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Corruption et désertions massives minent l’Ukraine

- 11:00

Emblème de la coopération militaire franco-ukrainienne, la 155e brigade mécanisée fait l’objet d’une enquête pour corruption après des mois de scandales. Plus de 1 200 soldats auraient déserté leurs rangs.

Ukraine en guerre ; des armes venues de tous les pays (Flickr)
Ukraine en guerre ; des armes venues de tous les pays (Flickr)

La brigade ukrainienne « Anne de Kiev », symbole de l’alliance militaire entre Paris et Kiev, traverse une crise majeure. Formée et équipée par la France en 2024, cette unité d’élite destinée à combattre l’invasion russe accumule les scandales depuis son déploiement sur le front.

Une enquête pour corruption au plus haut niveau

L’état-major ukrainien a ouvert une enquête officielle après l’arrestation de plusieurs officiers supérieurs pour corruption. Le lieutenant-colonel Shumsky, arrêté début mai dans la région de Donetsk, est accusé d’avoir extorqué plus de 21 000 euros de pots-de-vin à ses propres soldats en échange du versement de primes liées à leur engagement au front.

Selon les enquêteurs du Bureau d’État d’Investigation (SBI), ce système de corruption était organisé et généralisé. Un autre officier, le colonel Tarass Maksimov, commandant de la brigade, fait également l’objet d’accusations pour paiements fictifs et extorsion d’argent auprès de ses troupes.

« Personne n’est intouchable », a déclaré le commandant des forces terrestres Mykhaïlo Drapaty, annonçant une inspection supplémentaire des faits révélés par la presse ukrainienne.

Un taux de désertion alarmant

Au-delà de la corruption, la brigade fait face à une hémorragie de ses effectifs. Selon le média ukrainien Ukrainska Pravda, quelque 1 200 soldats auraient abandonné leur poste, soit près du quart des effectifs totaux de l’unité qui compte moins de 5 000 hommes.

Ces désertions avaient déjà commencé pendant la formation en France, où 55 soldats avaient quitté leurs rangs, selon le ministre français des Armées Sébastien Lecornu. Le commandant original de la brigade, Dmytro Ryumshin, a été démis de ses fonctions en décembre et placé en détention.

Un équipement insuffisant pointé du doigt

Les critiques portent également sur les défaillances logistiques. Le journaliste ukrainien Iouri Boutoussov, ancien conseiller du ministère de la Défense, dénonce un « chaos organisationnel complet ». Il accuse l’état-major d’avoir envoyé des soldats mal équipés au front, notamment sans drones ni matériel de brouillage électronique, outils devenus essentiels dans ce conflit.

Cette situation aurait causé « des pertes importantes dès les premiers jours » de déploiement, selon Boutoussov, qui évoque une « attitude criminelle envers la vie des soldats ».

Un symbole de coopération terni

La brigade « Anne de Kiev », nommée en hommage à la reine des Francs d’origine ukrainienne, devait incarner l’excellence de la coopération militaire franco-ukrainienne. Environ 2 300 de ses soldats ont été formés en France et équipés de matériel français : véhicules blindés VAB, chars AMX-10, canons Caesar, missiles antiaériens et antichar.

Emmanuel Macron avait personnellement rendu visite aux soldats pendant leur entraînement au camp de Mourmelon en octobre dernier, soulignant l’importance stratégique de cette unité célébrée conjointement par les présidents français et ukrainien.

Ces révélations ternissent l’image d’une brigade présentée comme un modèle de formation militaire occidentale et soulèvent des questions sur l’efficacité de l’aide militaire européenne à l’Ukraine.

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