Meurthe et Moselle
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Impressions d’un début de Congrès du PS

« Bien qu’ayant adhéré au Parti Socialise au début des années 80, je ne suis pas un habitué de ses congrès. Cela dit, comme il avait lieu à Nancy, pas très loin de chez moi, je m’y suis rendu et y ai passé un peu de temps. »

Christian Eckert, ancien secrétaire d'Etat au Budget
Christian Eckert, ancien secrétaire d’État au Budget

Par Christian Eckert

Ma première motivation était d’y retrouver des amis, parfois venus de loin, souvent perdus de vue depuis que je n’exerce plus de mandat électif. Cet objectif a été largement atteint, dans une ambiance de chaleureuses retrouvailles.

Mais un congrès ne saurait se réduire à un rassemblement « d’anciens combattants », de personnes ayant un temps prétendu ou partagé la gestion d’une collectivité publique, qu’elle soit communale, départementale, régionale ou nationale.

Des questions sans réponse

Je m’attendais donc, sachant le désarroi de nos concitoyens devant la situation de notre pays et leurs inquiétudes face aux événements du monde, à voir les socialistes se pencher sur les problèmes des gens et les entendre proposer des solutions pour améliorer la vie quotidienne du plus grand nombre.

Ainsi, j’espérais apprendre comment on allait, quitte à s’engueuler, proposer des solutions :

  • Pour garantir l’accès à la santé pour tous et dans tous les territoires.
  • Pour faire en sorte qu’il y ait une école publique ayant capacité à mettre un enseignant dans chaque classe.
  • Pour assurer le respect de la laïcité partout et pour tous.
  • Pour équilibrer la gestion des flux migratoires, sans tabou, de façon à assurer le droit d’asile et l’intégration exigeante des nouveaux arrivants.
  • Pour combattre nos dérives environnementales et définir nos intentions sur les glyphosates, les ZFE, les passoires thermiques, les moteurs à explosion, les porte-conteneurs, les véhicules électriques, les centrales nucléaires, les déchets…
  • Pour aller vers plus d’autonomie dans notre production industrielle.
  • Pour trouver le rythme, l’ampleur et les moyens de résorber le déficit public, considérable, créé et caché pendant les années macronistes.
  • Pour donner aux collectivités locales les compétences et les moyens de gérer les services de proximité.
  • Pour mieux rémunérer le travail sans renoncer à la protection sociale.
  • Pour aller vers un impôt plus progressif et plus juste, surtout pour les plus gros patrimoines.
  • Pour appréhender l’arrivée de l’Intelligence Artificielle qui chamboulera les métiers existants.
  • Pour assurer la sécurité partout, y compris dans les zones de non-droit, qui gangrènent certaines villes.
  • Pour progresser vers une République parlementaire en fixant notre position sur un scrutin législatif proportionnel.
  • Pour organiser notre défense en lien avec les pays européens et assurer à nos pays une capacité de se prémunir des agressions possibles.

Tout un programme en un mot…

Je savais bien sûr qu’un congrès ne pouvait répondre à tant de questions (et il y en aurait bien d’autres) …. Cependant, même si pour des raisons personnelles, j’ai dû partir avant la fin, j’ai suivi les 24 premières heures de débat et je suis resté sur ma faim. J’ai entendu à l’envi des propos convenus, centrés sur la stratégie, nombrilistes à souhait, et aussi joliment tournés qu’incantatoires :

  • les uns scandaient Union, Union, Union…
  • Les autres aussi !… Tout va bien…
  • D’aucuns répétaient en boucle : radicalisation ! radicalisation ! radicalisation… Tout un programme en un mot, il fallait oser….

La non-alliance avec LFI parfois évoquée a été chaleureusement applaudie… Sera-t-elle formalisée et effective ? cela reste à voir…

Mais les sujets évoqués plus haut n’ont été que très rarement abordés.

Si ces impressions personnelles tenues « à chaud » peuvent sembler dures et pessimistes, elles doivent interpeler sur le sens de l’action des partis politiques. Ceux-ci doivent être des lieux de travail, de débat, d’élaboration d’un projet politique, d’un programme d’action publique. Les partis (et le PS n’est pas le seul exemple) sont devenus des organisations centrées sur elles-mêmes et leurs cadres.

Je ne suis pas naïf et ne saurait affirmer que la stratégie n’est pas utile pour exister, voire nécessaire pour gagner. Pour autant, quand elle occupe toute la place et occulte l’élaboration du projet, l’intérêt des électeurs disparait… En même temps que celui des militants.

81ᵉ congrès du parti socialiste à Nancy (logo)
81ᵉ congrès du parti socialiste à Nancy (logo)
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