Les électeurs sont appelés aux urnes les 20 et 27 juin 2021 pour renouveler les 169 conseillers régionaux du Grand Est. Le point sur les forces politiques en présence.
En dépit de quelques événements anecdotiques plus que politiques, comme l’enfarinage, le 29 mai, de Jean Rottner, président sortant et candidat à sa propre succession, et les échanges de baffes entre élus, lors de la même réunion en faveur des langues régionales à Colmar, cette campagne pour les élections régionales est d’une tristesse absolue. La faute, sans doute, aux restrictions sanitaires qui interdisent les grands rassemblements, empêchent les harangues enflammées sur les estrades (à cause du masque) et obligent à rentrer chez soi avant 23 heures.
Et puis, il faut bien le dire, après un (trop) long confinement et le retour des beaux jours, la politique n’est pas la première préoccupation de la population à deux semaines des vacances. On songe plus à sortir, à s’amuser, à libérer le trop plein d’énergie emmagasinée qu’à se soucier des candidats et leur programme. Nous l’avons dit et l’avons écrit ici même : Pour une partie de la population, le lien entre le peuple et les élus est rompu !
Enfin, le fait d’organiser le même jour deux élections différentes : les départementales et les régionales, a de quoi perturber les électeurs. Cela présente un autre inconvénient : de nombreuses communes ont du mal à rassembler suffisamment de d’assesseurs et de scrutateurs pour tenir les bureaux de vote. Il y a fort à parier que l’abstention atteigne des records.
Messages brouillés
Reste que, dans quelques jours, on va voter. La droite et la gauche traditionnelles ont explosé depuis l’avènement de la République en Marche. A droite, Jean Rottner, président sortant, tire la liste des Républicains, de l’Union des démocrates et indépendants. Mais il n’a pas le soutien des Républicains de Meurthe-et-Moselle depuis son clash avec Nadine Morano. En outre, il doit compter avec la liste de Brigitte Klinkert (LREM) dont il a déjà dit qu’il refuserait toute alliance entre les deux tours. Avant de se raviser à la lecture des derniers sondages qui le donnent en situation délicate face au Rassemblement National.
A gauche, Eliane Romani conduite la liste Europe écologie-Les Verts, Parti socialiste, Parti communiste. Mais elle est débordée sur sa gauche par l’Appel inédit d’Aurélie Filippetti (Générations.s, La France insoumise, Parti radical de gauche, Les Radicaux, Place publique). Elle-même débordée sur sa gauche par Louise Fève (Lutte Ouvrière).
Enfin, de l’autre côté de l’échiquier, Florian Philippot qui a changé de monture entre l’élection de 2015 et celle de 2021, passant du Front National à son nouveau parti Les Patriotes, est en chute libre si l’on en croit les sondages. Il est supplanté par l’arrivée de Laurent Jacobelli du Front National qui bouscule le jeu.
Deux autres candidats briguent les suffrages des électeurs du Grand Est : Martin Meyer (Unser Land) et Adil Tyane (Union des démocrates musulmans français).
Que disent les sondages ?
Que peut-il sortir de tout cela ? Difficile d’y voir clair tant les cartes sont brouillées et le contexte électoral compliqué. Il existe cependant plusieurs sondages qui semblent donner l’avantage, au second tour, au président sortant, Jean Rottner, notamment un sondage Ipsos pour France Télévisions.
Mais au premier tour, dimanche prochain, c’est Laurent Jacobelli qui devrait s’imposer avec un score proche de 30% des voix, devançant Jean Rottner à 24 ou 25% ! En troisième position, toujours selon les sondeurs, la liste conduite par Brigitte Klinkert (18-20%) suivie par Eliane Romani (16%), puis Aurélie Filippetti (10%). Tous les autres étant en-dessous de la barre des 5%.
Dans ce contexte, on comprend mieux la volte-face de Jean Rottner qui, s’il veut sauver sa peau, n’a pas d’autre choix que de faire alliance avec Brigitte Klinkert. Mais il n’en est pas à un retournement de veste près.
Rappelons quand même que ce ne sont pas les sondages qui votent, mais les électeurs.
Les listes en présence
1. « L’Appel inédit », conduite par Aurélie Filippetti (Générations.s, La France insoumise, Parti radical de gauche, Les Radicaux, Place publique)
2. « La force de nos territoires », conduite par Brigitte Klinkert (La République en marche, MoDem)
3. « Faire entendre le camp des travailleurs », conduite par Louise Fève (Lutte ouvrière)
4. « Liberté ! », conduite par Florian Philippot (Les Patriotes)
5. « Rassemblement pour l’Alsace, la Champagne-Ardenne et la Lorraine », conduite par Laurent Jacobelli (Rassemblement national)
6. « Stop Grand Est, en avant l’Alsace ! », conduite Martin Meyer (Unser Land)
7. « Agir pour ne plus subir », conduite par Adil Tyane (Union des démocrates musulmans français)
8. « Plus forts ensemble », conduite par Jean Rottner (Les Républicains, Union des démocrates et indépendants)
9. « Il est temps ! Pour l’écologie et la justice sociale en Grand Est », conduite par Eliane Romani (Europe écologie-Les Verts, Parti socialiste, Parti communiste).
"J. #Rottner a signé une tribune dans @lemondefr pour soutenir E. #Macron et saluer la nomination d'E. #Philippe. Ma ligne politique "n'est pas compatible avec la sienne selon lui". Mon bulletin de vote ne sera donc pas compatible avec lui non plus" @CNEWS #hdespros
— Nadine Morano (@nadine__morano) May 17, 2021