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Cisjordanie : l’abject projet israélien E1

Le projet E1 (East 1) est un plan israélien de construction de milliers de logements illégaux visant à construire une colonie juive dans une zone stratégique de la Cisjordanie occupée, à l’est de Jérusalem, près de la colonie existante de Maalé Adoumim. L’Europe et l’ONU dénoncent ce projet porté par l’extrême droite israélienne.

Check-point Cisjordanie (UnlimPhotos)
Check-point Cisjordanie (UnlimPhotos)

Le projet E1 couvre une zone de 12 km² annexée à la municipalité de Maalé Adoumim, à environ 10 km à l’est de Jérusalem. Il prévoit la construction de 3 412 à 3 753 logements pour les colons israéliens. La construction créerait une continuité territoriale entre les colonies juives du centre de la Cisjordanie et Jérusalem, reliant Maalé Adoumim à Jérusalem-Est. Cela couperait la Cisjordanie en deux (nord et sud), fragmentant le territoire palestinien. Ce projet rendrait presque impossible la création d’un État palestinien viable avec une continuité territoriale, en isolant Ramallah, Jérusalem-Est et Bethléem, où vivent environ un million de Palestiniens. Il est perçu comme un obstacle majeur à la solution à deux États.

Contexte historique

Le projet E1 a été conçu dans les années 1990, mais il a été gelé à plusieurs reprises sous la pression internationale, notamment des États-Unis et de l’Europe, en raison de son caractère illégal au regard du droit international. Il a été relancé en 2012 par Benjamin Netanyahou, puis à nouveau gelé en 2021 et 2023.
En août 2025, le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, figure de l’extrême droite nationaliste, a poussé pour accélérer le projet, le présentant comme une réponse aux initiatives internationales (notamment de la France, du Royaume-Uni, du Canada) visant à reconnaître un État palestinien lors de l’Assemblée générale de l’ONU en septembre 2025. Le plan a été approuvé le 20 août 2025 par le Conseil supérieur de planification de l’administration civile israélienne.

Réactions

  • La communauté internationale, y compris l’ONU, l’Union européenne, et des pays comme la France, considère les colonies israéliennes en Cisjordanie, y compris E1, comme illégales au regard du droit international, car elles violent les Conventions de Genève. Israël conteste cette interprétation, affirmant que la Cisjordanie (qu’il appelle « Judée-Samarie ») fait partie de son territoire historique.
  • L’autorité palestinienne condamne fermement le projet, le qualifiant de « continuation des plans d’occupation » et d’atteinte à la possibilité d’un État palestinien.
  • L’ONU : Antonio Guterres a averti que le projet E1 « mettrait fin aux perspectives d’une solution à deux États » en coupant la Cisjordanie en deux.
  • L’Union européenne : Kaja Kallas, cheffe de la diplomatie européenne, a dénoncé une violation du droit international. La France a appelé Israël à abandonner le projet, menaçant de sanctions.
  • Les ONG israéliennes : Des organisations comme Peace Now et Breaking the Silence ont critiqué le projet, le qualifiant de « mortel » pour la paix et accusant le gouvernement d’encourager un « apartheid » en fragmentant davantage le territoire palestinien.
  • Soutiens israéliens : Smotrich et d’autres figures d’extrême droite, soutenus par certains responsables comme le maire de Maalé Adoumim, vantent le projet comme une « réalisation historique » pour renforcer le contrôle israélien sur la Cisjordanie. Smotrich a également revendiqué le soutien de Donald Trump et de l’ambassadeur américain Mike Huckabee, bien que cela n’ait pas été confirmé officiellement.

Conséquences potentielles

Le projet E1, en reliant Maalé Adoumim à Jérusalem, créerait une barrière physique entre le nord et le sud de la Cisjordanie, rendant les déplacements palestiniens plus difficiles et isolant les communautés palestiniennes. L’expansion des colonies, y compris E1, est associée à une augmentation de la violence des colons contre les Palestiniens et à des restrictions accrues (routes séparées, checkpoints), exacerbant les tensions. Depuis octobre 2023, l’ONU a recensé des centaines d’attaques de colons en Cisjordanie.
Ce projet aura des conséquences. Les colonies, y compris E1, s’appuient sur l’appropriation de terres et de ressources palestiniennes (eau, terres agricoles), ce qui limite l’accès des Palestiniens à ces ressources et renforce les inégalités.

Un plan stratégique

Le 20 août 2025, le projet a été approuvé, avec des travaux d’infrastructure potentiellement prévus dans les mois à venir et la construction des logements dans environ un an, selon Peace Now. Malgré l’approbation, des organisations comme Peace Now, Ir Amim et l’Association for Environmental Justice continuent de s’opposer au projet, soulignant son impact dévastateur. Des pressions internationales, notamment européennes, pourraient encore influencer son avancement.
Au final, le projet E1 est un plan stratégique pour renforcer la présence israélienne en Cisjordanie, mais il est largement critiqué pour son illégalité et son impact sur les perspectives de paix. Il reflète les tensions entre les ambitions nationalistes israéliennes et les aspirations palestiniennes à un État indépendant.

 

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