Notre planète Terre, Gaïa chez les Grecs, considérée comme un être vivant, correspond régulièrement avec une autre planète de l’univers, Aurore Kepler 452 b dans la constellation du Cygne. Gilles Voydeville nous fait découvrir cette magnifique correspondance interstellaire. Aujourd’hui, Aurore interroge Gaïa sur la vie politique en France.
Par Gilles Voydeville
Mois des huitres grasses sur Kepler
Mois de juillet 2024 sur Gaïa
Ma chère Gaïa,
Comme je te plains ! Tu vois les plus vieux démons resurgir et tu ne peux les combattre. Car ils se cachent au fond de l’âme de chacun de tes charmants petits humanoïdes qui, s’ils tardent à les dompter, finiront par être subjugués et guidés vers le chaos. Quand ton pays de France envisage de confier son destin à l’extrême droite qui rapidement la privera de sa liberté, je me demande où est passée la raison de ce peuple. Car si je constate que ses partis de droite et d’extrême-droite partagent souvent les mêmes objectifs, les moyens qu’utilisera l’extrême pour les atteindre sera toujours plus radical et souvent illégal pour conserver ce pouvoir, certes acquis par les urnes mais prorogé par les manipulations et les manœuvres frauduleuses qui sont le modus vivendi de ces partis autoritaires.
Pour les extrémistes, le mensonge est existentiel
Car le fond de leur cœur est d’un noir d’encre, fangeux comme glaise et puant comme latrines. Pour être élus, ces charmants petits individus ne peuvent pas dire ce qui est indicible et doivent cacher le tréfond de leur âme sous des apparences convenables.
Dans l’exercice du pouvoir démocratique, le mensonge est d’un usage fréquent et fait partie du jeu politique. Mais sous peine d’être qualifié d’illibéral, un parti doit absolument le bannir de trois des sphères essentielles :
- La Justice, gardienne de la vérité.
- L’Université réceptacle et diffuseur des multiples et différents savoirs.
- L’Information, qui muselée ne sera plus ni plurielle ni factuelle.
Ma chère Gaïa, je m’aperçois que ton peuple de France ne sait pas encore que ces trois sphères seront les cibles privilégiées des extrêmes droites qui, en les corrompant, travestiront son jugement pour conserver le pouvoir. Quand j’examine les comportements des extrémistes des autres contrées, je m’aperçois qu’il n’y a pas d’exception à ces pratiques mensongères. Ils chantent comme les sirènes des récifs et se déhanchent dans la brume pour séduire les déboussolés de ton monde charmant, les déçus qui ont perdu le cap qui leur faisait accepter leur sort par la croyance d’un futur ou d’un au-delà meilleur. Les pessimistes, les craintifs, les racistes membres d’une race fantasmée. Pour tout te dire tout ceux qui sont insatisfaits de leur condition humaine.
En vérité ton Charmant n’est pas raisonnable
Il n’a pas le sens commun d’une fourmi. Il veut toujours faire moins et obtenir plus. La largesse du gouvernement tricolore pendant la pandémie de la Covid lui convenait parfaitement bien : ne rien faire, réclamer, recevoir de l’argent. Le paradis sur terre, toutefois soumis aux accents jupitériens d’un dieu qui a fini par lasser.
Mais que ce peuple est naïf ! Croit-il vraiment que des analphabètes réactionnaires vont résoudre l’impossible équation d’un bonheur partagé ? Ce peuple génère toujours des élites intelligentes qui réfléchissent, étudient encore et encore pour trouver des solutions. Et subitement le peuple décide de les remplacer, de se mettre sous la coupe de gens sans expérience, sans diplôme, sans culture, ceux qui promettent sans vergogne avec un savoir-faire de sophistes entraînés à la rhétorique de la séduction des masses. Ce peuple le fait-il pour essayer, pour voir si ce sera mieux ? Mais c’est tout vu. Il paiera vite la facture.
Ça n’est pas parce que le bureau de poste a été supprimé qu’il faut mettre un épouvantail à la mairie.
Ah, quel peuple!
Tu te souviens que les ancêtres de ce peuple étaient Gaulois et toujours craintifs du grand malheur d’être écrasés par la chute de la voûte céleste. Le bonheur leur vint d’un pouvoir centralisé par les Francs, d’où conquêtes, puissance, savoir, puis de la force de leur industrie manufacturière et de l’étendue de leurs champs de blé ondoyants sous la brise avant d’aller garnir leurs greniers. Et maintenant qu’il faut partager la puissance et les richesses avec de plus grands pays, ils se confortent dans l’idée qu’ils sont mal gouvernés alors qu’ils font tout pour travailler moins et moins longtemps ! Ah quel peuple !
La grande question que je te pose ma chère Gaïa, c’est comment font tes charmants humanoïdes pour considérer le vote extrémiste d’une partie du peuple comme un danger extérieur ? Alors qu’il fait partie d’eux-mêmes ! Comment éradiquer quelque chose qui vous constitue ? L’amputation, la chimiothérapie, l’irradiation sont des méthodes appliquées au corps charmant quand son centre décisionnel donne son accord. Mais pour un peuple où se situe ce centre ?
Ceux qui travaillent et ceux qui ne travaillent pas
Le juste raisonnement serait plutôt qu’il apprenne à se prémunir contre lui-même. Peut-être devrait-il s’amender plutôt que de considérer l’extrémisme comme une attaque extérieure. Cet extrémisme est un cancer qui progresse dans un corps malsain qui a perdu les notions simples de tolérance, d’accueil, de modération. Tes politiques devraient y réfléchir…
Tu m’écrivais il y a plus de deux ans que le populisme était une réaction du peuple qui s’insurge contre les avantages que la loi a fini par accorder à certains groupes ou groupuscules et donc au final à désavantager le peuple par rapport à ces fins manouvriers.
En fait, j’ai l’impression que tes Français qui travaillent ne supportent plus ceux qui ne travaillent pas et qui profitent du système de couverture sociale sans jamais y contribuer. Même si les profiteurs sont relativement peu nombreux, l’injustice ressentie par les travailleurs est immense et ils ont tendance à croire qu’ils sont les dindons d’une farce que les élites ont écrite pour les berner. Alors que c’est eux-mêmes qui voulaient toujours plus de prestations sociales au cas où, et qu’ils ont fini par obtenir plus d’avantages que le reste de ton monde : travail hebdomadaire le plus court de l’OCDE, chômage de longue durée récompensé par une prestation très proche du salaire, retraite la plus précoce et souvent anticipée, RSA sans justification, allocations familiales démesurées, congés de naissance étendus aux pères, sports remboursés sur ordonnance. Sans se douter que chacun, c’est-à-dire l’autre, saurait en profiter plus que ces travailleurs ne l’imaginaient.
En fait ta France est victime de sa générosité et de sa frilosité
C’est le pays où les dépenses sociales sont les plus élevées sur ta terre. La charité publique y est très bien ordonnée. Et tes autres peuples ne comprennent pas pourquoi c’est là plus qu’ailleurs que s’exprime la révolte du peuple. Je crois ma chère Gaïa que c’est parce qu’il est tellement tentant d’abuser des bienfaits sociaux et si facile de les obtenir que les fraudeurs et les bénéficiaires se font plus nombreux. Il y aurait 75 millions d’assurés sociaux pour une population de 67 millions dixit la Cour des Comptes de ce pays…
Ta lune était surprise et m’a envoyé ces informations en urgence : l’allocation versée à une femme seule pour élever un enfant est très importante, mais si elle en a trois, quatre, cinq, elle devient colossale. Si ceci qui s’ajoute à un loyer gratuit, à des frais de cantine symboliques, son niveau de vie peut encore s’améliorer, surtout si l’on ajoute celui de son conjoint déclaré séparé par un bail… Et comme ces prestations coutent très cher, elles grèvent le revenu des travailleurs qui stagne et décroche d’avec celui de l’Europe du nord et des États Unis.
Ainsi les bénéficiaires stigmatisent le ressentiment populaire
Ce peuple de France a atteint la limite du trop social. Trop de prestations ne le calment pas, elles l’agacent tant qu’il travaille, mais malgré leur abondance, elles ne lui suffisent pas quand il en profite. Il est si craintif que dès qu’il peut se garantir de la perte de quelque chose par accident, maladie ou procréation, il fait une loi pour se protéger. Et si l’État verse des prestations non pas à des miséreux mais à des fraudeurs – surtout s’ils sont issus de la diversité – alors le peuple menace de renverser la table.
Je vois bien que l’appétit des Français pour se prémunir contre une incapacité ou une maladie a créé un Géant bienfaisant sensé les protéger en toutes circonstances. Mais j’ai l’impression que ce Géant commence à grignoter son créateur, le peuple qui ne veut pas se faire dévorer et le fait savoir en votant pour des héraults de foire extrêmement droitiers. Mais ce ne sont pas ces saltimbanques qui trouveront la solution car ils sont trop radicaux pour raisonner, trop peu éduqués pour comprendre et trop enclins à assumer leur racisme vernaculaire pour avoir les idées claires et pratiquer la juste mesure pour réussir.
Le problème étant posé, c’est aux gens de raison de trouver la réponse qui vu d’ici semble relativement simple : avoir le courage de diminuer les prestations sociales qui incitent à ne pas travailler.
Les indemnisations de trop longue durée, les RSA versés aux travailleurs non déclarés, les incitations à procréer des enfants souvent non désirés et mal éduqués dans un milieu défavorisé, la conservation des indemnités pour les parents dont les enfants sont placés à l’assistance publique.
Il faut que tes peuples sortent de ce mantra de l’accroissement du nombre à tout prix et éduquent mieux pour diminuer l’analphabétisme générateur de délinquance. Ce qui diminuera l’insécurité, permettra une élévation des salaires par moindre prélèvement social.
Ce qui rassurera les craintifs du grand remplacement
Oser dénoncer les abus les plus évidents engendrera le renouvellement de la confiance du peuple dans les élites.
Ta lune m’apprend, comme tu l’avais prédit, que les extrémistes de droite n’ont pas gagné les élections du pays de France. Mais si ce mal dont je t’entretiens n’est pas soigné avec l’attention et la rigueur qu’il nécessite, soit certaine ma chère Gaïa que malgré tes convictions, ils finiront par gagner.
Par crainte, par paresse, par tradition, par lassitude, par ignorance, tes élites politiques n’ont pas le courage de s’attaquer au volet social de ce beau pays, hypertrophié, inadapté, détourné… C’est pourtant ce que leur demande une partie du peuple par son vote populiste, peuple ambigu qui craint la déchéance et se protège par des prestations uniques au monde mais qui, voyant ses largesses en servir d’autres, en devient fou.
Les ancêtres de ton charmant peuple de France avaient donc peur que le ciel ne leur tombât sur la tête. Aujourd’hui ils ont remplacé le ciel par le tablier du pont sous lequel ils dormiront si rien n’évolue… Ils sont craintifs, apeurés, jaloux, complotistes, vindicatifs et prêts à la révolte. Leurs comportements sont nourris par leur croyance que l’on peut se préserver de tous les malheurs par des lois et des dépenses considérables en vue des mauvais jours forcément à venir… L’obsession de la couverture du risque est perverse car elle a créé des avantages insoupçonnés ou du moins les a attribués à des bénéficiaires paresseux et inattendus.
Trop d’impôt tue l’Impôt, trop de social mine la Société
Je crains que la nomination d’un Premier socialiste ne résolve pas le problème du populisme. Car ce corps politique a toujours été dans la surenchère des prestations sociales. S’il dirige, je serais fort étonné qu’il sabre dans le volet social de cette nation. Les Socialistes sont sympathiques et généreux – surtout avec l’argent des riches – mais en vérité je pense qu’ils vont creuser la tombe de la démocratie. Si leur réponse est la même qu’auparavant, s’occuper certes des minorités de la diversité mais pas de la souffrance des femmes, augmenter les aides sociales et ponctionner les possédants, ils iront encore une fois dans le mur de leurs illusions et disparaîtront derechef de la scène et pour assez longtemps car leurs remplaçants n’hésiteront pas à user de tous les moyens que j’ai évoqués pour corrompre les trois piliers d’où les démocrates bannissent le mensonge.
Oh, que ne me dit pas ta Lune ? Le Front de gauche du pays de France qui s’est formé en un instant pour gagner les élections, se cherche un Premier depuis une demi-lune. S’ils ne s’accordent pas entre eux alors que leur prééminence est déjà relative et devra composer avec d’autres, l’avenir est limpide et sans issue sous cette forme. Leur aile droite c’est-à-dire les socialistes, devra s’allier au Centre et à la Droite pour diriger ce pays. Nous verrons…
Ma chère Gaïa, je t’enlace de rubans tricolores qui ceignent le buste de ceux qui vont réfléchir et agir pour éviter le chaos.
Ton Aurore