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« Un p’tit truc en plus », l’humour

« Ce n’est pas un film sur le handicap, c’est un film avec des acteurs en situation de handicap », précise Artus, qui a réalisé une comédie sensible sur la différence.

Deux braqueurs en cavale se planquent parmi une bien joyeuse colonie de vacances (Photos David Koskas).

« J’avais envie de mettre en lumière des gens qui ne le sont jamais », assurait Artus, lors de l’avant-première de « Un p’tit truc en plus » (sortie le 1er mai), aux Rencontres du Cinéma de Gérardmer. Déjà venu présenter au même endroit « J’adore ce que vous faites », où il jouait un fan trop collant de Gérard Lanvin, le comédien présentait cette fois son premier film en tant que réalisateur, dans lequel il rit avec des « gens atypiques », des handicapés mentaux.

Artus et Clovis Cornillac y jouent deux braqueurs père et fils qui, pour échapper à la police après le casse d’une bijouterie, montent dans un bus en partance pour les vacances. A l’intérieur, de jeunes adultes handicapés et leurs éducateurs. Paulo se fait passer pour Sylvain, « jouant » à l’handicapé, et son paternel pour son éducateur. Finalement bien planqués dans un gîte à la campagne, ils sentent que « ça va être long », tout ce temps passé avec Gad, Marie, Mayane, Boris… et les autres, le fan de Dalida, l’éternel déguisé, le supporter de Benzema, l’accro de Sarkozy, celui qui balance des horreurs en souriant, la myope qui reçoit les ballons dans la tête… une dizaine de comédiens handicapés qui forment la troupe du film.

Porteur de la flamme olympique

« S’ils sont comme tout le monde, on a le droit de les vanner », estime Artus.

« Ce n’est pas un film sur le handicap, c’est un film avec des acteurs en situation de handicap. Cela aurait été beaucoup plus compliqué à faire avec des acteurs », assure Artus, qui apprécie leur innocence, leur côté sans filtre : « Ils n’ont pas les codes sociaux », dit-il. Et s’ils ont un p’tit truc en plus, c’est bien l’humour : « S’ils sont comme tout le monde, on a le droit de les vanner. Là où ça leur fait le plus plaisir, c’est quand on oublie leur handicap », constate Artus, parrain de Handicap International et des Jeux Paralympiques, la fédération ayant apprécié son sketch sur le handisport. Le comédien sera d’ailleurs porteur de la flamme olympique à Montpellier.

A travers notamment du personnage joué par Alice Belaïdi, le réalisateur met aussi en valeur de dévoués éducateurs : « Educateur, c’est un métier qui n’est pas du tout valorisé », constate Artus, qui a tourné une comédie sensible sur la différence. Dans cette plutôt joyeuse colonie de vacances, les braqueurs vont bien sûr s’ouvrir, s’humaniser, et changer au contact de cette troupe pas comme les autres. De bons sentiments certes, mais avec ce qu’il faut de décalage, de fantaisie, de bienveillance, et surtout pas de moquerie. « Le juste milieu », le bon ton, pas si facile à trouver : « Ca s’est fait naturellement, c’est le rire vicieux qui est malsain », assure Artus, « Je suis très proche d’eux, j’ai toujours été attiré par la différence, qui a décidé qui est considéré comme handicapé ou pas ? ».

En prime, la séquence d’ouverture du film est à elle seule une incitation à ne pas se garer sur les places réservées aux handicapés.

Patrick TARDIT

« Un p’tit truc en plus », un film d’Artus, avec Clovis Cornillac et Alice Belaïdi (sortie le 1er mai).

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