Le dialogue social à tous les niveaux doit être mobilisé.
Commerces : ils rouvriront tous sauf cafés, restaurants… Chacun d’entre eux devra respecter un cahier des charges stricts. Port du masque recommandé… Possibilité de subordonner l’accès au port du masque. Règles particulières pour les surfaces commerciales supérieures à 40 000 m2.
Transports : c’est particulièrement ardu. 70 % des transports RATP seront disponibles le 11 mai. Ensuite, il faut baisser la demande. Nous accompagnerons les Autorités Organisatrices pour organiser les flux. Le port du masque sera obligatoire dans les transports. Les capacités seront réduites pour respecter les gestes barrières (1 siège sur 2). Idem pour bus et car.
Vie sociale
Déplacements interrégionaux : limités au minimum. Incitation à réserver dans les trains autres que TGV.
La vie sociale : fin des attestations sauf pour trajets à plus de 100 km du domicile (motif impérieux). Pas de sport dans les lieux couverts, ni sports de contact. Plages inaccessibles jusqu’au premier juin.
Culture : accessible sauf grands musées, grandes salles… + de 5000 participants : pas avant juin.
Cultes : nous demandons de ne pas autoriser de cérémonie avant le 2 juin. C’est difficile notamment pour les décès, mais c’est souhaitable.
Des dispositions législatives devront être élaborées, notamment pour le traçage des personnes contaminées. La loi devra permettre aux brigades d’accéder aux dossiers médicaux. Déplacements entre département : il conviendra aussi de légiférer. Les textes seront soumis à l’Assemblée Nationale la semaine prochaine. Cela n’est pas obligatoire, mais nous avons choisi de réserver à l’Assemblée Nationale ces annonces.
Après le 11 mai, la vie va reprendre mais progressivement.
Édouard Philippe dévoile les modalités du plan du déconfinement à l’Assemblée Nationale. Le live d’euronews