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« La petite vadrouille » et la croisière s’amuse

« C’était un pari de cinéma de jouer sur la lenteur et la répétition », confie Bruno Podalydès, qui nous donne envie d’embarquer avec sa troupe dans ce film burlesque, drôle, fantaisiste et bienveillant. Un peu de tendresse dans ce monde de brutes.

Une bande de copains organise une aimable entourloupe, une escapade sur le Canal du Nivernais pour un patron fortuné.
C’est à bord d’une « Pénichette » que se déroule « La petite vadrouille » ni fast ni furious, qui s’écoule tranquillement sur le Canal du Nivernais.

Titrer son film « La petite vadrouille » (sortie le 5 juin) est à la fois une référence évidente et un hommage à l’œuvre de Gérard Oury, avec Bourvil et de Funès, tant le réalisateur Bruno Podalydès et son frère Denis devenu acteur ont regardé « La grande vadrouille » lorsqu’ils étaient enfants. « Et puis parce que ça me semblait une petite vadrouille et un pendant rigolo, j’avais pensé l’appeler La Pénichette », précisait le cinéaste aux Rencontres du Cinéma de Gérardmer, où il était venu présenter son film en avant-première.

« J’ai un tropisme avec l’eau », reconnait l’heureux propriétaire de neuf kayaks, qui justement pagayait dans « Comme un avion », tentait de manœuvrer un voilier dans « Liberté-Oléron », et est désormais adepte de tourisme fluvial. C’est effectivement à bord de la « Pénichette » que se déroule sa « Petite vadrouille » ni fast ni furious, qui s’écoule tranquillement sur le Canal du Nivernais, à cinq nœuds à l’heure, écluse après écluse. « C’était un pari de cinéma de jouer sur la lenteur et la répétition », estime Bruno Podalydès.

Une petite arnaque un peu foireuse

Tout commence par la proposition presque honnête d’un patron (joué par Daniel Auteuil) à sa collaboratrice Justine (Sandrine Kiberlain) : lui organiser un week-end romantique et surprise, à son propre goût. Budget alloué : une enveloppe de 14.000€. Une belle occase pour Justine, son mari (Denis Podalydès), et leur bande de copains, « sympathiquement imparfaits » et tous endettés. « Ce qui crée un lien entre eux, c’est qu’ils se doivent de l’argent, ils sont redevables les uns envers les autres. On peut faire de très belles choses avec un moteur pas élégant », sourit le réalisateur.

Denis Podalydès, Sandrine Kiberlain, Daniel Auteuil, et le reste de la troupe nous amusent avec cette croisière. (Photos AF-Brillot).

Ensemble, cette belle équipe va donc monter une petite arnaque un peu foireuse, une aimable entourloupe, une croisière survendue pour se remettre à flots. Uniforme blanc, casquette et lunettes de soleil, Bruno Podalydès s’est donné le rôle du (faux) capitaine de la « Pénichette » : « Je dirigeais vraiment le bateau, je me sentais capitaine de croisière (…) Quand je joue chez les autres, j’ai un trac fou, là j’ai l’impression de mettre les pieds sous la table ». Le réalisateur s’est entouré de sa troupe habituelle, à commencer par son frangin Denis (« C’est quand même un excellent comédien, il ne sait pas toujours quel rôle je vais lui donner »), Sandrine Kiberlain (« Elle rendrait crédible n’importe quelle réplique mal écrite »), Isabelle Candelier, Jean-Noël Brouté, Florence Muller… et un nouveau dans la bande, Daniel Auteuil en patron faussement naïf : « Il était enthousiaste, il a rendu ce personnage attachant, il ne voulait pas non plus en faire un prédateur, Daniel lui a donné plein de finesse et d’allégresse, il avait un plaisir de jouer permanent », assure le réalisateur.

Un mélange de gaieté et de charme

La croisière s’amuse et nous amuse avec ce film burlesque, drôle, fantaisiste et bienveillant ; un mélange de gaieté et de charme, de bonne humeur et de maladresse, comme bien souvent dans le cinéma de Bruno Podalydès (« Les Deux Alfred », « Adieu Berthe »…). On y trouve des inventions fûtées telle cette main articulée pour choper les pourboires (« J’aime bien les objets, tout ce qui est chiné », confie le cinéaste) ; des chansons populaires, dont « Elle était si jolie » d’Alain Barrière : « C’est une chanson qui vieillit très bien, grâce à la radio ce sont des traits d’union partagés » ; un groupe de jeunes activistes dont le mot d’ordre est « Continuer sans accepter » ; et forcément un aspect bande dessinée, par celui qui a adapté « Bécassine ».

Tout cela nous donne envie d’embarquer avec eux dans « La petite vadrouille », cette joyeuse guinguette itinérante, pour profiter d’un moment de tendresse dans ce monde de brutes et du retour d’un concept démodé, la camaraderie.

Patrick TARDIT

« La petite vadrouille », un film de Bruno Podalydès, avec Sandrine Kiberlain, Daniel Auteuil, Denis Podalydès (sortie le 5 juin).

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