Une comédie avec Jean-Pierre Bacri en organisateur de noces
Dans « Nos jours heureux », Eric Toledano et Olivier Nakache racontaient de l’intérieur l’univers des colonies de vacances, qu’ils connaissaient bien (c’est là qu’ils se sont rencontrés). Les réalisateurs, à qui l’on doit notamment « Intouchables » (le film événement aux presque 20 millions d’entrées), ont replongé dans leurs souvenirs de jeunesse pour écrire leur nouveau film, « Le sens de la fête » (sortie le 4 octobre). Du temps où ils faisaient des petits boulots dans les fêtes et mariages. « C’est une période lointaine, on était étudiants, et c’est remonté à la surface, on est repartis faire des soirées dans les coulisses », confiait Olivier Nakache, lors de la présentation du film en avant-première à l’UGC Ciné-Cité de Ludres, pendant Ciné-Cool.
« On a eu envie de s’occuper du mariage comme terrain de jeu, il fallait que ce soit réaliste, qu’on y croit, que ce soit comme dans la vie », ajoutait son compère. Ils sont donc partis à la pêche aux anecdotes, sur ce qui fait la plus belle journée d’un couple, qu’ils relatent à nouveau de l’intérieur, une journée de boulot comme les autres vue par ceux qui travaillent à ce que la fête soit belle.
« On s’adapte »
Nakache et Toledano ont écrit pour Jean-Pierre Bacri un rôle qui lui va comme un gant, celui de Max, grand organisateur de fêtes, noces, et banquets, depuis trente ans. Si en ouverture, un couple de futur jeunes mariés le trouvent « pas très inventif », notre Max va l’être pour les envoyer voir ailleurs, puis l’être encore lors d’un mariage voulu « sobre, chic et élégant » par le pénible jeune époux (Benjamin Lavernhe, de la Comédie-Française), mais qui sent fort la journée catastrophe.
Tout part en vrille dans le château loué pour l’occasion, décor unique de ce film où Max s’échine à tout récupérer, grâce à une devise imparable : « On s’adapte ». Pourtant, c’est le jour de son anniversaire, qu’il n’a pas vraiment envie de fêter, tellement il se sent vieux, usé, fatigué, exaspéré. Le petit patron est tout au bord de la crise de nerfs : l’orchestre est malade, la viande avariée, son beau-frère est un boulet, sa femme ne lui répond plus au téléphone, et sa maîtresse (Suzanne Clément) lui fait la gueule… Mais « on s’adapte ».
Une armée de bras cassés
D’autant qu’il n’est pas aidé par l’armée de bras cassés qui l’entoure, un casting hétéroclite ; « On a réuni des acteurs de tous les univers qu’on aime », disent les réalisateurs : Gilles Lellouche en chanteur frimeur, Jean-Paul Rouve en photographe ringard, Vincent Macaigne serveur dépressif, Hélène Vincent la mère du marié, Alban Ivanov en extra pas extra (oui, le loup, c’est un poisson), et Eye Haïdara l’assistante tchatcheuse… Mais « on s’adapte », pour les beaux yeux de la douce mariée (Judith Chemla).
« Quand on a écrit ce film, on a imaginé réunir des gens dans le rire », disent Nakache et Toledano, et ça marche. Ils ont « Le sens de la fête » et signent une comédie populaire et efficace, enchaînent des situations amusantes (embarquées par le joyeux jazz d’Avishai Cohen), jusqu’au feu d’artifice final, tout en restant bienveillants avec leurs personnages, malgré les défauts (parfois nombreux) des uns et des autres. Et puis, surtout, il y a Bacri/Max qui arrange tout : « On s’adapte », dit-il.
Patrick TARDIT
« Le sens de la fête », un film de Eric Toledano et Olivier Nakache (sortie le 4 octobre)