Lee Isaac Chung évoque ses souvenirs familiaux dans cette chronique délicate et singulière, sélectionnée au Festival de Deauville puis Oscarisée.
Malgré son titre exotique, « Minari » (sortie le 23 juin), nom d’un légume coréen du genre cresson ou céleri, avait toute sa place en ouverture du Festival du Cinéma Américain de Deauville. Car même si on y parle coréen, ce qui lui valut le Golden Globe du meilleur film en langue étrangère, et que des Coréens en sont les personnages principaux, c’est bien en Amérique que se déroule le film de Lee Isaac Chung. Le cinéaste y raconte son histoire, ses souvenirs d’enfance, lorsque gamin malingre (il est incarné par le jeune Alan Kim), il est arrivé avec sa sœur et ses parents « au milieu de nulle part », dans un coin paumé d’Arkansas.
« C’est de pire en pire », se plaint alors la mère, lassée des lubies son mari, en découvrant le mobil-home où va désormais loger la famille. Le père, lui, a choisi ce coin perdu pour la couleur de la terre, « la meilleure d’Amérique » ; il y devine un futur petit paradis, y ressent l’espérance d’une vie meilleure. Mais tout en exploitant leur terrain, où ils plantent des fruits et légumes coréens, les parents travaillent aussi dans un élevage de poulets, à trier les poussins. L’arrivée d’une drôle de mamie va perturber la vie de la famille et du fiston, pas uniquement parce qu’elle s’installe dans sa chambre ; formidable, l’actrice Yuh-Jung Youn a reçu l’Oscar du meilleur second rôle féminin pour l’incarnation de cette grand-mère un peu bizarre. En quittant la Corée, elle a glissé dans ses bagages des graines de minari, qui vont se plaire en terre américaine.
Car c’est effectivement un film et une histoire très américains que ce récit où des immigrés asiatiques ont cru au fameux rêve américain. Il y a beaucoup de tendresse et d’authenticité dans cette chronique familiale, singulière certes, qui touche par sa simplicité, son humanité, et sa délicatesse.
Patrick TARDIT
« Minari », un film de Lee Isaac Chung (sortie le 23 juin).