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« Working woman », récit d’un harcèlement ordinaire

C’est une histoire si universelle que raconte la réalisatrice israélienne Michal Aviad, l’exploitation de la femme par l’homme.

Un schéma malheureusement si banal dans le monde de l’entreprise, un homme qui abuse de son pouvoir sur une femme subordonnée.
Un schéma malheureusement si banal dans le monde de l’entreprise, un homme qui abuse de son pouvoir sur une femme subordonnée.

Une femme au travail, c’est ce qu’est Orna, incarnée par Liron Ben Shlush, dans « Working woman », un film de la réalisatrice israélienne Michal Aviad (sortie le 17 avril). Une jeune mère de famille, toute heureuse d’avoir décroché un nouveau boulot auprès d’un « patron formidable », Benny (joué par Menashe Noy). Tandis que son mari (Oshri Cohen) vient d’ouvrir un restaurant, qui a du mal à démarrer, Orna se lance dans la promotion immobilière, un immeuble de 28 étages à vendre, une tour avec vue sur mer, à laquelle elle trouve même un nom accrocheur, Lily Beach.

Investie pleinement dans son boulot, Orna rentre tard le soir, répond encore aux appels téléphoniques de son boss, mène une vie professionnelle intense au détriment de sa famille évidemment. Ce cher Benny lui fait d’abord une première remarque sur ces cheveux lâchés qui lui vont si bien, lui conseille de mettre une jupe chic pour recevoir des clients, puis fait une tentative de baiser, rejetée, s’en excuse : « On tourne la page », décide-t-il.

Orna n’en dit rien, pas même à son mari, garde tout ça pour elle, mais modifie son comportement, ferme le dernier bouton de son chemisier, atténue son rouge à lèvres… Le couple a besoin d’argent, ce n’est pas le moment pour elle de lâcher ce job qui s’annonce lucratif ; Orna accepte donc un déplacement à Paris avec son boss, aller convaincre des clients juifs français d’acheter un appartement dans la fameuse tour. L’affaire conclue, Orna y est pour beaucoup, et donc ça s’arrose : dans sa chambre d’hôtel, ce cher Benny essaie de violer sa directrice des ventes.

De retour en Israël, elle se heurte à l’incompréhension de son mari à qui elle a raconté sa mésaventure ; alors qu’elle est victime, elle ressent la honte, la culpabilité, et subit les effets de l’agression jusque dans son couple, sa famille. « Working woman » raconte ainsi une histoire malheureusement universelle, qui pourrait se dérouler n’importe où ailleurs, la relation entre un employeur et une employée, un homme qui abuse de son pouvoir sur une femme subordonnée, un schéma malheureusement si classique, si banal, du harcèlement sexuel au travail, de l’exploitation de la femme par l’homme. Mais, au final, le film de Michal Aviad est aussi le récit de la détermination d’une femme agressée à faire reconnaître ses droits, son être, et sa liberté.

Patrick TARDIT

« Working woman », un film de Michal Aviad (sortie le 17 avril).

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