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Des atteintes à la liberté d’expression

Point-de-vue. Dans sa lettre hebdomadaire, Gérard Charollois revient sur cette loi inutile (car il en existe déjà une) sur les fausses nouvelles. Qui détient la vérité ? Qui dit les mensonges ?

Quel rôle joue la presse dans cette controverse ? Pixabay, CC BY-SA
Quel rôle joue la presse dans la formation de l’opinion publique ? Pixabay, CC BY-SA

Au temps de la guerre froide, de l’affrontement idéologique entre le « bloc communiste » et « le monde libre », l’Occident s’imposait la vertu. La liberté, brandie en flambeau attractif à la face des totalitaires, n’était pas un vain mot.
Avec l’absence d’alternative immédiate, avec la victoire totale d’un camp, point n’est besoin de s’encombrer d’alibis vertueux. L’Occident ne célèbre plus guère qu’une seule liberté : celle d’exploiter (ils disent d’entreprendre). La Chine et tous les autres furent d’excellents élèves qui, sur le terrain de la cupidité, de l’exploitation et de la compétition dépassent souvent le Maître.

Engrenage dangereux

La France, après des lois mémorielles, propose une loi contre les fausses nouvelles en périodes électorales. La mesure se pare, comme toujours, d’une apparence d’opportunité et d’impartialité. De tous temps, des rumeurs infondées, parfois absurdes, parcourent l’opinion publique, se répandent comme une infection dans le corps social.
Les ouvertures de l’expression offertes par Internet, réseau sur lequel le meilleur côtoie le pire, constitue un terreau propice au développement des mensonges, des impostures, des billevesées.
Faut-il interdire le mensonge ou, plus souvent encore, la sottise et la crédulité ? Non. Le législateur devait se garder de mettre un seul doigt dans cet engrenage dangereux.
Depuis la loi sur la presse du 29 juillet 1881, le fait d’imputer à une personne des faits faux de nature à porter atteinte à son honneur ou à sa considération, délit de diffamation ou d’injure publique, constitue un délit.
Il fallait en rester là.

Les faits et la raison

Bien sûr, des officines de propagande ou des sectes farfelues peuvent toucher des esprits paranoïdes prompts à adhérer aux thèses les plus invraisemblables et à abdiquer leur raison pour croire à des complots fantastiques. Les professionnels de la propagande savent que plus un bobard est gros, plus il a de chance d’atteindre sa cible et d’abuser ses victimes. Mais quelle importance ont ces crédulités ?
Que la terre soit plate, que ce monde ait été créé en six mille ans, que l’homme n’ait pas marché sur la lune le 20 juillet 1969, que tel leader soit homosexuel ou crypto-islamique, relèvent d’une simple naïveté qui n’a rien de délictuelle.
Contre le mensonge, les fables, les crédulités puériles et inintelligentes, il suffit d’opposer la vérité des faits et le fonctionnement de la raison.
Les sectes, les officines de propagande politique font des ravages parmi les naïfs et il est grave d’exploiter l’ignorance et la crédulité des esprits faibles. Il est plus grave encore d’instaurer des censures et une police de la pensée. Le pouvoir politique en place ne manque pas, lui aussi, d’exploiter les peurs, les crédulités et les frilosités pour se pérenniser.
L’Histoire, la science, la politique, les données morales se prouvent, se discutent, se démontrent et ne sauraient s’imposer par la force des lois et la sanction des tribunaux.

Une affaire personnelle

Qu’est-ce qu’une vérité qui craint ainsi la confrontation qu’elle doive s’abriter derrière la robe d’un procureur de la république et sous couvert d’une édiction judiciaire ! Une fois encore, l’Etat dit « libéral » se méfie du peuple et le confond avec une cour d’école où de petits enfants vulnérables appellent une protection contre la propagande russe, les réseaux d’extrême-droite, les délires des sectes, les contestataires des vérités révélées.
C’est de la confrontation des opinions que naît la lumière.
Si d’aucuns usent de fausses nouvelles, de mensonges et de pensées saugrenues pour asseoir leur influence, leur emprise sur les esprits et leurs petits intérêts financiers, il revient à d’autres de dire les faits, d’expliquer, d’argumenter sérieusement en se tenant à ce qui a lieu.
Le réel et les faits sont têtus. Ils gagnent toujours sur les hallucinations et les impostures. Quelle est l’utilité d’une loi nouvelle réprimant le mensonge lorsqu’il n’est pas diffamation, puisque la diffamation est déjà réprimée ?
Ce qui me sépare fondamentalement de ce législateur tient au fait que tout en connaissant la grande crédulité des humains qui les égare parfois, je fais confiance à l’intelligence et à la raison. Tant pis pour ceux qui en manquent.
Ils ont bien le droit de croire que la terre est plate et que le soleil en fait le tour, qu’après leur mort ils seront gratifiés de 66 vierges ou resteront assis pour l’éternité à un banquet à la droite du père ! Ils ont bien le droit de rêver et de fuir dans l’imaginaire et l’irrationnel, pour peu qu’ils fassent de leurs croyances une affaire strictement personnelle.

Mensonges et vérités

Il arrive même que leurs croyances burlesques les consolent d’une réalité si souvent tragique. Défendons la liberté au même titre que l’équité et la justice sociale.
Avec la nature massacrée, ces valeurs sont menacées par les dogmes des maîtres du système. Mensonge quand les hommes au pouvoir profèrent que « les pauvres coûtent un argent de dingue ». Vérité censurée quand on sait que les milliardaires, loin d’être des gens utiles à la collectivité, ne sont que de vulgaires spéculateurs sans scrupule, des parasites sociaux.
Mensonge officiel : « Les chasseurs sont des gestionnaires de la nature ». Vérité censurée : les chasseurs maltraitent la faune, compromettent la biodiversité, banalisent l’acte de tuer, dégradent moralement l’homme. Mensonge : « le pouvoir d’achat des ménages augmente ». Vérité : les patrons des grandes firmes augmentent leur pouvoir d’achat de 14% en une année et les salariés et retraités régressent. Mensonge : « La France possède une constitution démocratique stable et pérenne ».
Vérité : c’est une monarchie élective où le peuple abdique ses droits tous les cinq ans entre les mains d’un homme choisi préalablement par les financiers et les neuf propriétaires de 80% d’organes de presse.
Pourra-t-on l’expliquer en période électorale ?

Gérard CHAROLLOIS
CONVENTION VIE ET NATURE
UNE FORCE POUR LE VIVANT

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