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En 2019, le tourisme est plus dynamique au-delà des frontières du Grand Est

Le tourisme est une composante importante de l’activité économique, en France comme dans les pays voisins du Nord et de l’Est, puisque les activités principalement touristiques peuvent représenter jusqu’à 9,5 % du PIB et 2 % de l’emploi (Insee).

L’Alsace attire de nombreux touristes (IDJ/DR)

Dans le Grand Est et les régions étrangères voisines, ce sont les territoires proches du Rhin, à commencer par le massif de la Forêt-Noire, qui enregistrent le plus grand nombre de nuitées. Les capacités d’accueil et le nombre de nuitées dans les hébergements touristiques sont très importantes côté allemand.
Pour les campings, c’est en Wallonie que le nombre d’emplacements est le plus élevé. Le Luxembourg attire beaucoup de non-résidents et le camping y joue un rôle important, tandis que l’Allemagne est dépendante de ses propres ressortissants. Quel que soit le pays, les non-résidents viennent surtout des pays voisins. La fréquentation touristique prend souvent de l’ampleur à partir de Pâques pour culminer l’été. Cette année de crise sanitaire a donc fortement touché le secteur, avec un repli des nuitées très important au printemps 2020 et un rebond inégal à l’été selon les régions.

Le tourisme : entre 4,6 % et 9,5 % du PIB

La consommation touristique intérieure représente 7,3 % du PIB en France en 2018, 9,5 % en Allemagne en 2015, 6,7 % en Suisse en 2014, 4,6 % en Belgique en 2016. Dans certains pays d’Europe, le tourisme participe encore plus à la création de richesse nationale, comme en Espagne (11,7 % du PIB en 2015).

Pour l’ensemble des cinq pays, France, Allemagne, Belgique, Luxembourg et Suisse, les activités principalement touristiques (transports aériens, hébergement, activités des agences de voyages) concernent 131 900 entreprises en 2018, soit 2,1 % du total des entreprises industrielles et commerciales, hors assurances. Les activités principalement touristiques représentent 1,4 % de l’emploi total en France, 1,8 % en Allemagne, 1,2 % en Belgique, 1,7 % en Suisse en 2019 et 1,9 % au Luxembourg en 2018 ; l’hébergement pèse fortement dans ces activités : entre 48 % (Luxembourg) et 70 % (Suisse).

En 2018, les 105 100 entreprises d’hébergement de ces cinq pays emploient 935 900 personnes. L’Allemagne et la France ont à peu près le même nombre d’entreprises, mais le nombre d’emplois est presque trois fois supérieur en Allemagne. Le nombre moyen d’emplois par entreprise est en effet plus élevé dans les pays voisins. Les entreprises du secteur dégagent en 2017 un chiffre d’affaires (CA) de 68,6 milliards d’euros pour l’ensemble de ces cinq pays. Presque la moitié de ce CA est réalisée par les entreprises allemandes (31,3 milliards) suivies de la France (27,1), puis de loin par la Suisse (7,3), la Belgique (2,6) et le Luxembourg (364 millions).

Grande capacité d’accueil côté allemand

Le nombre d’hôtels ainsi que les capacités d’accueil du Bade-Wurtemberg et de la Rhénanie-Palatinat sont supérieurs à ceux des régions voisines. Rapportée à la population, la capacité d’accueil est cependant comparable aux autres régions. En moyenne, les hôtels proposent une soixantaine de lits, sauf dans le Bade-Wurtemberg et en Alsace où cette capacité est plus grande (81 et 75 lits) ; elle est en revanche beaucoup moins importante au Luxembourg (33).

En ce qui concerne les campings, c’est la Wallonie qui dispose du plus grand nombre d’emplacements, tandis qu’en Suisse du Nord-Ouest, l’hôtellerie de plein air est sous-dimensionnée (seulement 461 emplacements, soit 0,3 pour 1 000 habitants). La capacité moyenne des campings y est la plus basse (33 emplacements) alors qu’en Wallonie ou au

Luxembourg, les campings offrent plus de 100 emplacements en moyenne.

Le nombre de nuitées dans les hôtels progresse fortement depuis une dizaine d’années dans le Bade-Wurtemberg et en Sarre (hausse de plus de 20 % entre 2010 et 2019) ainsi qu’au Luxembourg, en Suisse du Nord-Ouest et en Alsace (+ 15 % à + 20 %) (figure 2). La progression est plus lente en Champagne-Ardenne et en Lorraine. L’évolution de la fréquentation des hôtels n’est pas forcément en adéquation avec celle des capacités d’accueil ou du nombre d’établissements d’hébergement, ce qui signifie qu’il y a eu un sur ou sous-dimensionnement au départ.
Ainsi, au Luxembourg, le nombre d’hôtels a baissé de 10 %, la capacité en lits de 14 %, alors que les nuitées augmentaient de 32 % entre 2010 et 2019. En Alsace, la fréquentation s’accroît également (+ 17 % entre 2011 et 2019), bien que la capacité d’accueil reste relativement stable (+ 5 %). En Suisse du Nord-Ouest, les capacités ont suivi la hausse du nombre de nuitées (+ 20 % environ entre 2010 et 2019), tandis que le nombre d’hôtels baissait légèrement (- 10 %).

Des aimants touristiques

La répartition de la fréquentation touristique se fait de façon inégale ; les grandes villes, le massif de la Forêt Noire et les bords du Rhin sont attractifs, ainsi que le Luxembourg et la région de Stuttgart. Les régions frontalières du Grand Est sont entourées de gros aimants touristiques comme Paris, Bruxelles, Gand, Bruges, Zurich, Lausanne ou Genève. La région la plus fréquentée est le Bade-Wurtemberg avec 50,5 millions de nuitées dans les hôtels, campings et autres hébergements touristiques. Suivent loin derrière, la Rhénanie-Palatinat avec 23,9 millions de nuitées et l’Alsace (10,6 millions).

Forte fréquentation des campings au Luxembourg

Dans presque toutes les régions concernées, la fréquentation augmente de façon régulière au cours de l’année pour atteindre son pic en été (juillet ou août). Cela est particulièrement vrai pour les nuitées dans les campings, pour des raisons évidentes liées aux conditions météorologiques. Le camping occupe une place importante au Luxembourg, en Wallonie, en Lorraine, ainsi qu’en Champagne-Ardenne. Mais tandis que la durée moyenne de séjour y est généralement comprise entre 2 et 3 jours, elle est de 5,7 jours au Luxembourg. Il semblerait que le camping soit un moyen économique pour les Européens du nord de faire une pause sur leur trajet vers le Sud, tandis que le Luxembourg serait une destination en soi. Dans les hôtels, la fréquentation peut varier de façon importante, comme en Rhénanie-Palatinat, où les établissements enregistrent presque trois fois plus de nuitées en août qu’en janvier. Au Luxembourg, les nuitées hôtelières sont en revanche plus uniformément réparties sur l’année. Particularité en Alsace, la forte fréquentation des marchés de Noël fait qu’au mois de décembre, on compte autant de nuitées qu’au mois d’août.

Impact de la crise sanitaire sur la fréquentation touristique

Le début du printemps est généralement le coup d’envoi de la saison touristique dans le Grand Est et les régions étrangères voisines, mais on assiste en 2020 à un effondrement de la fréquentation touristique en raison des mesures prises à partir de la mi-mars pour lutter contre la propagation du Sars-Cov-2.
Ainsi, les nuitées touristiques dans les hôtels baissent globalement d’environ 70 % en mars et de 90 % en avril, par rapport aux mêmes mois de l’année précédente. Au cours du premier semestre 2020, la Suisse enregistre 9,9 millions de nuitées, soit une baisse historique de 48 % par rapport au premier semestre 2019. C’est en avril que la situation est la plus sévère : – 87 % pour la clientèle suisse et – 96 % pour la clientèle étrangère. La région bâloise connaît un recul de 57 % et celle d’Argovie de 49 %.

La Belgique en forte chute

L’Allemagne compte, dans le même temps, 117,5 millions de nuitées, soit une diminution de 47 % (- 44 % pour la clientèle allemande et – 61 % pour la clientèle étrangère). Dans le Bade-Wurtemberg, les résultats sont similaires : – 48 % de janvier à juin 2020 comparés à la même période de 2019, et les Kreise touristiques de Heidelberg et de Stuttgart sont particulièrement affectés (- 55 %). En Rhénanie-Palatinat, la fréquentation diminue de 48 % et en Sarre de 44 %. La situation est encore plus critique au Luxembourg avec – 62 %.
Mais c’est en Belgique (pour tous types d’hébergement confondus), que le nombre de nuitées a le plus chuté : – 71 % et – 73 % dans la région wallonne. La situation semble se redresser en mai pour toutes les régions, plus ou moins favorablement. De mi-mars à mi-mai, certains hôtels n’ont pu accueillir que des personnels de santé ou des personnes nécessiteuses à des fins non touristiques. L’activité touristique n’a pu reprendre que mi-mai. Au troisième trimestre, l’activité a presque pu redémarrer comme à son habitude, du moins en Wallonie, Sarre et Rhénanie-Palatinat, les hôtels des autres régions ne réalisant que 50 % à 75 % des nuitées de l’été 2019.

Lorsque les chiffres sont disponibles, on note une baisse très importante du chiffre d’affaires des hôteliers du Grand Est et des Länder du Bade-Wurtemberg ou de Sarre : entre – 80 et – 90 % en avril par rapport au mois d’avril 2019 ; l’évolution est ensuite comparable avec une lente récupération, mais le niveau du CA accuse encore une baisse de 25 % en juillet.

Corinne Challand, Marie-Laure Kayali (Insee)

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