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Voyage en « Douce France »

Urbains et ruraux voisins se rencontrent dans le documentaire de Geoffrey Couanon, mobilisés contre un méga-projet « inutile ».

Habitants des villes et habitants des champs, ce film rassemble deux mondes qui jusqu’alors ne se fréquentaient pas.

Geoffrey Couanon a donné pour titre à son documentaire celui d’une fameuse chanson de Charles Trénet, reprise plus tard par Rachid Taha, « Douce France » (sortie le 16 juin). C’est effectivement en partie dans une douce France que se déroule son film, une campagne française qui pourrait être paisible si elle n’était pas menacée, une campagne du 93. Ses personnages principaux viennent aussi du 93, mais d’une France moins douce, celle des grands ensembles, des cités dortoir de la banlieue parisienne.

Amina, Sami, et Jennyfer sont lycéens à Villepinte, en 2017. Guidés par leurs profs pour un travail de groupe, ils vont découvrir un univers très différent du leur mais pourtant tout proche, ces prés et ces champs immenses juste à côté de chez eux. Leur sujet d’étude : le méga projet d’EuropaCity, immense centre commercial et de loisirs, la bétonisation de 280 hectares de bonnes terres agricoles dans le triangle de Gonesse, « la plaine de France ». A la place du maïs, du colza et des betteraves, des boutiques par centaines, des bureaux, un centre aquatique et même une piste de ski indoor…

La sauvegarde d’un territoire

Dans un premier temps, les ados d’aujourd’hui y voient l’occasion future de faire du shopping, de s’amuser et, argument ultime des promoteurs, la promesse de nombreux emplois pour les banlieusards. En menant leur enquête, ils vont vite s’apercevoir de la nocivité de ce projet démesuré qui va gâcher l’outil de travail des agriculteurs, la terre. Ces jeunes des cités rencontrent des paysans et des militants écolos, pour une fois unis par la même cause, la sauvegarde d’un territoire. Sami va conduire un tracteur, Jennyfer qui rêve de travailler dans la finance apprend qu’il existe un financement équitable, et Amina veut définitivement travailler dans le social.

Cette « Douce France » rassemble deux mondes qui jusqu’alors ne se fréquentaient pas, des urbains et des ruraux, des voisins qui s’ignoraient, vivaient les uns à côté des autres, sans contact. Et finalement tous mobilisés contre ce « projet inutile », symbole de la surconsommation, si inutile qu’il a été abandonné ou pour le moins suspendu depuis 2019. Ce documentaire suit ainsi la prise de conscience d’une poignée de lycéens, une jeunesse parfois leurrée par le mirage de la réussite pour tous. Amina, Sami, et Jennyfer découvrent une agriculture alternative, une ressourcerie, une Amap… et qu’une autre vie est possible. Le film de Geoffrey Couanon a ainsi les défauts et qualités de cette jeunesse, une part de naïveté, mais aussi une part intacte de révolte, et ce qu’il faut de légèreté et d’insouciance, parce qu’on n’est pas complètement sérieux quand on a 17 ans.

Patrick TARDIT

« Douce France », un documentaire de Geoffrey Couanon (sortie le 16 juin).

Lycéens à Villepinte, Amina, Sami, et Jennyfer vont découvrir une agriculture alternative, une ressourcerie, une Amap… et qu’une autre vie est possible.
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