La consultation électorale des 15 et 22 mars 2020 s’annonce pleine de surprises et de joies dans nos villes et nos campagnes. Mais quel message politique pourrait bien sortir des urnes ?
Les électeurs français vont retourner aux urnes les 15 et 22 mars pour les élections municipales et intercommunales. Mais ce scrutin ne ressemblera pas tout à fait aux autres. Il se déroulera dans un contexte bien particulier : celui d’une France en état pré-insurrectionnel, déchirée depuis deux ans par le mouvement des Gilets jaunes, paralysée par des grèves et des manifestations sans fin contre la réforme des retraites, par le rejet unanime de la classe politique, essentiellement parisienne, écœurée par les affaires, genre Benalla, Delevoye, Mila, Belloubet, Castaner. Une France éclatée, entre la ville et la campagne, entre trop riches et trop pauvres. Que peut-il sortir de toutes ces inégalités, de ces ressentiments, de ces injustices jetées en vrac dans les urnes ?
Pas de marche arrière
Un grand chambardement. Car en France on ne vote plus depuis belle lurette pour un candidat ou pour un parti. On vote contre. Un coup, la droite est élue parce qu’on ne veut plus de la gauche. Un autre coup, la gauche est élue parce qu’on ne veut plus de la droite. Jusqu’en 2017 où, lassés de ce mouvement de balancier, les Français ont voté pour un extra-terrestre, un quasi-inconnu qui n’incarnait ni la droite ni la gauche mais…lui-même !
Ainsi naquit la République en Marche, ramassis d’ambitieux, d’opportunistes, d’amateurs sans véritables convictions autre que celle de faire carrière en politique.
Trois ans et quelques déconvenues plus tard, c’est la cata. Les députés de la majorité ont enfin compris qu’ils servaient de faire valoir à une politique erratique, hors sol, autoritaire, imposée par Jupiter-Macron pour sa seule gloire. Difficile, trois ans après, de se remettre en cause. La marche arrière n’existe pas en politique.
LREM : le début de la fin
Voilà donc le contexte dans lequel les Français vont s’exprimer localement les 15 et 22 mars. Sans jouer à Nostradamus, il n’est pas difficile de prédire que les électeurs vont massivement rejeter tous les candidats qui, de près ou de loin, ont des liens ou se prévalent du parti présidentiel.
Ces élections municipales vont marquer le début de la fin de la République en Marche. Emmanuel Macron se sait. Il lui faut tenir encore deux ans, jusqu’aux présidentielles, pour relancer une machine déjà bien grippée. Ce sera long et difficile.
crime de lèse-majesté
Quoi qu’il en soit la campagne des municipales a démarré sur les chapeaux de roues. A Paris, Cédric Villani, le mathématicien-député de la République en Marche se rebelle contre Jupiter. Crime de lèse-majesté, il a envoyé promener le président de la République qui lui demandait de rejoindre Benjamin Griveaux, candidat dans la capitale sous les couleurs (fanées) de LREM. Ce dernier a déjà fait une belle connerie en proposant de déménager la gare de l’Est en banlieue et de la remplacer par un parc verdoyant de 30 ha. Il s’intéresse désormais à éradiquer les punaises de lit dont Paris est infesté. Vaste programme !
La circulaire Castaner
Pourtant, la plus grosse bourde de ce début de campagne revient à Christophe Castaner. Le 10 décembre 2019, le ministre de l’Intérieur a adressé une missive aux préfets afin qu’ils suppriment les nuances politiques attribuées (autoritairement) aux candidats par le ministère de l’Intérieur dans les communes de moins de 9.000 habitants. En relevant le plafond du nombre d’habitants par ville de 3.500 à 9.000, le ministre souhaitait camoufler les mauvais résultats attendus de la LREM. L’opposition y a vu un tour de passe-passe, une atteinte inacceptable à la démocratie. Le Conseil d’Etat aussi qui a retoqué cette circulaire et obligé le ministre à revoir sa copie.
Ça commence fort. Il va y avoir du sport, à Paris comme dans les grandes et les petites villes de province. Et de belles parties de rigolade en perspective. Nous en reparlerons.