Lorsque l’enfant paraît, Fabrice Luchini incarne un papy attendri dans ce film de Guillaume Nicloux, simple et réconfortant.
C’est en veuf, solitaire, barbu, vieilli, qu’apparaît Fabrice Luchini dans « La Petite » (sortie le 20 septembre), film de Guillaume Nicloux, réalisateur à la filmographie hétéroclite : « Le Poulpe », « La Religieuse », « Cette femme-là », « Valley of love », « Une affaire privée »… ou dernièrement l’horreur de « La Tour ».
D’une conception plus classique, « La Petite » est adapté (avec l’auteur) d’un roman de Fanny Chesnel, « Le Berceau ». Taciturne depuis la mort de son épouse, le Joseph ébéniste qu’incarne Luchini apprend par un coup de téléphone que son fils et son compagnon ont disparu dans un accident d’avion. Disparus au point que la cérémonie funéraire se déroule sans corps, accablant le vieil homme. Joseph n’a alors plus qu’une idée fixe : retrouver l’enfant que les garçons « attendaient », après avoir passé un contrat moral avec une mère porteuse en Belgique. Après avoir acheté hors-de- prix un berceau à une vente aux enchères, il part seul à Gand, passant outre l’avis de sa fille Aude (Maud Wyler) pourtant toute dévouée à son père.
L’espoir d’une vie plus douce
Souhaitant d’abord seulement « maintenir un lien avec l’enfant », Joseph recherche la future maman, cette Rita dont il ne sait quasiment rien. Lorsqu’enfin il sonne à sa porte, l’accueil n’est pas très chaleureux : Rita (Mara Taquin), déjà mère d’une fillette et très enceinte, n’a pas l’intention de garder ce bébé qu’elle n’a fait que porter et a prévu de le donner à l’adoption. Pas aidé par les beaux-parents de son fils, trop cathos pour envisager une gestation pour autrui, Joseph est lui prêt à tout pour ce bébé sans parents, cette petite à venir qui est déjà sa petite-fille. Comme un devoir envers ce fils avec qui il était un peu fâché, éloigné.
Finalement, d’abord heurtée, la relation s’apaise entre Joseph et Rita. Pour une fois tout en retenue et intériorité, Luchini joue un futur papy attendri qui assiste à l’échographie, écoute ému le cœur du bébé. Plus tard, il est là aussi pour l’accouchement, et lorsque l’enfant paraît, il va découvrir l’art d’être grand-père, retrouver vitalité et goût à la vie avec la naissance de Pauline. Rita aussi va envisager une vie plus douce que ne lui promettait sa situation précaire. Il y a ainsi du réconfort, de la simplicité, de la tendresse et de l’émotion à sa juste mesure dans ce film qui ne tombe pas dans le mélo ni dans le pathos tire-larmes. « La Petite » n’est pas bouleversante mais suffisamment touchante pour attendrir.
Patrick TARDIT
« La Petite », un film de Guillaume Nicloux, avec Fabrice Luchini et Mara Taquin (sortie le 20 septembre).