Vosges
Partager
S'abonner
Ajoutez IDJ à vos Favoris Google News

« A contretemps » : une journée de chien

Juan Diego Botto signe un film très fort, puissant, sur la crise immobilière et sociale en Espagne, porté par Penelope Cruz et Luis Tosar.

Ce film raconte aussi la colère et la solidarité, la mobilisation, une révolte citoyenne contre l’injustice, l’impunité, et le pouvoir de l’argent.

Le choix du titre français, « A contretemps » (sortie le 5 juillet), est assez curieux et ne dit pas grand-chose du contenu du premier long-métrage réalisé par l’acteur Juan Diego Botto, « En los margenes ». Nominé cinq fois aux Goya (les César espagnols), c’est un film très fort, prenant, puissant, qui avait été présenté en avant-première aux Rencontres du Cinéma de Gérardmer. Un thriller social qui évoque notamment la spéculation immobilière en Espagne, le drame de propriétaires floués, dupés par des intérêts abusifs, incapables de rembourser leurs prêts, mais aussi la résistance citoyenne qui s’organise contre le cynisme des banques et des financiers.

C’est ainsi une véritable journée de chien que vont vivre quelques-uns de ses personnages. Rafa (interprété par Luis Tosar) tout d’abord, un avocat, du genre à défendre la veuve et l’orphelin, mais qui du coup n’est pas très présent pour sa propre famille. Dans toute cette journée pourrie, Rafa va se démener pour retirer une gamine des griffes des services sociaux et retrouver sa mère, immigrée clandestine qui cumule plusieurs boulots et risque l’extradition.

Banquiers et promoteurs sans vergogne

Rafa croise Azucena (incarnée par Penelope Cruz), pour qui la journée n’est pas meilleure : c’est la dernière avant que ne soit exécutée la menace d’expulsion de son appartement. Implorer le banquier est évidemment sans effet pour cette mère séparée de son mari (joué par le réalisateur lui-même, Juan Diego Botto), devenue travailleuse précaire, caissière au supermarché, et réduite à l’aide alimentaire. Cette journée sera peut-être aussi la toute dernière d’une vieille mère qui essaie désespérément de joindre son fils au téléphone ; le fiston « a merdé », et ne répond pas, par honte, ignorant que les mères ça pardonne tout.

Rafa et Azucena accumulent les emmerdes, passent leur temps à courir dans Madrid, à essayer de se démêler des ennuis. A travers eux, Juan Diego Botto raconte tous ces Espagnols victimes du scandale de la crise immobilière, victimes de banquiers et promoteurs sans vergogne ; il raconte le surendettement, les « accidents de la vie », les expropriations, la précarité, le suicide, la violence, sociale et policière. Mais au cours de ce récit déchirant, de cette journée de galère, il raconte aussi la colère et la solidarité, la mobilisation, des voisins, d’associations, une révolte citoyenne contre l’injustice, l’impunité, et le pouvoir de l’argent.

Patrick TARDIT

« A contretemps », un film de Juan Diego Botto, avec Penelope Cruz et Luis Tosar (sortie le 5 juillet).

Penelope Cruz et Luis Tosar incarnent deux Madrilènes qui accumulent les emmerdes, passent leur temps à courir, à essayer de se démêler des ennuis.
Espagne Europe France Grand Est Lorraine Vosges